Guillaume est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

Préalablement, dans mon parcours professionnel j’ai été pigiste pour Ouest France et j’ai fait de la communication pour des associations. Depuis 5 ans, j’écris sur le web pour promouvoir le référencement de mes clients. J’aime écrire. Je viens de publier deux livres en 2 ans en profitant notamment de cette période de faible activité liée à la crise sanitaire. J’avais depuis très longtemps le souhait de faire un ouvrage sur le FC Nantes. Nous avons vraiment vécu une aventure hallucinante. Le bouquin je l’avais dans le cœur et dans la tête. Je l’ai écrit en quelques mois.  

 

Ta relation avec le FC Nantes démarre de quelle manière ?

Le football c’est avant tout pour moi une affaire de famille. Nous habitons à Auray mais mon père est supporter du club depuis 1966. Ce n’est pas la mode, ni son réseau d’amis qui vont influencer son choix de devenir supporter du club. C’est bel et bien José Arribas. Mon père aime le jeu et celui du FC Nantes n’avait pas d’équivalent.  C’est avec mon père que je vais vivre mes premières émotions de football. En 1982, j’ai 5 ans la première fois que je découvre Marcel Saupin et j’ai encore, aujourd’hui, les images du stade gravées dans la mémoire.  C’était un Nantes-Bordeaux. Un match particulier puisque Claude Bez le président des Girondins décide de jouer ce jour-là sans gardien de but. Il veut s’opposer à une décision prise par la commission de discipline concernant la suspension de Dragan Pantelic. Le score final de 6 à 0 pour les canaris est assez anecdotique. Depuis cette date, les matchs contre Bordeaux ont toujours pour moi une saveur particulière


« J'ai compris avec la Soc Presse que c'était la fin de ce que j'appelle dans le livre "le foot à papa". » 

Guillaume Le Goslès.

Puis ensuite, tu as été toi-même un supporter du club ?

Oui, pendant de nombreuses années j’ai accompagné mon père au stade, puis j’y suis allé ensuite avec mes amis. J’ai eu la chance de vivre une période extraordinaire. En 1994, Je deviens abonné tribune Loire et je vais le rester jusqu’en 2001-2002, c’est à dire durant 9 saisons. Je faisais les déplacements avec les Young Boys. Après cette période, je vais fréquenter la Beaujoire de manière plus occasionnelle pour ne plus y mettre les pieds à partir de 2008. De mémoire, mon dernier match au stade de la Beaujoire c’était un Nantes-Guingamp.

 

Comment peux-tu expliquer cette rupture avec le club ?

J’ai compris avec la Soc Presse que c’était la fin de ce que j’appelle dans le livre « le foot à papa ». C’est-à-dire le football que j’aime. L’éviction de Raynald Denoueix est une première rupture. Puis, il y a eu l’arrivée de Kita et là clairement je ne m’y retrouve plus. J’ai senti rapidement que son fonctionnement était l’antithèse de ce qu’est le club. La rupture définitive pour moi s’opère lorsque Fréderic Da Rocha et Nicolas Savinaud sont éjectés du club. Tous les deux incarnaient l’âme du club. Aujourd’hui, la passion n’est plus présente mais je reste attaché au FC Nantes. Un soir de match je peux difficilement aller me coucher sans connaître le score de la rencontre. Et je pense que cela devrait en être ainsi jusqu’à la fin de mon existence.

 

Ecrire un livre cela exige beaucoup de temps. Qu’est-ce qui a motivé chez toi l’envie d’écrire ce livre de souvenirs sur le FC Nantes ?

Cet ouvrage était déjà dans ma tête depuis plusieurs années. C’était une évidence pour moi d’écrire sur cette période des années 1980 à 2000. Il aurait pu faire facilement le double de pages si je n’avais pas eu à faire face à des contraintes liées à l’édition. J’avais envie de raconter cette formidable histoire du club à travers mes souvenirs de supporter dans lesquels je l’espère beaucoup se reconnaîtront. A l’époque, souvent entre nous on se disait « c’est fou ce que l’on vit actuellement, plus jamais on ne revivra de telles émotions ».

