Six après l'avoir quittée en demi-finales, les Canaris retrouvent la Ligue des Champions lors de la saison 2001-2002. Les joueurs de Raynald Denoueix héritent d'une poule relevée où la Lazio Rome y fait figure de favori et le PSV Eindhoven et Galatasaray, des outsiders à ne pas sous-estimer. 

 

Des débuts tonitruants

Pour ses débuts dans la Ligue des champions, le FC Nantes marche sur l’eau. Les Canaris accueillent les Néerlandais du PSV Eindhoven le 11 septembre 2001 et au terme d’une prestation réussie, ils s’imposent 4-1 et étalent tout leur jeu devant une Beaujoire en ébullition. Pierre-Yves André (5e), Olivier Quint (10e sp) et  Wilfried Dalmat (44e) marquent pour les Canaris en première période, soit le nombre de buts qu’a inscrit Nantes en championnat jusqu’à alors. Les Nantais lèvent un peu le pied en seconde période et les Néerlandais parviennent à sauver l’honneur en fin de match grâce à un but de de Jong en fin de match après une quatrième réalisation nantaise signée Marama Vahirua (75e).

Sur sa lancée, Nantes s’offre un petit exploit en allant s’imposer sur le terrain de la Lazio de Rome pour son second match de la phase de groupes.  Grande favorite du groupe, la Lazio est cueillie à froid par l’ouverture du score nantaise de Nestor Fabbri (3e) sur corner, servi par Sylvain Armand. Puis de passeur, Armand se transforme en buteur quelques instants plus tard. Alors que les Italiens étaient revenus au score grâce à Fernando Couto sur coup-franc (7e), le latéral gauche s’échappe sur son côté, crochète un défenseur romain et enroule un ballon parfait qui termine dans la lucarne gauche d'Angelo Peruzzi depuis l’entrée de la surface de réparation (63e). Alors que les Romains poussent pour revenir, Stéphane Ziani parachève le succès nantais en concluant un contre en deux temps (86e). Avec cette précieuse victoire, les Canaris s’envolent au classement de leur groupe.  

En difficulté face à Galatasaray

Pour leur troisième match, les Nantais reçoivent le Galatasaray, deuxième. À la Beaujoire, les hommes de Raynald Denoueix, qui visent la passe de trois, se font surprendre. Dans un match âpre et pourtant dominé par les Canaris, ce sont les Turcs qui inscrivent l’unique but de la rencontre. 

Sur un cafouillage dans la surface nantaise, Sergen Yalçin crucifie les Jaunes-et-Verts à bout portant (79e). Une défaite encore plus amère car les Canaris ne parviendront pas à prendre leur revanche au match retour. Trois semaines plus tard à Istanbul, Nantes se casse de nouveau les dents sur une équipe turque extrêmement solide. Les hommes de Raynald Denoueix concèdent un match nul 0-0 et se compliquent la tâche dans la course à la qualification.

Qualifiés sur le fil

Il manque un succès aux Nantais pour se qualifier mais sur la pelouse du PSV Eindhoven lors du prochain match, c’est encore raté. Les hommes de Raynald Denoueix obtiennent un second match nul 0-0 consécutif, grâce notamment à des parades déterminantes de leur capitaine Mickaël Landreau. Finalement, il faut attendre la confrontation avec la Lazio dans une Beaujoire à guichets fermés, favorite initiale du groupe, pour que les Nantais obtiennent leur ticket pour la suite de la compétition. Au terme d’un match de haute volée, rassurant les observateurs des Canaris quant à leur qualité de jeu, les hommes de Raynald Denoueix s'imposent 1-0 à domicile. Face à des Italiens qui, en cas de victoire, seraient également qualifiés, se joue un match à haute tension. Pierre-Yves André va finalement dynamiter la Lazio et faire chavirer la Beaujoire en fin de match en reprenant de la tête un centre de Nicolas Laspalles (72e). “Pour miser sur nous, il fallait vraiment y croire”, lâche Denoueix à la fin de la rencontre. Oui, Nantes a dépassé toutes les attentes. Le paradoxe est flagrant car les hommes de Raynald Denoueix sont en grande difficulté en championnat parallèlement et trustent le bas du tableau. La tête ailleurs ?

Cette victoire face à la Lazio permet donc aux Canaris de se qualifier pour la seconde phase de groupe de la Ligue des champions, permettant ensuite de rejoindre directement les quarts de finale. Mais des adversaires d’un tout autre calibre attendent les Canaris...

