Un retour de prêt et un attaquant venant tous deux de Belgique, un départ dans ce même pays  : c'est ainsi que les différents concernés (Limbombe, Emond, Kayembe...) résument le mercato hivernal du FC Nantes. Et pour cause, le FC Nantes est désormais armé comme il peut pour la seconde partie de saison qui a déjà démarré. En quête d'une place européenne, il faudra cependant vérifier si les apports de ces joueurs seront ou non de véritables atouts...

Les Canaris avaient tout d'abord fait revenir de prêt Anthony Limbombe. Blessé et en manque de temps de jeu au Standard, le joueur devenu le plus cher investissement du club depuis sa création (environ 10 millions d'euros) est donc de retour sur les bords de l'Erdre. Auteur d'une bonne rentrée contre Lyon en Coupe de France, avec notamment une passe décisive pour Moses Simon pour le troisième but nantais, il revient avec de nouvelles intentions et espère bien s'imposer pour de bon sous le maillot jaune et vert.

Son coéquipier pendant ses six mois en Belgique, Renaud Emond (dont vous pouvez retrouver la présentation sur notre site internet), a posé ses valises quelques jours après son retour en France. Désireux de découvrir la Ligue 1, après des derniers mois plutôt prolifiques sous le maillot rouge, il espère bien, à 28 ans, démontrer toutes ses qualités dans un championnat plus médiatisé, et passer devant un Coulibaly de moins en moins en réussite balle au pied. Cependant, son profil de renard des surfaces a montré, notamment face à Bordeaux, que sans ballon donné dans de bonnes conditions, il sera difficile d'apercevoir le phénix belge.

Sur leur route pour rejoindre la France, les deux joueurs précédemment cités ont croisé Joris Kayembe. Ce dernier est allé se refaire une santé du côté de Charleroi. Membre discret de l'échange dans le deal qui l'incluait aux côtés d'Awaziem pour satisfaire le départ de Sergio Conceiçao il y a de cela deux étés, le jeune ailier droit s'était gravement blessé au niveau des ligaments croisés avant de revenir quelques mois plus tard. Prometteur, dans la lignée des joueurs sur lesquels Porto misait beaucoup, il n'avait pas tardé à faire une rechute peu de temps après son retour. Depuis, de longs mois de soins n'ont pas suffi pour lui permettre de retrouver le chemin du monde professionnel. Malgré des apparitions en réserve et aux entraînements des pros, le jeune Kayembe n'endossera plus le maillot jaune et vert...

Mogi Bayat, l'homme de l'ombre mis en lumière...

 

L'artisan de tous ces transferts n'est autre que Mogi Bayat. L'agent belge au passé juridique douteux ne se cache plus d'être un grand artisan des échanges opérés par la direction du FC Nantes, qui travaille énormément avec des agents dans le cadre des mercatos où les contacts noués perdurent jusqu'aux prochains exercices (McKay...). Présent en tribunes contre Saint-Etienne, dans un match pourtant à huis-clos, il a pu notamment assister aux premières minutes du joueur qu'il a fait venir cet hiver, Renaud Emond.

Cependant, ses actions ne datent pas d'hier. Cela a commencé en 2016. Pourtant indiscutable du côté d'Anderlecht, le milieu de terrain belge Guillaume Gillet, aujourd'hui à Lens, avait renforcé les rangs du FC Nantes ainsi que son milieu de terrain. La première transaction à l'arrière-goût Mogi Bayat venait donc d'intervenir. Mais du côté de la Belgique, son influence grandit. Désormais, ce ne sont plus seulement ses protégés que Bayat tente de placer, il devient omniprésent dans plusieurs transferts. Si bien que des clubs comme Watford ou encore l'Udinese lui accordent sa confiance sur plusieurs dossiers, alors qu'en Belgique, Anderlecht ou encore Charleroi, et désormais de plus en plus le Standard, profitent de son réseau. 

