Le 3 septembre 1975, Nantes retrouve l’équipe de France. Quatre ans après un France–Bulgarie remporté devant quelque 9.400 spectateurs, les Tricolores reviennent au stade Marcel-Saupin pour relancer la campagne éliminatoire du championnat d’Europe des nations 1976. Elle y affronte l’équipe d’Islande, qui ne fait pas vraiment partie des grands pays de football, mais qui n’est plus un petit poucet. Les Français ont pu le constater à leur dépens quatre mois plus tôt en concédant un match nul (0-0) à Reykjavik.

L'équipe de France aime Saupin

Le choix de Nantes n’est pas anodin. Plutôt que de risquer de jouer dans un Parc des Princes aux trois quarts vide, la Fédération a préféré miser sur un modeste stade de province pour créer une atmosphère plus chaleureuse autour de l’équipe de France, qui doit absolument remporter cette rencontre. Quinze mille spectateurs sont donc présents dans les tribunes.

Il se trouve que le stade nantais a déjà accueilli un France-Islande dans son histoire. C’était en 1957. Nantes était encore en deuxième division et le stade portait le nom du quartier de Malakoff. L’équipe de France, pour la première fois de son histoire, s’était déplacée en province pour un match éliminatoire de Coupe du monde. Elle l’avait emporté 8-0, avec notamment deux buts de Jean Vincent.

Depuis, le stade Marcel-Saupin a accueilli l’équipe de France en deux occasions : en 1967 contre la Belgique (1-1) puis en 1971 contre la Bulgarie (2-1). Une relation privilégiée s’est créée entre le public nantais et la sélection nationale. Celle-ci est d’autant plus renforcée ce 3 septembre 1975 que le sélectionneur a donné le brassard de capitaine à l’idole locale, Henri Michel.

Henri Michel capitaine des Bleus

A vingt-sept ans, le capitaine nantais honore sa 44e sélection. Il est depuis de longues années le seul joueur du FC Nantes à évoluer durablement chez les Bleus. Il n’est toutefois pas le seul local de l’étape. Jean-Marc Guillou qui évolue à ses côtés au milieu de terrain est natif de Bouaye et a poussé ses premiers ballons du côté de Couëron et de Saint-Nazaire. Mais c’est à Angers qui a poursuivi sa carrière professionnelle, avant de rejoindre Nice au début de cette saison 1975/1976.

Le sélectionneur Ștefan Kovács semble d’ailleurs beaucoup apprécier cette formation niçoise puisque cinq joueurs figurent dans son onze de départ : Guillou, mais aussi le gardien Baratelli, le défenseur Adams, le demi Huck et l’attaquant Molitor. Un Niçois sur chaque ligne. L’équipe compte par ailleurs trois Marseillais (Trésor, Bracci et Emon), ainsi qu’un Lyonnais (Domenech) et un Stéphanois (Rocheteau).

Jean-Marc Guillou, l'enfant du pays

Même s’ils ne comptent que trois professionnels dans leurs rangs, les Islandais font preuve d’une solide résistance face aux Tricolores. Il faudra alors tout le génie de Jean-Marc Guillou pour percer la muraille scandinave. Le Boscéen, servi par son compère Huck, s’appuie sur Henri Michel, efface plusieurs défenseurs et ouvre le score (1-0) après vingt minutes de jeu.

On ne peut pas dire que l’équipe de France soit impériale, mais elle reste supérieure à son adversaire. En seconde période, Guillou s’illustre à nouveau en envoyant une frappe soudaine dans la lucarne islandaise. A un quart d’heure du coup de sifflet finale, l’équipe de France mène 2-0 et s’est mise à l’abri d’une mauvaise surprise.

A trois minutes de la fin, l’Angevin Marc Berdoll, qui a remplacé Molitor à la pause, inscrit le troisième but qui assure définitivement la victoire française. Le public nantais se lève pour acclamer ses héros d’un soir, notamment Henri Michel, impeccable capitaine, et Jean-Marc Guillou, l’enfant du pays, principal artisan de cette victoire.

Nantes, stade Marcel-Saupin, le mercredi 3 septembre 1975
France bat Islande 3-0
Buts : Guillou (20’), Guillou (74’), Berdoll (87’).
FRANCE : Baratelli - Domenech, Adams, Trésor, Bracci - Huck, Michel (cap.), Guillou - Rocheteau, Molitor (46’ Berdoll), Emon. Sélectionneur : Ștefan Kovács.
ISLANDE : Stefánsson - O.Sigurvinsson, Pétursson, M.Geirsson, Eðvaldsson (cap.) - Torfason, Hilmarsson (61’ K.Þórðarson), Leifsson - A.Sigurvinsson, T.Þórðarson, Hallgrímsson (75’ E.Geirsson). Sélectionneur : Tony Knapp.
Arbitre : Albert Victor (Luxembourg)
14 217 spectateurs.