Pourtant tout avait pourtant bien commencé en ce 1er mois de la seizième année du règne de Waldemar Kita 1er.

C’est que l’année précédente (2022) avait été plutôt calme : aucune tête coupée. Un seul et même entraineur plus d’une année durant. Une révolution solaire à défaut d’être lumineuse. Un public retrouvé, quelques matches à remettre les supporters sur la pelouse, une nouvelle couronne sur la tête du FC Nantes avec ce 4éme titre de coupe de France et de Navarre. Et le retour des canaris en coupe européenne. Bref -Waldemar dont le prénom dérive de Vladimir qui signifie littéralement « qui dirige le monde » et qui, réinterprété en russe moderne évoque celui « qui fait régner la paix »- ce Waldemar là n’avait pas trop fait parler de lui, laissant à son fils Franck, la main -fut-elle légère- et le pouvoir de se tromper. L’automne 2022, cette saison de toutes les chutes,  avait été plus que morose : 1 victoire en 11 matches. Seule la campagne européenne avait redonné des couleurs aux troupes jaunes pâles et permis à Kombouaré saison III de rester sur un trône promis à l’éjection, fidèle à la devise du père, du fils et du feint esprit : « Non facies melius quam me filium meum ». -

Un hiver à y perdre son latin

Au lendemain de la trêve hivernale, ce début d’année 2023 s’annonçait donc sans grands bouleversements mais avec beaucoup d’interrogations. Pour la joie de tous, Nantes redémarrait de la plus belle des manières avec dés le 1er janvier une victoire 1 but à 0 acquise contre Auxerre, suivie d’une jolie série en championnat -3 victoires, 2 nuls, 1  seule défaite-. Sans oublier les 3 victoires acquises en coupe de France, synonymes de qualification pour les 1/4 de finale. Mais le meilleur était à venir. En tous les cas, l’espérions-nous tous avec cette revanche promise d’une bataille perdue en avril 1996 lors d’une demi-finale de ligue des champions arbitrairement faussée contre la Juventus. Inspirée par la double devise nanto-nantaise « Neptune favorise celui qui part »  -devise qui réussit d’ailleurs très bien au sieur Jouin-Choubert et à ses filles - et « celui qui renonce à être meilleur cesse déjà d’être bon » attribuée à Michel Tronson, le père du CENS, l’équipe nantaise pensait avoir le destin entre ses pieds . En terres romaines, ce 9 février 2023, Nantes faisait douter -lors du premier acte- la Juve chez elle, avec une magnifique remise de notre égyptien Mohammed vers notre buteur bien en Blas

La Juve à mine déconfite 

A l’heure du match retour, sous une pluie battante, les arènes nantaises attendaient d’un pied ferme la vieille dame. « Tutto è possibile» chuchotait-on dans les allées ventées de La Beaujoire.  Mais il était écrit que la douche serait nantaise. Et que la vieille romaine en transe en avait plus que nos gaulois, privés d’une certaine potion magique à base d’acide hyaluronique concoctée par notre Président Kitanorix.  « Duralex sed lex. » Comprenez : Dieu m’en préserve hâtif !  Si j’en crois mes restes de latin. A moins que cela fut  : « Dura sex, led sex ». Le score est dur, mais c’est le score. 3 à 0. Clean Sheet pour les italiens. Clean Shiet pour les nantais. A ce score et ce jeu-là, les joueurs nantais ne devaient pas s’en remettre. La campagne de Printemps prenait l’allure d’un désastre. Aucune victoire à se mettre sous les dents. Pendant que le peuple insatisfait  à raison, amnésique à déraison désignait déjà le pouce vers le bas, demandant que le gladiateur Antoine soit achevé - Quel cirque ! -  Kita père se frottait les mains à l’idée de bientôt ramener son dauphin fils à la réalité. « Tu ne tueras point ton père, Oedipe, fils de Laïos ». « Et tu ne feras pas mieux que moi ! ». La victoire en coupe de France contre Lens début mars en quarts, et la victoire 2 buts à 1 contre Lyon en demi-finale ne constituaient qu’un répit et une euphorie de courtes durées. Eclipsées un mois plus tard au Stade de France par une déroute historique des Namnètes contre une armée occitane épicée à la sauce cathare. Il n’en fallait pas plus pour que la plèbe assoiffée de sang et le prince se rejoignent (enfin) dans un même constat. « C’est la faute de l’entraineur !! » L’évidence depuis 16 ans !! 

Caput Kombouaré !

