Le modeste stade Henri-Desgranges de La Roche-sur-Yon n’a pas pour coutume d'accueillir de grandes affiches de football. Et pourtant, en ce 9 octobre 2009 l’agitation populaire et médiatique est bien présente. Alors que la trêve internationale bat son plein, le FC Nantes, pensionnaire de Ligue 2, affronte un adversaire bien particulier devant 4000 spectateurs : la Corée du Nord.


L’affiche a de quoi surprendre. Mais que viennent faire les Coréens, à pratiquement 9000 kilomètres de chez eux et de leur pays pourtant si fermé, afin d’y affronter un club fraîchement descendu de la Ligue 1 ? En réalité, la rencontre est prise très au sérieux par les dirigeants nord-coréens. Dans huit mois a lieu la Coupe du Monde en Afrique du Sud et ainsi la seconde participation de la Corée du Nord à sa phase finale. Les joueurs et le staff, emmenés par Kim-Jong-Hun (l’entraîneur, pas le dictateur) sont en tournée de préparation dans l’Hexagone afin de se frotter au jeu européen mais également pour améliorer les relations diplomatiques avec la France. La venue des Coréens est considérée comme “sortie de l’ombre” pour le Figaro. Logés à Saint-Sébastien-sur-Loire pour une dizaine de jours, les Coréens ont en effet attiré les caméras du monde entier sur eux. L'événement est important puisqu’il s’agit de la première sortie de la sélection nord-coréenne en Europe depuis le Mondial 1966 en Angleterre (Royaume-Uni). Elle y avait alors brillé en battant l’Italie en phase de poules (1-0) avant de perdre en quarts de finale face au Portugal malgré une avance de trois buts (3-5). 

Un match décevant

Le match face au FC Nantes est également le premier de la sélection nord-coréenne sur le sol français. L’opposition n’est néanmoins pas à la hauteur de l’évènement. Les Nantais, “très décevants” selon Ouest-France, et les Coréens se quittent sur un match nul 0-0. Hormis une reprise de Darcheville détournée par le gardien coréen (5e), les Canaris n’ont rien montré. Privé de ses internationaux, Gernot Rohr, l'entraîneur nantais avait décidé pour l'occasion de titulariser pour la première fois le jeune sud-coréen Lee Yong Jae. Malgré le fait d'avoir “pris le dessus au niveau de la puissance et dans le jeu aérien”, pour Rohr les Canaris ont eu du mal face au “football vif avec des passes redoublées et courtes” de leurs adversaires. Pour le coach allemand, affronter la Corée du Nord quarante ans après sa dernière sortie sur le sol européen était “un privilège”. Avant de rappeler, qu’au-delà de la politique, pour lui c’est surtout le football qui prime. “C’est une équipe comme les autres, on joue au football. Quelles que soient leurs origines, c’est notre travail de nous préparer sérieusement et on l’a fait”. On n'a donc parlé que de football durant le séjour : les responsables de la société organisatrice de la visite nord-coréenne, Sport Live Agency, avaient bien précisé en amont qu’aucune question politique ne serait répondue. 

La sélection de la Corée du Nord ne s’est pas arrêtée là puisqu’elle a affronté quelques jours plus tard celle de la République Démocratique du Congo au Mans. Une opposition de style différente mais qui s’est soldée sur le même résultat : 0-0. La préparation mitigée a tout de même permis aux Coréens de visiter Nantes et sa région et de visionner également dans leurs locaux à Saint-Sébastien un documentaire retraçant l'épopée de leurs aînés lors de la Coupe du monde 1966. La compétition en Afrique du Sud est pourtant bien différente. Les hommes de Kim Jong-Hun n’obtiennent aucun point en face de groupe en perdant face au Brésil (1-2), au Portugal (0-7) puis contre la Côte d’ivoire (0-3). Côté nantais ce n'est pas mieux puisque les Canaris finissent à une anonyme quinzième place en Ligue 2 à la fin d'une saison éprouvante. 

 

Crédit photo : Arnaud JAFFRÉ