Le vert, si impopulaire ?

Un maillot vert pour Nantes, ce serait la logique de la première règle : on joue en jaune et vert, sinon, en vert et jaune. Mais rares ont été les maillots verts du FCN qui ont su rester dans la mémoire des fans. Ainsi, lorsque Le Coq Sportif, en 2002, sort un maillot extérieur tout en vert pour les Canaris version 2002-03, l’équipementier réalise le côté fade et sans âme du maillot et, pour la saison suivante, alors que le maillot domicile demeure le même, relancera une version blanche et jaune, bien plus élégante.

De même, en 2013-14, sous l’équipementier Errea, la version verte extérieure avec les huit bandes jaunes sur les manches ne fait pas particulièrement date dans l’esprit des fans. Elle restera surtout la tenue de gardien de Rémi Riou, qui préférait néanmoins tout autant la version noire ou blanche. Il en sera de même pour 2016-17 et 2018-19, maillots d’ores-et-déjà oubliés, en plus de ne presque jamais avoir été portés. Souvent, lorsque le vert est choisi, il est sombre, trop sombre même, et peu joyeux.

Aujourd’hui encore, l’équipementier New Balance a opté pour un maillot extérieur tout orné de vert, mais cette fois-ci, avec plus de clarté, avec des fluctuations de la couleur, qui, avouons-le, ne donne pas un rendu final si désagréable, mais qui encore, ne paraît pas trop séduire les fans cette saison.

En somme, le vert n’a jamais su percer à Nantes, d’autant que chaque équipementier a souvent décidé d’abandonner cette couleur presque immédiatement après l’avoir proposée. Un seul équipementier réussira à la rendre populaire cependant : Le Coq Sportif, et son maillot spécial Champion’s League 2001-02. L’équipementier au coq et au triangle avait su correctement doser la couleur, et était resté fidèle à ses motifs de l’époque, qui avait déjà séduit les fans dès la saison précédents.

 

Le blanc, la solution simple

Le maillot blanc à Nantes est probablement l’option la plus privilégiée lorsqu’on veut jouer la carte de la simplicité. Mais ne vous méprenez pas, le blanc est une couleur nantaise ! Pendant de longues saisons, le club portera un short blanc, et même des chaussettes blanches. Et il faut attendre que le club dispose d’un peu plus de moyens, notamment avec son arrivée en championnat national, pour qu’une unification des couleurs prenne place. Mais le premier titre nantais de 1965, c’est bien en jaune et blanc qu’il sera gagné ! De même, on trouvera des matches de coupe d’Europe joué à Saupin, en blanc.

Mais avec le temps, le blanc sera la couleur la plus utilisée dans les cas de figure où Nantes ne pourra jouer en jaune. Sauf que ces cas sont assez rares, au point que les équipementiers n’ont pas forcément toujours joué la carte de la créativité. Ainsi, le maillot « Europe 1 » de 1977, tout en blanc, ne propose rien d’autre qu’une version blanchie du maillot jaune. Il en sera de même en 1979, en 1981, en 1991 qui reprennent purement et simplement les mêmes parements verts.

Les cas de 1984 et 1995 sont même encore plus minimalistes et n’optent même plus pour le vert, laissant le logo et le sponsor « Télépoche » et « IPC » au noir. L’exemple du maillot « IPC » de 95 est particulièrement notable, à se demander si ce maillot ne relevait pas plus d’un t-shirt d’entreprise récupéré à la brocante de Doulon... Pour le reste, le fameux maillot « Mikit » tendra à ajouter un peu de jaune au vert sur cet océan de blanc.

On attendra la fin des années 1990 pour qu’Adidas se dise qu'il serait intéressant de mettre quelques motifs signifiants sur le maillot blanc nantais. Il faut dire qu’avec les rayures vertes très présentes, il est compliqué de simplement reprendre les mêmes motifs pour le maillot extérieur. Ainsi, en 1997, l’équipementier allemand propose au maillot « Ticket Restaurant » la fameuse série de carreaux latéraux en colonnes. Vous ne voyez pas ? Mais si… c’est exactement le même que le maillot de l’Espagne pour la coupe du monde 2018, pour laquelle Adidas avait décidé de se la jouer rétro. L’année suivante, on optera plutôt pour le même système que la France à l’Euro 96 pour son maillot blanc : trois bandes latérales de chaque côté des épaules, plongeantes vers le centre. Puis l’année d’après, Adidas mettra un peu plus d’ordre en alignant correctement les bandes sur les côtés pour l’année 98. Ce maillot sera celui porté en finale de coupe de France 2000 contre Calais.

Si Adidas optait pour des parements verts, comme les précédents équipementiers, Le Coq Sportif lui, proposera du jaune, non sans obtenir un résultat convaincant, notamment avec ce très beau maillot 2003-04, que le gardien Mickaël Landreau portera d’ailleurs lui aussi assez souvent. Airness, arrivé en 2005, reprendra l’idée, avant de revenir au blanc et vert, puis Errea aussi, en 2011 et qui est, à ce jour, le dernier maillot blanc que le FC Nantes ait eu.  

 

Le rouge, parce que… pourquoi pas ?

Mais oui, nous avons aussi du rouge à Nantes, et ça n’a pas été un hasard, le choix était délibéré. Alors certes, les maillots du FC Nantes rouges, ça ne court pas la rue Paul Bellamy, mais ça se trouve dans les heures de gloire du club. Ainsi, le fameux maillot « Perrier » des années 70 pour la coupe de France aura sa version rouge, avec des lignes Adidas jaune et vertes sur les épaules. Je vous laisse imaginer le bon goût nantais s’étouffer devant son écran. Et c’est ainsi, pourtant, que Nantes débarqua en finale de coupe de France 1973 face à l’Olympique Lyonnais, en maillot rouge, short blanc, chaussettes rouges. La raison était simple : le jaune trop léger pouvait se confondre rapidement au blanc lyonnais dans un match joué en plein jour. La sanction pour ce manque de gout sera exemplaire : défaite 1-2 et 3e finale perdue pour Nantes.