Malgré un départ de Gillet vécu difficilement par la famille Kita, l'agent d'origine iranienne reste proche de la direction. A-t-il senti une place manquante pouvant lui être destinée dans un club sans directeur sportif ? C'est la question que nous pouvons nous poser, quand nous voyons ce qu'un agent français déclarait en 2017 à 20 Minutes Nantes : « il est top classe, c’est le Mendes du futur, il a des capacités intellectuelles hors-normes. ». Un grand esprit qui lui permet aujourd'hui de toucher probablement un petit pactole sur les transactions qu'il réalise sur les bords de l'Erdre.

Ce réseau implique également son petit frère, Mehdi Bayat, aujourd'hui président de la fédération de football belge depuis juin 2019 et le principal gérant de Charleroi, où la famille Bayat a longtemps été la pièce maîtresse. Leur oncle, Abbas Bayat, alors président du club, avait fait venir Mogi en tant que directeur général en 2003, avant que ce dernier ne devienne agent de joueur après son départ en 2010. 

Ingénieux homme d'affaire, aujourd'hui le plus influent en Belgique concernant le football du plat pays, ses actions commencent petit à petit à s'ébruiter. Ce qui ne l'empêche pas, à l'été 2017, de participer à plusieurs transactions au FC Nantes, comme par exemple l'arrivée de Kalifa Coulibaly (pour 4 millions d'euros) qui ne peut être qualifiée de réussite sportive pour l'instant. Il est presque devenu évident que Mogi Bayat ne se comporte pas en simple agent de joueur, et le dossier de la chaîne de télévision belge RTBF avait soulevé cette question en 2018  : "il n’est pas un agent normal. Il n’a pas un portefeuille de joueurs comme les autres. Lui, il facilite les deals. Il intervient dans les situations désespérées et règle les choses en empochant une commission plus faible que ses confrères."

Des mots qui peuvent faire peur, alors que ses entrées à Nantes grandissent en nombre, et que ses relations avec la famille Pozzo, propriétaire des clubs de Watford et de l'Udinese, gagnent en importance. Sa visibilité témoigne de l'agent atypique que Mogi Bayat est devenu. Une image associée à un homme qui sait également remplir ses poches, comme en témoigne sa société belge Creative et Management Group puisqu'il se verse la même année un dividende de 7,8 millions d'euros qui seraient notamment liés aux transactions auxquelles il a participé. Surnommé "l'araignée du football", la justice commence également à porter son regard sur ses transferts d'argent. 

Ce n'est plus réellement un secret en Belgique puisque l'agent iranien travaille de plus en plus avec des clubs malgré un portefeuille classique de joueurs dont il dispose. En contact avec ces écuries qui lui adressent des demandes à des postes (un milieu défensif, un gardien...), Mogi Bayat leur donne alors des noms à moindre coût, le club en question n'ayant plus qu'à piocher. L'araignée commence alors à tisser sa toile. Ses méthodes s'affirment, et l'homme intrigue. "Moi, il me fascine", nous avoue Sacha Tavioleri, correspondant à RMC et suiveur inconditionnel du football belge. "Il rend son mode de travail très addictif. Parfois, politiquement, on ne peut pas ne pas travailler avec Mogi, c'est un fait, notamment avec ses "opérations levier" qui consistent à retirer quelques épines du pied d'un club. Ce qui est sûr, c'est qu'il arrive toujours à contourner légalement la loi...".

Un premier dossier pose alors question, celui de Obbi Oulare. En été 2018, le joueur qui appartient à Watford s'apprête à signer son contrat avec le Standard. A l'époque, Michel Preud'Homme est alors l'entraîneur. Que ce soit le club anglais ou le dernier cité, les liens avec Mogi Bayat sont étroits et pourtant, celui-ci n'est ni l'agent du joueur, qui n'est autre que Peter Verplancke du bureau de gestion Eleven Management, ni celui qui devait servir d'intermédiaire. Le média L'Echo, à travers une étude, nous confirme que jusqu'au moment où le joueur était censé signer son contrat, Mogi Bayat n'était pas aux commandes du deal, ni même dans la pièce. Et pourtant, il fut présent lors de la photo de signature du contrat, mais découpé par Lichtenstein, collègue de Peter Verplancke, lorsqu'il publia la photo en félicitant le joueur et remerciant son ami et qui ne voyait visiblement pas d'un bon œil la présence de l'homme de 45 ans. Finalement, Oulare a fait partie des 29 transferts entrants en Belgique que Mogi Bayat a réalisés l'été 2018.

