La confiance en question

Tous les entraîneurs s’accordent à dire que la confiance est centrale dans la réussite. En football, on aime aussi rappeler que l’on joue comme on s’entraîne. Au FC Nantes, cette semaine il n’était pas facile de s’entraîner dans la sérénité puisqu’après seulement un match de championnat, la presse spéculait déjà sur le nom des candidats possibles au poste de coach.

Le football professionnel parvient rarement à nous surprendre mais il faut bien admettre que cette fois-ci le FC Nantes innove en souhaitant se séparer aussi rapidement d’un entraîneur. Vouloir le faire après un seul match de compétition n’a sans doute pas d’équivalent sur la planète football.

Cette volonté de changer d’entraîneur est-elle réelle ?... En tous les cas, certains supporters ont donné du crédit à cette information puisqu’ils ont décidé de se regrouper pour apporter leur soutien à Pierre Aristouy. Nul doute que l’intéressé aurait préféré entendre le soutien de sa direction dont le silence est plus que pesant.

Dans le même temps, constatons que les joueurs se montrent solidaires de leur entraîneur à la fois dans les actes et les paroles. Cette adhésion est à prendre en considération même si on sait qu’elle pourrait rapidement s’effilocher à l’issue d’une prochaine défaite. La vérité d’un jour n’est plus celle du lendemain : dans le football professionnel les aiguilles du temps tournent très vite.

Une histoire sans fin

Au FC Nantes, l’histoire se répète en permanence. Dans le poste de coach, Antoine Kombouare a fait deux saisons consécutives ce qui représente un exploit au regard de ses prédécesseurs. Christian Gourcuff n’avait tenu qu’une saison et demie et Vahid Halilhodjic avait préféré tirer sa révérence après une seule saison (à l’image de Claudio Ranieri insatisfait qu’il était de ne pas pouvoir influer sur le recrutement en cours. Miguel Cardoso et plus encore Raymond Domenech n’avaient fait qu’un bref passage de quelques matchs.

De fait, l’instabilité dans le coaching pour le FC Nantes s'apparente à une marque de fabrique. Depuis l’ère Kita nous en sommes à 17 entraîneurs (sachant que Michel Derzakarian a occupé le poste à deux reprises) ce qui fait une moyenne inférieure à un entraîneur par an. A chaque fois, nous avons vécu des changements de coach avec souvent une approche différente du football.  Une spirale négative qui consiste à repartir à chaque fois de zéro et un jeu collectif qui ne peut se construire durablement.

L'enjeu de la légitimité

En début de saison, il nous avait semblé entendre un discours différent de la part de Frank Kita concernant notamment la confiance accordée aux jeunes. Qui mieux que Pierre Aristouy pouvait d’ailleurs incarner cette nouvelle stratégie. Le choix cohérent de le maintenir dans sa fonction pouvait donner beaucoup d’espoir aux supporters mais obligeait aussi à une certaine prudence.

Nous serons très rapidement fixés sur la position de la Direction car la légitimité du coach est clairement posée et il serait dangereux que l’opacité décisionnelle s’additionne à la complexité sportive de ce début de saison.

Ce début de saison soulève, en tous les cas, de nombreuses questions sur lesquels il serait important d’avoir des réponses :

  • Comment comprendre que Pierre Aristouy a été maintenu dans sa fonction il y a seulement deux mois si ce n’est pas pour lui donner pleinement sa chance ?...
  • Comment comprendre que le point faible de l’effectif sur le plan offensif (notamment à droite) qui remonte à plusieurs saisons n’est pas été la priorité du club lors de ce mercato ?...
  • Comment comprendre que le départ de son principal atout offensif (à savoir Ludovic Blas) n’est pas fait depuis plusieurs mois l’objet d’une démarche de recrutement puisque ce départ est connu depuis plus d’un an ?...
  • Comment expliquer la création utile mais aussi tardive (en plein mercato) de la cellule de recrutement ?...
  • Comment expliquer avec ce calendrier très délicat à gérer l’arrivée aussi tardive des recrues ce qui n’a pas favorisé le travail de préparation?

Il serait important que des réponses puissent être apportées à chacune de ses questions si nous voulons éviter de revivre chaque saison le même psychodrame. C’est seulement à ce prix que le club pourra retrouver la sérénité.