Yacine Guesmia : "Nantes jouera les premiers rôles"

LMJ - Votre équipe a quasiment gagné tous ses matchs, seul Rodez a réussi à vous tenir en échec à domicile (1-1). Comment jugez-vous le début de championnat de vos joueuses ?
YG - Notre début de saison est positif au niveau comptable, mais nous devons encore progresser dans le contenu des matchs.

LMJ - Êtes-vous surpris de cette première place au quart du championnat ?
YG - Non, je ne suis pas surpris, nous sommes dans la continuité de ce qu'on a fait la saison dernière (NDLR : 5èmes avec 36 points sur 66 possibles), tout en ayant amélioré notre effectif.

LMJ - Quel est l'objectif fixé cette saison ?
YG - L'objectif est de pérenniser le club au niveau national, nous prenons match par match sans nous mettre de pression particulière.

LMJ - Votre prochain adversaire, le FC Nantes, a démarré le championnat tambour battant avant de stagner en octobre avec deux défaites face à Montauban et La Roche-sur-Yon. Comment appréhendez-vous ce match ?
YG - Nous nous attendons à un match compliqué, c'est une équipe qui jouera les premiers rôles, avec des joueuses d'expérience.

LMJ - Y a t-il des joueuses que vous craignez plus que d'autres ?
YG - Nous respectons tout le monde mais nous ne craignons personne.

LMJ - Le FC Nantes a créé sa section féminine en 2014. Aujourd'hui, elle est chapeautée par Tanguy Fétiveau et Nicolas Delépine, actuels entraîneur et adjoint de l'équipe première. Quel regard portez-vous sur la section féminine nantaise en général et la volonté d'intégrer l'élite d'ici deux saisons ?
YG - L'accession en D1F pour le FC Nantes sera une suite logique, il y a les moyens humains, financiers et matériels pour faire progresser la section féminine. C'est une bonne chose évidemment, car je ne peux que souhaiter le renforcement des équipes et du football féminin.

LMJ - Quel serait le portrait robot d'une équipe promue en D1 en fin de saison ? Comme la D2 masculine, la défense est-elle la plus grande condition avant même une attaque prolifique ?
YG - L'équipe qui accèdera à l'échelon supérieur sera la plus régulière sur l'ensemble de la saison. Je pense que l'attaque et la défense sont liées. Plus mon équipe a le ballon et plus j'ai d'opportunités de marquer et, a fortiori, l'adversaire en a moins pour attaquer.

LMJ - Depuis 2016, vous entraînez l'équipe d'Issy-les-Moulineaux. Pourquoi avez-vous choisi d'entraîner une équipe féminine ?
YG - J'ai eu cette opportunité en 2016 quand Michael Collat (directeur technique) m'a contacté et proposé son projet. L'objectif était de remonter au niveau national. Après 10 ans chez les garçons, j'avais besoin de découvrir autre chose, dans le but de progresser et m'épanouir dans mon métier. Il faut sans cesse se fixer des objectifs, sortir de sa zone de confort et être meilleur chaque jour.

LMJ - Quelles évolutions majeures faudrait-il apporter pour que le football féminin français avance rapidement et ne se fasse pas dépasser par l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie qui semblent passer la vitesse supérieure ?
YG - Le football féminin français évolue positivement depuis quelques années, il faut continuer dans ce sens-là. Il faut accompagner les clubs pour les aider à se structurer par le bas, en mettant un point d'honneur à faire progresser les catégories jeunes sur tous les aspects. La formation est primordiale pour une évolution vertueuse.

 

Margot Dumont : "La D2 féminine a vraiment progressé"

LMJ - En 2017, vous êtes recrutée par le club d'Issy-les-Moulineaux. Pourquoi avoir voulu intégrer un club de D2 et pourquoi celui-là en particulier ?
MD - En fait, c'était un retour pour moi dans ce club. J'y avais déjà évolué de 2012 à 2015, disputant notamment une saison en D1 à cette époque, avant notre descente en D2. J'avais ensuite rejoint le CA Paris, puis j'ai fait une année de break avant de revenir à Issy. J'ai vraiment bien accroché avec le coach et le groupe, j'avais envie de retenter l'aventure du haut niveau malgré un planning chargé avec beIN SPORTS. C'était rude, intense mais génial. J'étais très rarement à disposition du coach le week-end en raison de mon activité avec beIN (sur les terrains de L1) mais j'ai adoré les entraînements (4 par semaine) et notre parcours en Coupe de France.

LMJ - Comment décririez-vous le travail réalisé par votre ancien coach, Yacine Guesmia ? Est-il plutôt tourné vers l'attaque ou la défense ?
MD - Yacine est un coach très proche de ses joueuses dans le bon sens du terme. On peut parler de tout avec lui, on peut se chambrer, rire, mais il sait aussi être sérieux et nous remettre en place. Il est très apprécié des joueuses. Ses entraînements sont top, que du jeu avec ballon et des jeux très variés. Il est plutôt tourné vers l'attaque, je dirais, mais disons que sa priorité est d'avoir une équipe équilibrée et un état d'esprit.

LMJ - Vous avez pu faire quelques matchs en D2F avec Issy. Quelles sont les principales qualités qu'une équipe doit avoir pour y réussir ?
MD - Déjà, je trouve que la D2 a énormément progressé en très peu de temps. Elle a atteint un vrai bon niveau avec des joueuses de qualité qui ont souvent déjà connu la D1. C'est physique, oui, à notre niveau, et aucun match n'est facile. Les équipes sont bien organisées et les joueuses agressives (dans le bon sens du terme). Il y a quand même encore un vrai fossé avec la D1 mais ça progresse et l'écart se réduit.

LMJ - Quelles évolutions majeures faudrait-il apporter pour que le football féminin français avance rapidement et ne se fasse pas dépasser par l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie qui semblent passer la vitesse supérieure ?
MD - Pour moi, tout est une question de moyens. Dans les pays que vous citez, la plupart des joueuses sont pro, c'est-à-dire payées par leur club à ne faire que ça. En France, même en D1 à l'heure actuelle, ce n'est pas le cas de toutes les joueuses. En D2, c'est encore pire. Tant qu'on n'aura pas entièrement professionnalisé ce sport en France, donc donné tous les moyens aux filles et aux clubs, on ne franchira pas ce cap comme en Angleterre actuellement. Il faudrait une ligue professionnelle à mon sens.

LMJ - Pour conclure, une question décalée : si le FC Nantes Féminin accède à l'élite et que Waldemar Kita vous recontacte pour vous recruter, accepteriez-vous ?
MD - Votre question me ramène cinq ans en arrière quand le président Kita m'avait appelée pour me proposer un contrat au FC Nantes lors de la création de l'équipe féminine. J'avais refusé sa proposition à l'époque car je ne me voyais pas lâcher mon job à beIN que j'adore. C'est frustrant car j'adore mon boulot et je me suis battue pour en arriver là, et à la fois j'adore jouer au foot par-dessus tout. Un vrai dilemme mais il faut aussi se faire une raison. Il faut bien que je gagne ma vie aussi... À l'heure actuelle, à part dans les grands clubs, ce n'est pas chose facile dans le football féminin.

 

Merci à Margot Dumont et Yacine Guesmia pour le temps qu'ils nous ont accordés.

Crédits photos : Instagram de Margot Dumont (@margotdumont10) et Yacine Guesmia (@yacine_guesmia)