Il la souhaitait depuis longtemps. Il l’obtenait enfin. « Caput Kombouaré ». Caput, mot désignant en latin la tête. Ou au choix, Kaput, inscrit au petit Larousse : mis hors d’usage, terme d’origine allemande. Bref deux orthographes différentes pour un même verdict : la tête de notre ami Antoine devait bel et bien tomber. Sacrifié par Kita père sur l’autel des mauvais résultats et de la vox populi.  Et -faut-il le dire- grâce au concours de certains joueurs ayant lâché leur mentor. Le 09 mai de l’an 2023, alors qu’il ne restait que 4 matches à jouer, et que Nantes se retrouvait pour la 4éme fois en 20 ans à la porte de l’enfer, la seule question qui était alors sur les lèvres était de savoir qui serait le prochain sauveur éphémère. Ou la prochaine victime vouée à l’enfer. La tragédie latino-grecque  ne faisait que commencer. Le fantasme parricide de Franck étant inachevé, le fils écartait le persan belge Mogi Bayat et son rêve d'être le fils à la place du fils. "Vade Retro Satana". A la surprise générale, le fils prodigue à défaut d’être prodige désignait Pierre comme l’heureux élu. « Et sur cette Pierre, je construirais mon équipe » aurait-il dit déclarant sa flemme d’amour au coach nouveau. Le miracle se produisait d’ailleurs quelques semaines plus tard, laissant bouche bée le père pas con vaincu mais vaincu quand même : les canaris malgré 2 défaites et 1 nul obtenaient le dernier jour la victoire contre le voisin ligérien, condamné à prendre sa place en enfer. Lucifer, quand tu nous tiens. 

Pierre le Grand

L’intronisation pour la saison 2023-2024 de Pierre le Grand -un mois après la fin de la saison-  suscitait tous les espoirs de la Plèbe. Adoubé par le maitre Raynald, dernier héritier de cette lignée de coach formateur, Pierre était celui qui allait intégrer les jeunes, redonner aux nantais ce « je à la nantaise ». Franck en conférence de presse avouait passer ses jours et ses nuits avec le coach de son cru. Sans que personne ne le crut d’ailleurs. Pas plus que Kita père, attendant lui, le moment où il pourrait jouer son tour dans cette partie d’échec - un jeu qu’il connait pas coeur-.  Et "damner" le pion de son fils. Une partie de la plèbe exultait, pendant qu’une autre déjà s’impatientait alors que les matches de préparation n’étaient pas finis. Plèbe impubère ignorant qu’un succès se construit dans le temps. 

Dans les travées du pouvoir, déjà les conspirateurs faisaient leur jeu. La presse locale ne sortait pas grandie de la période, pressée c’est le cas de le dire, de jeter en pâture sur le papier ce qui nourrit ses colonnes d’encre noire. Quand ça va trop bien, ça va mal. Quatre journées de championnat plus tard, sans aucune victoire, mais avec de belles séquences de jeu qui laissaient espérer un autre FC Nantes,  les esprits se déchaînaient. Franck quittait la lie conjugale. Le pax scellé entre les deux hommes vivait des heures difficiles. Kita paire attendait sagement que le mal heure vint. Deux mois plus tard, alors que l’automne n’en finissait pas de commencer,  après une belle séquence de 4 victoires  et une 7éme place au classement général,  les défaites pleuvaient comme le ciel. Une série de 4 matches sans victoire ni défense scellait le sort de Pierre le grand. Victime une nouvelle fois d’une partie de son vestiaire, d’un effectif pléthorique et de la difficulté de manager dans un univers parsemé d’embûches de Noël, Pierre tombait avec les dernières bourrasques automnales. Pierre le Gland, fruit d’une chêne de grands formateurs nantais était donc renvoyé à ses chères études. Pour le plus grand malheur du club à long terme. Deux mots qui ne cohabitent plus depuis longtemps. 

Cap Cerbère pour le Président

Ne cherchez pas le Cap Cerbère sur une carte. Vous le trouverez bien du côté des Pyrénées orientales, dernier cap français avant la frontière espagnole. Mais le Cerbère dont je vous parle ne serait-pas plutôt ce chien à trois têtes issu de la mythologie grecque. Un chien empêchant les morts de s’échapper et les vivants de venir récupérer leurs morts. Trois têtes, comme celles de nos trois coachs de l’année 2023, Antoine, Pierre et Jocelyn. Plongés les uns après les autres dans cet enfer d’un FC Nantes qui n’avance plus mais recule. "Vade Retro satana." Jocelyn qui après 3 défaites consécutives passera -si Dieu veut- le cap du nouvel an à défaut de passer celui de l’hiver. « L’enfer, c’est les autres » citait Jean-Paul Sartre. Une réflexion à partager sans doute avec notre Président mais aussi avec certains joueurs qui dans cette tragicomédie à n’en plus finir,  ont semblé jouer davantage leur "je" que le "jeu".

Quelle année de merde !