Le livre est adressé aux personnes qui ont connu cette époque mais aussi aux plus jeunes. A ce propos, je trouve fantastique cet attachement qu’ils manifestent à l’égard du club alors qu’ils n’ont rien vécu de passionnant avec lui. Cela montre bien que le FC Nantes conserve une certaine aura malgré les années qui passent.


Première de couverture du Livre "Est-ce que j'ai raison".

 

Le choix du titre « Est-ce que j’ai raison ? » n’est pas évident à comprendre pour les non-initiés. Tu peux nous expliquer ce qu’il veut dire et pourquoi tu as fait un tel choix ?

Ce titre s’est imposé dans mon esprit assez naturellement. En fait, dans les années 90 cette question était un cri de ralliement pour les supporters indépendants lorsque le club jouait en déplacement.

Dans les tribunes, il y en avait toujours un pour crier « Est-ce que j’ai raison ? » et les autres pour lui répondre « Oui tu as raison - Nantes Champion, Nantes Champion. » Il semble qu’à l’origine ce cri a été créé par un membre de Urban Service, un groupe catalogué comme hooligan et dont je ne partageais pas les idées. Mais, il ne s’agit pas là d’une marque déposée et la paternité est assez secondaire. L’essentiel est que ce cri de ralliement incarne bien cette période. Aujourd’hui, je sais que la Brigade Loire continue encore à l’entonner lors des déplacements. Nantes Champion… c’est un peu plus difficile d’y croire compte tenu du niveau sportif !!!

 

La construction du livre est particulière. Tu n’as pas choisi de faire une narration chronologique comme c’est habituellement le cas mais de structurer ton livre autour des oppositions entre clubs. Pourquoi une telle manière de procéder ?

J’ai consacré un peu de temps à réfléchir à la construction du livre car je ne voulais pas faire un livre linéaire en m’appuyant seulement sur la chronologie. L’idée première du livre c’est à travers mes souvenirs de raconter deux décennies du vécu d’un supporter.

Pour un supporter, chaque opposition entre clubs a sa propre histoire, ses spécificités. C’était important pour moi de restituer cela. J’ai commencé par évoquer les matchs contre Bordeaux parce que pour les supporters de l’époque c’est souvent le match de l’année. C’est le match qu’il faut gagner et surtout ne pas perdre.

A titre personnel, le plus beau match auquel j’ai assisté c’est d’ailleurs en 1994 un Nantes-Bordeaux. Le score final était de 3 à 3. Sur la pelouse de la Beaujoire, ce soir-là, il y avait beaucoup de talents avec de l’autre côté notamment Zinedine Zidane, Christophe Dugarry et Bixente Lizarazu.

Le lecteur peut lire le livre de différentes manières et selon ses préférences en choisissant les souvenirs liés à un adversaire particulier. J’ai aussi inséré à l’intérieur de l’ouvrage quelques réflexions personnelles sur l’évolution socio-économique du football et sur la philosophie de jeu à la nantaise.

 

En conclusion, qu’est-ce que tu penses de la situation actuelle du club ?

Le constat de la situation actuelle est affligeant. Depuis plusieurs années, il y a eu une entreprise de démolition de l’institution FC Nantes et de ses valeurs. Chacun sait qu’il n’y a pas de projet de club, ni de vision en matière de politique sportive. Au niveau du recrutement, c’est vraiment du n’importe quoi. Waldemar Kita est un entrepreneur et nul doute que s’il perdait réellement de l’argent dans la gestion du club, il l’aurait quitté depuis longtemps.

Nous devons retrouver très vite l’identité de ce club et son projet de formation. Reconstruire un club c’est une histoire de volonté. Je ne vois pas pour quelle raison un nouveau Suaudeau ou Fonteneau ne pourrait exister.

Aujourd’hui, je reste optimiste avec ce que se passe avec Le Collectif Nantais et l’initiative prise par Philippe Plantive et les acteurs économiques locaux. J’ai beaucoup apprécié l’interview récente de Mickael Landreau sur votre site La Maison Jaune. Il trouve les mots justes, ceux qui redonnent de l’espoir. Il incarne vraiment l’ADN du FC Nantes. 


Pour continuer cette rencontre avec Guillaume Le Goslès, nous vous proposons de découvrir à travers ce lien la présentation de son livre et le moyen de vous le procurer.