À Nice, le FC Nantes a évolué pour la première fois avec son maillot away 2025/2026. Une étrange tenue bleu ciel qui s’apparente à celles de Manchester City, du SS Lazio ou encore l’équipe nationale de l’Uruguay.
Références locales
La tenue est censée symboliser la cité nantaise. C’est l’une des stratégies préférées des marketeux travaillant pour les équipementiers : on choisit un ton à mille lieues des couleurs traditionnelles, mais on multiplie les références locales ou historiques pour caresser le client dans le sens du poil.
Le bleu est la couleur officielle de la ville de Nantes. Elle représente essentiellement l’eau, celle de l’Erdre et de la Loire qui a longtemps sillonné la Cité des Ducs avant les comblements de l’entre-deux-guerres, mais aussi celle de l’Atlantique, océan voisin qui donne aux Nantais un horizon pour rêver.
Toutefois, le maillot porté à Nice par les joueurs nantais n’est pas vraiment du même bleu que celui de la ville de Nantes. Il est beaucoup plus pâle et en y regardant de plus près, il tend vers le vert. Un autre détail a son importance : le plan de la ville est dessiné sur la tenue, avec les deux bras caractéristiques de la Loire qui entourent l’Île de Nantes.
Bien entendu, on retrouve sur ce maillot le logo du club, celui de l’équipementier et le sponsor. D’ailleurs, on remarque que le lettrage dudit sponsor a adopté une couleur en parfaite harmonie avec l’ensemble de la tenue. Voilà qui devrait faire bondir les puristes qui supportent difficilement le rouge employé depuis plus de vingt ans sur le maillot jaune et vert, et laissé tel quel sous prétexte qu’il s’agit de la couleur de la marque.
Une histoire du maillot de rechange
À l’époque où les équipes ne changeaient de couleurs qu’en cas d’extrême nécessité, les joueurs du FC Nantes arboraient un maillot de couleur rouge, qui déjà s’éloignait du jaune et vert. On se souvient que les Canaris l’avaient notamment porté en finale de la Coupe de France 1973 (alors que Lyon jouait en blanc…) et lors d’un match de Coupe d’Europe en 1977 à Prague, contre le Dukla qui jouait en jaune.
Plus tard, c’est le blanc qui s’imposa comme couleur de rechange pour les Canaris. Une tenue fort élégante que les Nantais ont porté notamment lors des premiers tours de la campagne européenne de 1979/1980. Nantes a longtemps gardé le blanc comme maillot dit extérieur, notamment lorsqu’il devait jouer à Lens ou à Sochaux. C’est notamment avec ce maillot blanc que les hommes de Raynald Denoueix ont remporté la finale de la Coupe de France 2000 contre Calais.
Le nouveau siècle est alors arrivé avec une prise de contrôle des équipementiers sur la tenue des joueurs. Désormais, on n’est plus obligé d’attendre que l’adversaire porte une couleur similaire pour porter la tenue de rechange. Le maillot extérieur est désormais en vente dans le commerce et il s’agit donc de l’exposer le plus souvent possible. Ultime tour de passe-passe : on change le maillot extérieur tous les ans, afin que les fans les plus accro n’hésitent pas à l’acheter.
En quête d’identité
On découvre ainsi un maillot noir à parement jaune lors de la saison 2000/2001, puis une tenue vert-bouteille siglée Orange pour la Ligue des Champions qui suit. Nantes suit à cette occasion une curieuse tradition des clubs français qui abordent la plus prestigieuse des compétitions de club avec des couleurs inhabituelles (reniant quelque peu leur identité).
Par la suite, Nantes aborde plusieurs couleurs de rechange : le blanc revient à la charge, puis le vert bouteille, puis le noir, sans oublier le premier maillot bleu lors du retour en Ligue 1 en 2008/2009, un bleu roi barré d’une diagonale jaune, bref une horreur. Curieusement, ces maillots se vendent très bien en boutique, au grand dam des tenants de la tradition qui ne s’y retrouvent pas dans ces couleurs trop éloignées de l’identité jaune et verte.
Le maillot bleu ciel tirant sur le vert de la saison 2025/2026 devrait connaître le même succès que ses devanciers en termes de vente. Sur le plan sportif, seul un succès majeur pourrait en faire un maillot culte. Mais il est probable que ce bleu pâle ne représente finalement que les larmes que les supporters nantais verseront à chaque défaite.