Nantes a du mal dans la cour des grands

Les Nantais héritent d’un groupe compliqué dans lequel figurent notamment le grand Manchester United d’Alex Ferguson ainsi que le Bayern Munich. Mais les Canaris débutent face à l’adversaire le plus abordable, le club portugais de Boavista. À l’extérieur, les Nantais veulent de nouveau bien débuter leur phase de groupe mais se font surprendre. Les locaux ouvrent le score grâce au milieu de terrain bolivien Erwin Sanchez, profitant d’une faute de main inhabituelle de Landreau (24e). Un coup dur que les hommes de Raynald Denoueix n’arriveront pas à surmonter, trop maladroits et trop timorés. Les Canaris concèdent leur première défaite d’entrée et se placent dans une position bien inconfortable avant de recevoir le terrible Bayern Munich à la Beaujoire.

Pourtant, deux semaines plus tard, dans la cité des Ducs, les Nantais résistent longtemps face aux Bavarois. Malmenés, il faut un but sur corner de Paulo Sergio (65e) pour que les Allemands s’en sortent et signent une courte victoire 1-0. Là encore, la défaite est frustrante car les hommes de Raynald Denoueix sont capables de bien mieux. Après deux défaites, les Canaris sont donc condamnés à l’exploit s’ils veulent se qualifier pour les quarts de finale.

L’espoir renaît puis s’éteint face à Manchester United

D’un exploit, les Canaris en sont passés tout près lors de la réception de Manchester United à la Beaujoire. Galvanisés par le soutien de la Beaujoire, les Nantais haussent leur niveau de jeu face aux Anglais et sont récompensés après neuf minutes de jeu grâce à un but de Viorel Moldovan. Longtemps, les Canaris tiennent la victoire et l’espoir renaît plus que jamais dans les travers de la Beaujoire, notamment grâce à un match énormissime de Mickaël Landreau. Mais la petite flamme s’éteint subitement lorsque les Mancuniens obtiennent un penalty à vingt secondes du terme du match pour une main de Mario Yepes dans la surface ! L’expérimenté attaquant néerlandais Ruud van Nistelrooy ne tremble pas et transforme la sentence (90+4e). Les regrets sont grands et la désillusion immense. 

Le coup de poignard était sûrement encore dans les têtes nantaises lors du match retour, une semaine plus tard. Dans l’enceinte d’Old Trafford, les Canaris se font balader et s’inclinent lourdement 5-1. Les joueurs de Denoueix avaient pourtant ouvert le score grâce à un but de Frédéric da Rocha, mais devant la maîtrise technique des stars de Manchester United comme Beckham, buteur sur coup franc direct, ou Ole Gunnar Solskjaer, l’entraîneur actuel du club et auteur d’un doublé à l’époque, le FC Nantes doit lourdement s'incliner. La défaite est d'autant plus douloureuse, qu'elle vient doucher tout espoir nantais de qualification. 

Dernier tour d’honneur pour les Canaris

D'ores-et-déjà éliminé, le FC Nantes n'a plus rien à jouer sur ses deux derniers matches en Ligue des champions. Les Canaris butent d'abord sur Boavista 1-1, malgré l'ouverture du score signée Moldovan (43e). Les hommes d'Angel Marcos, nommé entraîneur à la place de Raynald Denoueix évincé fin décembre 2001, enchaînent ensuite avec un déplacement sur la pelouse du Bayern Munich. En Bavière, les Nantais récidivent en ouvrant le score lors de son quatrième match d'affilée, grâce à Hassan Ahamada, profitant d'une sortie ratée ďOliver Kahn (54e). Mais les Munichois renversent la situation grâce à des buts de Jens Jeremies (58e) et Claudio Pizarro (87e). Landreau s'était tout de même offert un dernier baroud d'honneur en sortant un penalty. 

Le FC Nantes finit donc dernier de son groupe, sans aucune victoire et seulement un point au compteur. L'élimination des Canaris de la Ligue des champions permettra tout de même au club de se redresser en championnat et d'accrocher une dixième place, bien inespérée alors que les Nantais pointaient à la dernière place durant l'hiver. 

 

Ce n'est pas anodin que la dernière épopée du club en compétition européenne intervienne la même année que l'arrivée de la Socpresse à la tête du club et l'éviction de Raynald Denoueix, sans avoir formé de successeur. Depuis, les Canaris ne se sont contentés que de deux participations estivales à la Coupe Intertoto. Après 40 ans à avoir côtoyé l'Europe, voilà seize ans que le FC Nantes n'y a plus pris goût. Une anomalie au vu du glorieux passé du club mais qui s'impose de plus en plus comme une normalité. Il n'est néanmoins pas question de s'y conformer. Car, s'ill y a bien une chose qu'offre le fait de se replonger dans l'histoire de notre club, c'est bien la profonde conviction que le FC Nantes ne sera jamais à sa place sans Coupe d'Europe.