Oui mais voilà, cette affaire arrive le même été que le transfert d'Anthony Limbombe au FC Nantes, alors qu'un peu plus tôt dans la même période, il décide de permettre à Mbodji en difficulté à Anderlecht de se relancer du côté la maison jaune. Souvenez-vous, en 2018, alors que les médias locaux affirment qu'un joueur s'apprête à devenir la recrue la plus chère de l'histoire de l'octuple champion de France, la transaction finit par traîner, et nous y apprenons que de multiples intermédiaires s'affairent autour du transfert. Ce qui questionne les observateurs, c'est également son transfert avorté en Angleterre quelques semaines plus tôt. En effet, le joueur s'apprêtait à signer pour Huddersfield contre 15 millions d'euros, il avait d'ailleurs mandaté deux agents pour cela. Puis quelques temps plus tard, il signe à Nantes pour 5 millions d'euros de moins : "le père de Limbombe demandait un million d'euros au club anglais. Cela était inconcevable de verser cette somme supplémentaire au transfert. C'est probablement pour cela qu'il a rejoint Nantes, Bayat lui a certainement permis de récolter cet argent en rejoignant les canaris..." nous informe Sacha. Si ses qualités de footballeur ne sont pas remises en cause, étant impressionnant en Belgique avant son départ, son transfert interroge, d'autant plus que son non-transfert en Angleterre aurait pour cause la situation trop complexe autour du joueur. Un des représentants de l'agence Base Soccer, Essikal, s'était alors exprimé quelques jours après dans le journal l'Equipe : "le joueur s'est fait manger le cerveau par Mogi Bayat, qui l'a mis dans l'un des seuls clubs où il était sûr de pouvoir l'amener : Nantes. Il y a eu plusieurs dégâts collatéraux dans cette affaire. Le premier spolié, c'est Bruges, qui aurait pu bénéficier d'un montant de transfert plus important (environ 15 M€) avec le club anglais." Le club belge avait pourtant, avant ce transfert, essayé de couper tout contact avec l'agent proche de la famille Kita, dont la réputation émerge et se renforce de plus en plus en Belgique, mais il avait réussi à s'immiscer dans une des transactions les plus importantes de l'écurie de Bruges. Au final, Limbombe avait ensuite réalisé une saison plus que moyenne sur les bords de l'Erdre, souvent la tête basse pendant ses matchs, comme un sentiment de dépit d'avoir posé ses affaires en France...

Il ne s'appelle pas Edward aux mains d'argent, et n'est pas l'homme qui savait parler aux animaux, cependant Mogi Bayat a des méthodes bien à lui qui lui permettent aujourd'hui d'être un homme et un agent à part. Si bien qu'une phrase revient souvent de l'autre côté de la frontière : "si vous êtes sans espoir, vous pouvez toujours essayer Bayat...". D'abord évoqué comme le génie qui a réussi à faire venir une des perles de la Jupiler League, considérée pourtant comme invendable, au FC Nantes à moindre coût et ce malgré une probable belle prime des dirigeants nantais, quelques mois plus tard, le 5 novembre 2018 exactement, le génie se terra dans sa lampe quand Limbombe fut placé en garde à vue à Nantes. Accusations ? Une prime de 3 millions d'euros négociée à la signature au bénéfice du joueur, selon le journal L'équipe. Ce n'est pas tant le montant de la somme qui pose problème mais plutôt le versement de celle-ci. En France, la commission attribuée aux agents ne doit pas excéder les 10 %. La justice pensait à ce moment précis que Limbombe aurait secrètement récupéré la moitié de la somme et l'aurait alors donnée confidentiellement à Mogi Bayat. Waldemar Kita avait alors nié ce versement, alors que l'enquête est toujours d'actualité. Et ce n'est pas la seule. En effet, Fabien Camus, anciennement dans l'écurie Bayat puis son "padawan" pendant un temps, avait été accusé d'avoir touché illégalement, avec Mogi Bayat,  une prime de 600 000 euros chacun dans ce transfert. Si Camus se défendait en se disant s'être fait dépasser par Bayat et n'avoir reçu aucun centime, l'avocat de ce dernier avait convaincu les autorités qu'il disposait de SMS prouvant le contraire. Le résultat est tel que les deux hommes se sont retrouvés derrière les barreaux en février 2019 tandis que les comptes de Mogi furent gelés.