La coupe de France… et d’Europe. Mais là, attention, on parle d’un rouge pétant, maillot-short-chaussette, celui qui sera porté à Prague par la bande à Michel, Baronchelli et compagnie. On ne vous cache pas qu’en regardant le match, il faut au minimum cinq minutes pour s’apercevoir que les Tchécoslovaques soviétiques, ce ne sont pas les moustachus en rouge sur le terrain... non non, ça c’est bien votre Football Club de Nantes.

Inutile de vous dire que si le bleu est peu apprécié, le rouge n’a, depuis la fin des années 80, même plus osé pointer le bout de son nez chez les équipementiers successifs à Nantes, se contentant d’être une couleur d’appui, mais pas prioritaire pour les gardiens, comme avec Landreau en 2001, Riou en 2015….

 

Le noir, l’amour secret

Peu s’en souviennent, mais comme le blanc, le noir a été très présent dans les premières années du club en D1. Ainsi, lorsque dans les années 1960 les bandes verticales arrivent sur les maillots nantais, elles s'accompagnent d'un short noir ! Imaginez : rayures vertes, short noir, chaussettes jaunes. Joli le mix. Mais le maillot noir lui, n’arrive pas avant 2000. Et lorsqu’il arrive, c’est le choc pour tous. Le design proposé par Le Coq Sportif marque les esprits. L’alliance du noir et du jaune sur les épaules, les côtés du maillot et du short fait mouche dans le cœur des supporters. Ce sera probablement l’une des rares années où le maillot extérieur sera aussi vendu que le maillot domicile.

Après deux ans remplis de succès pour ce maillot, Le Coq Sportif attendra 2004-05 pour revenir avec un maillot noir et une bande centrale verticale jaune et verte. Là encore, c’est un pari gagnant, car le design est très réussi et Landreau lui-même portera le maillot quasiment toute l’année, y compris lors du match décisif à la dernière journée. Tout le monde se souviendra de cette image de Mika dans le Kop Loire, écharpe en main, et ce sublime maillot.

Airness proposera quelques versions noires de ces maillots nantais de 2005 à 2007, mais surtout à destination de ses gardiens, tout comme Errea en 2014 et ce maillot pour Rémi Riou. Mais en 2013, le noir avait fait un retour fracassant avec le maillot « Offset5 » de la bande à Djordjevic, avec de fines et élégantes lignes horizontales dorées Là encore, une belle réussite dans le cœur des fans. Il en sera de même pour le maillot 2014-15 d’Umbro avec même le sponsor Synergie qui se met au jaune, pour un rendu très élégant, mais qui ne sera hélas pas beaucoup utilisé cette année.

Evidemment, le maillot noir sera aussi celui du match joué par le FC Nantes après l’annonce de la mort d’Emiliano Sala. Un maillot très malheureusement beau et solennel, comme le fut l’hommage à Emi lors de ce match, et que l’on aurait aimé porter avec lui, pour du football, et rien d’autre.   

 

Le bleu, jamais convainquant

Pourtant le bleu pourrait être une option intéressante, mais les résultats seront toujours plutôt décevants, car les supporters ne peuvent s’approprier cette couleur qui revient plutôt à des rivaux comme Paris, Bordeaux, Marseille, Lyon etc… Et il faut l’avouer, le bleu tue un peu l’âme du club. Ainsi, le maillot « Michel Axel » bleu de Le Coq Sportif en 1972, n’est pas particulièrement identifiable comme un maillot nantais au premier regard. De même, la version 2009-10 d’Errea, avec une bande diagonale blanche et jaune, donnait l’impression qu’il était porté par une équipe anonyme, toute droit sortie de National – ce qui d’ailleurs, à l’époque, avait failli être le cas.

Et que dire du maillot « Planète Sauvage » de 2010-11 ? Il représente son époque : une perte totale du club dans ses valeurs. Tout comme celui de 2011-12 qui n’a enchanté personne, pas même avec ses fines rayures et son col pliable jaune. Non, vraiment, le bleu n’a jamais su attirer l’œil du supporter nantais.

Ultimes affronts de cette couleur maudite, le maillot proposé par Umbro en 2015-16, puis celui de 2017-18. Le premier sera vécu comme une insulte aux supporters, puisqu’il adopte clairement la couleur des Girondins de Bordeaux, le second, aux fausses allures de maillots cycliste, ne va convaincre personne.

 

Le gris, sans âme

Non, non, on ne déconne pas, Nantes a bien joué en gris, une saison seulement, en 2008-09. L’équipementier Kappa avait jugé innovant l’idée que Nantes puisse évoluer avec un maillot pleinement grisâtre avec des lignes jaunes sur les bords de manche et le col. Le fameux maillot moulant de l’équipementier italien, dans sa version domicile, n’était pas désagréable à l’œil, mais son équivalence grise avait laissé tout le monde très dubitatif… on veut bien innover, mais là, c’était juste moche et surtout… qui aime porter du gris sur un terrain ?

 

Du rose et de l’orange, oui oui, j’en ai trouvé !

Bon je triche un peu, il s’agit d’un maillot de Bertrand-Demanes, le gardien, en 1983, qui arborait des couleurs rose et grise, avec le logo du club sur le cœur. Il faut avouer que cela reste original. Pour l’orange, il était prétendument porté en 2015-16 par Rémi Riou et Maxime Dupé.