Nous sommes au début de la saison 1952/1953 et à l’occasion de la septième journée du championnat de deuxième division, le FC Nantes se rend, pour la première fois de son histoire, à Strasbourg. Le club alsacien évolue en première division depuis 1934, mais au terme d’une calamiteuse saison 1951/1952, il termine à la dernière place du classement et se retrouve relégué en deuxième division.
Les Canaris face aux cigognes
De son côté, le FC Nantes sort d’une très bonne saison qu’il a terminé à la quatrième place, à un point de la montée. Le club démarre cette nouvelle saison avec la ferme ambition, pour son dixième anniversaire, d’accéder à l’élite.
Mais tout ne se passe pas vraiment comme prévu. Les hommes d’Emile Veinante réalisent un début de saison calamiteux en concédant trois défaites et un match nul lors de ses quatre premières rencontres. Les Nantais se réveillent toutefois en infligeant un net 5-1 au CA Paris, bon dernier du classement.
Le Racing de Strasbourg, quant à lui, est contrarié par deux défaites subies contre Rouen et Besançon, qui menacent sérieusement son projet d’une remontée immédiate parmi l’élite. La rencontre du dimanche 28 septembre 1952 est donc d’une importance capitale pour les deux équipes, qui ont besoin de se rassurer.
Haan : 3 - van Geen : 0
D’entrée, l’équipe alsacienne, qui bénéficie du vent, affiche sa supériorité physique en occupant le camp nantais. Cela permet au gardien nantais Christian Amy de se distinguer par quelques interventions de grande classe. Les Nantais parviennent à jouer quelques contre-attaques et sur l’une d’elles, l'attaquant François Fassone, récente recrue en provenance de l’AS Cannes, voit sa reprise de la tête passer au-dessus de la cage.
Mais après la fin du premier quart d’heure, Josef Humpal, l'entraîneur-joueur des Strasbourgeois donne un ballon à l’avant-centre international Edmond Haan, dont la frappe prend Amy à défaut. Les Nantais répliquent très vite, notamment par le néerlandais Van Geen qui parvient à échapper à Raymond Kaelbel mais il échoue devant le gardien. Un peu plus tard, c’est Fassonne qui voit son tir passer au-dessus alors qu’il était seul face au gardien.
Les Nantais regretteront bien vite d’avoir manqué ces deux occasions. Car les Alsaciens font preuve d’une remarquable efficacité. Sur une passe de Roger Quenolle, Edmond Haan s’infiltre dans la défense nantaise et envoie un tir qui ne laisse aucune chance à Amy. Le Racing poursuit sa domination face à des Nantais de plus en plus arc-boutés devant leur cage. Georges Sesia envoie un tir fracassant qui s’écrase sur la barre transversale. Roger Quenolle tente un tir que Amy détourne en corner.
Amy sous une pluie de buts
Les Nantais parent au plus pressé et dégagent le ballon comme ils peuvent. Sur un renvoi mal assuré, après la demi-heure de jeu, les Strasbourgeois récupèrent la balle, ce qui permet à Josef Humpal de marquer le troisième but. Puis, juste avant la mi-temps, Quenolle, sur une passe de Sesia, bat à son tour le gardien nantais.
Les Canaris menés 4-0 à la pause, il faut désormais un miracle pour espérer la victoire. D’autant que les Strasbourgeois galvanisés maintiennent une grosse pression. Deux buts strasbourgeois sont refusés par l’arbitre marseillais monsieur Didier pour hors-jeu. Les Nantais font toutefois bonne figure et à vingt minutes de la fin, Fassone est à la réception d’un coup franc et parvient à réduire l'écart.
Mais les Nantais vont vivre une fin de match cauchemardesque : l’inévitable Haan marque un cinquième but trois minutes après Fassonne, puis donne une passe décisive à son coéquipier Georges Sesia pour le sixième but. Puis à trois minutes de la fin, le défenseur René Hauss remonte tout le terrain balle au pied et porte l’estocade en inscrivant d’une frappe lointaine le septième but alsacien.
Une déroute alsacienne
7-1 ! On aurait rêvé meilleur baptême pour les Nantais au stade de la Meinau. Les dirigeants pestent contre les occasions manquées de la première période, qui auraient sans doute modifié la physionomie du match. Le pauvre Van Geen était un peu trop isolé en attaque et semble ne plus avoir la vigueur nécessaire pour finir ses actions tout seul. Il est évident que la défense n’a pas été à la hauteur, hormis le gardien de but Amy dont les arrêts ont probablement évité un score plus lourd.
Le lendemain, sur le chemin du retour, le FC Nantes inflige un 5-1 vengeur aux amateurs d’Epinal. Les Canaris vont aligner une série de bons résultats qui leur permettront de remonter au classement.
Strasbourg, Stade de la Meinau, le dimanche 28 septembre 1952 à partir de 15:00
RC Strasbourg bat FC Nantes 7-1
Buts : Haan (17’, 23’ et 73’), Humpal (32'), Quenolle (43’), Sésia (78’), Hauss (87’) pour Strasbourg; Fassonne (70’) pour Nantes.
Beau temps. Très bon état du terrain. 10.277 spectateurs. Recette : 1.826.788 fr
Arbitre : M. Didier.
STRASBOURG : Schaetter - Hauss, Kaelbel, Dahan - Krug, Remetter - Sesia, Carre, Humpal, Quenolle, Haan. Entr : Humpal.
NANTES : Amy - Devallan, Uchart, Staho - Samzun, Vreken - Orengo, Ferrier - Minoi, Van Geen, Fassonne. Entr. : Veinante.
- Toutes les infos sur le match Strasbourg-Nantes du 28 septembre 1952 sur le site histoiredufcn.fr