Un mois auparavant, le 9 octobre 2018, l'agent influent avait été également arrêté. La raison ? Une enquête qui perdure depuis de longs mois sur des fraudes sur les commissions liées à des transferts et salaires de joueur ainsi que sur des matches truqués en Jupiler League. Au même moment, la direction du FC Nantes se déclarait alors surprise par ces accusations, et précisait que tous les transferts réalisés en lien avec Bayat étaient en règle.  La RTBF nous donnait, en mars dernier, le résultat de perquisitions réalisées à son domicile dans le cadre de cette enquête : "dans les chambres de la maison de la villa de 50 mètres de long, les enquêteurs ont découvert deux femmes de nationalité roumaine, employées non déclarées. Dans divers recoins de l'habitation d'une cinquantaine de pièces, les policiers ont aussi relevé des centaines de boîtes de montre de luxe, la plupart vides, des factures d'un bijoutier bruxellois, le sac à main de l'épouse de M. Bayat contenant 7.500 euros en cash et sept voitures de luxe entre autres."

Cependant, dans les coulisses du football belge, les règles, c'est Mogi qui les fixe. Un proche de l'homme d'affaire avait été contacté en février 2019 par le média En Lucarne et s'était exprimé sur ses méthodes : "si un club veut vendre un joueur qu’il n’arrive pas à vendre, Mogi s’en occupe avec son réseau à l’étranger ou en Belgique. Tout le monde est gagnant : le club qui vend, le joueur et l’agent. Les seuls perdants sont souvent les clubs qui achètent. Le système Bayat repose sur le fait de rendre des services en contrepartie d’un service, à rendre plus tard. Nantes est apparemment un de ses points de chute pour tous ses joueurs ayant des difficultés à trouver un club. Gillet s’y est retrouvé par choix, par contre pour El Ghanassy, Limbombe, Coulibaly ou Kara, ce sont clairement des solutions bis. Je pense plutôt qu’il a dû aider Kita à se débarrasser de certains joueurs à une époque et que le président nantais lui est redevable. En même temps, quand on voit que pour Coulibaly, son dirigeant à l'époque lui avait demandé de le vendre le plus cher possible, Bayat a fait le reste : 4 millions d'euros, c'est du vol ! Mais sa faculté à vendre cher des joueurs moyens...". Se débarrasser de certains joueurs ? Une caractéristique qui peut nous laisser penser tout d'abord à Joris Kayembe. Comme évoqué précédemment, le joueur offensif belge arrivé en provenance de Porto n'a pas réussi  à s'imposer au club, et devenait un poids que la direction nantaise a réussi à se retirer par l'aide de l'agent franco-iranien. D'autres noms peuvent aussi nous revenir en tête, comme par exemple El Ghanassy qui a causé plus de problèmes extra-sportifs que de réussites sur le carré vert, en témoigne son passage très peu convaincant en Arabie Saoudite. Nantais "grâce" à l'ancien directeur général de Charleroi, il ne l'est plus également grâce à lui. 

Si la justice commence à se pencher sérieusement sur les affaires qu'il mène, Mogi Bayat ne cesse de gagner en influence, en Belgique ou ailleurs. Et si son poids à l'international n'est que très léger, son nom dans le milieu résonne mais ne rayonne pas toujours. Incontournable, c'est probablement l'adjectif le plus adéquat pour le qualifier aujourd'hui, tout comme sa position à Nantes. Il n'est pas fin connaisseur de football, regarde probablement plus son portable que les matchs quand il assiste la famille Kita dans les tribunes, mais son côté business est le résultat de sa "réussite" et continuera à l'être. Voit-il et a-t-il vu le FC Nantes comme une proie facile, où il peut générer de l'argent comme il l'a toujours fait ? Difficile d'être dans sa tête. "Il s'entend très bien avec le président et son fils. Il est là pour s'asseoir dans un club. La seule chose qui fait disparaître Mogi, c'est quand il y a un changement de propriétaire dans un club. À Nantes, il a un pouvoir que je trouve relativement impressionnant." poursuit également Sacha. L'été 2019 a en tout cas confirmé la règle. Déjà proche du vestiaire un an plus tôt, comme un rôdeur dans l'ombre que personne ne mentionnait, il a participé à plus de la moitié des transferts du dernier mercato estival nantais. Servant de redoutable intermédiaire, que ce soit pour Alban Lafont, Marcus Coco, ou encore Ludovic Blas et Dennis Appiah, le même visage apparaissait dans les transactions. Difficile de savoir aujourd'hui à quel degré il y a participé. Si son rôle devient plus qu'ambigu du côté du FCN, prenant quasiment une place à un poste qui laisse un vide depuis de nombreuses années, il est plus compliqué de rester dans l'ombre pour le natif de Téhéran depuis plusieurs mois maintenant. Les supporters déploient déjà des banderoles à sa renommée, comme ce fut le cas face à Lyon en Coupe de France pour la première titularisation de Renaud Emond ("Un agent de joueur quasiment directeur sportif ça ne choque personne ?"), et avait également eu le droit à une remarque début 2019 lors du match contre Bordeaux à domicile (1-0) en tribune Loire : "de Bayat à McKay au FC Kita on choisit la qualité". 

Finalement, non. Cela n'étonne plus grand monde, et si vous aviez déployé la banderole en Belgique, les différents observateurs se seraient sûrement moqués en expliquant que c'est juste la magie de Mogi et qu'il faudra probablement s'y habituer. C'est d'ailleurs ce que nous explique exclusivement Guillaume Gautier, rédacteur pour le média Sport Foot Magazine en Belgique, quand il nous parle de l'homme d'affaire franco-iranien : "Bayat n'est pas très bien perçu en Belgique. C'est l'incarnation d'un agent qui fait des affaires pour lui. Il a cependant une bonne image au niveau des clubs qui continuent à travailler avec lui malgré les histoires avec la justice, et ses quelques mois de prison, mais que comme il n'a pas été condamné, les clubs disent qu'il n'y a aucune raison de ne plus travailler avec lui. Il a bien tissé sa toile, et a ses entrées dans la plupart des gros clubs du pays, il est très difficile à faire sortir une fois qu'il est entré. Bayat est aussi très fort pour faire des deals de dernière minute ou décoincer un dossier." Son statut d'agent est fortement remis en cause comme vu précédemment, et il nous le confirme : "quand on parle de Mogi, ce n'est pas spécialement comme un agent de joueur mais comme un deal maker. Portefeuille de joueurs pas énorme,  il n'a qu'une dizaine de joueurs en Belgique. Il travaille régulièrement comme intermédiaire entre un joueur et un club ou entre deux clubs. Il reçoit des mandats en fonction de son importance dans certaines de ces écuries. Il ne s'inquiète pas nécessairement de comment va son joueur au quotidien, mais il est plutôt du genre à sortir un gars ou un club d'une mauvaise situation assez vite. Souvent les clubs lui sont redevables, surtout quand il arrive à leur faire vendre un joueur plutôt moyen, ce qui était sa grande force quand il était notamment très impliqué à Anderlecht : il faisait sortir des joueurs au niveau limité contre de belles sommes d'argent". Guillaume décide d'ailleurs de s'attarder justement sur le cas d'Anderlecht, mais pas seulement : "le Manager d'Anderlecht travaillait d'ailleurs beaucoup avec lui et disait souvent que si un nouvel agent voulait travailler avec eux, il fallait faire plus fort que Mogi. Tout comme pour lui ramener un joueur dans une situation d'urgence, quand il manquait par exemple un défenseur central et qu'il fallait faire un deal en très peu de temps. Les dérives de tout ça c'est que finalement, on est arrivé dans une situation où dans certains clubs, il arrivait que, comme ça a l'air d'être le cas à Nantes, Bayat devienne un peu le directeur sportif officieux. Il y a eu ça notamment à Gant où il a eu une grande partie du vestiaire. Au Standard, il a ramené Michel Preud'homme et est très intégré là-bas également. A Charleroi, son frère est administrateur délégué du club. Ce sont certains clubs très importants du pays dans lequel il est très impliqué, et à côté de cela, comme Bruges ou Genk qui ne lui ont pas laissé autant d'entrées que les autres clubs cités avant mais qui n'hésitent pas à travailler avec lui quand c'est nécessaire. Il a été invité quelques mois après sa sortie de prison à Zulte Waregem, pour donner une conférence à de jeunes entrepreneurs.

C'est donc pour la simple raison que Mogi Bayat travaillerait mieux et plus vite que les autres, que les clubs avec lesquels il travaille ne pourraient pas se passer de ses services, au point d'en oublier les affaires judiciaires qui tournent autour de l'homme d'affaire. Aujourd'hui, son influence sur le marché belge est donc énorme, si bien qu'il a été surnommé le "Mogipoly". Thomas Bricmont, rédacteur de l'article de la RTBF évoqué plus haut, a accepté de parler de ses enquêtes sur ce monopole exercé par Bayat : "pour moi, c'est le cancer du football belge. Quand il s'agit de travailler, c'est toujours lui en priorité. Les autres ne comptent pas beaucoup. De plus, son réseau est très minime. J'avais rédigé plusieurs articles pour éclairer les supporters notamment sur ses méthodes et sur le personnage, les fans du Standard avaient d'ailleurs déployé une banderole "Bayat not welcome" en mai dernier après la publication d'un de ceux-ci. Avec Bayat, on se connaît bien, et on se déteste tout autant après les enquêtes menées à son égard. Il a tellement d'influence dans certains clubs belges, et de plus en plus au Standard, d'ailleurs Olivier Renard qui était directeur du recrutement a quitté le club récemment pour des tensions avec Mogi Bayat qui s'immisce de plus en plus dans le mercato du club belge." Il faut donc accepter de travailler avec Mogi. Il y a peu, la direction nantaise demandait à certains jeunes, de prendre comme conseiller l'agent franco-iranien, ce qu'ils ont longtemps refusé, les mettant de côté un temps vis-à-vis des pros. Ce fut aussi le cas pour des joueurs qui auraient pu rejoindre le club : "deux ou trois pistes pour un latéral ont échoué cet hiver car ils ne souhaitaient pas bosser avec Bayat" nous dévoile-t-on en interne. Parmi elles, un certain Mehdi Zeffane comme souligné par L'équipe le 31 janvier dernier. "Il ne connait pas grand-chose au football, mais il a gagné dix ans sur bon nombre d'agents quand il a exercé son poste de directeur général à Charleroi" continue Thomas. "Il organisait des repas, notamment lorsqu'il recevait les adversaires, il savait d'ailleurs qui rincer à l'époque...". 

Si cet hiver, la patte Bayat s'est une nouvelle fois fait ressentir, elle sera probablement plus conséquente dans les saisons à venir si la famille Kita conserve leurs biens, et ce n'est pas Sacha Tavioleri qui va nous contredire : "quand tu travailles une fois avec Mogi, il est très difficile de ne pas continuer. Si à court terme, cela peut s'avérer efficace, à long terme, la situation peut devenir catastrophique, il suffit de regarder ce que devient le Standard...".