Points faibles : un départ timide et des lacunes visibles

Alban Lafont : L’arrivée de Lafont suscitait beaucoup d’enthousiasme. Mais lors de la première journée, le jeune portier semble fébrile, à l’image de son premier match à Lille, avec des sorties hasardeuses, et un premier but qu’une sortie rapide aurait amplement évité, puis un deuxième pour les mêmes raisons, ajoutées à un manque de communication. Durant les matchs suivants, il y aura le temps de faire les ajustements, mais aussi de travailler les réflexes avec la défense. Dès la deuxième journée, le gardien champion du monde 2018 Steve Mandanda était venu encourager son vis-à-vis nantais, car cela se voyait qu’avec un peu plus de rigueur, Lafont pouvait faire beaucoup de bien au FC Nantes.

Tout est donc affaire de détails : trop loin de la ligne, peu de vitesse dans les sorties dans les pieds, lorsqu’elles ont lieu, difficultés à boucher les angles, à l’image du but qu’il prend à Amiens ou au contraire, pas de sortie du tout, comme contre Metz lors de la dixième journée. Bref, on a vite vu les erreurs, mais en réalité, c’était bénéfique car cela permettait de savoir où étaient les progrès à faire. Mais ces erreurs peuvent couter cher, et le but pris à Brest en est l’exemple parfait, Lafont laissant un trop grand espace sur le centre présumé… qui s’était transformé en tir dans un but quasi vide. De même, l’attaquant bordelais venu de Corée, Jo, peut remercier le portier nantais pour cette position bien avancée qui lui laisse un but assez ouvert pour choisir son côté.

 

Points forts : une prise de confiance, des efforts notables, mais pas récompensés.

Alban Lafont : Il faut attendre la huitième journée pour voir un « match référence ». La rencontre à Lyon face aux Gones a clairement mis en valeur les capacités d’Alban : réflexe, rapidité, solidité. Lafont fera une remarquable rencontre pour préserver la victoire surprise des Nantais. À partir de décembre, les progrès étaient clairement là. Arrêts réflexes, communication défensive, sorties rapides. À l’image du match contre Angers. Le seul souci, et toujours à l’image du même match, est que ce bon travail n’est soit pas décisif, soit pas récompensé. De même, son bon match face au PSG, avec de bonnes interventions face à Neymar ou M’Bappé, n’ont pas su changer le cours du match. À Rennes, dans ce scénario dramatique pour les Nantais, Lafont est en grande forme mais prend trois buts sur trois balles détournées. Face à Lille à la Beaujoire, sa prestation de haut vol qui montre que les manques ont été comblés, n’a pas été récompensée par une victoire.

Autre point fort que l’on n’attendait pas, les penaltys. Cela a commencé face à Rennes lors de la septième journée, puis au retour au Roahzon Park. Mais là aussi, le manque de récompense s’est fait sentir. À Rennes, les Rouge et Noir reprennent la balle sur le champ pour marquer. Enfin, sur ce point, le match le plus marquant reste le seizième de finale contre Lyon, où Lafont stoppe encore un pénalty, mais où sa défense n’a pas repris de rigueur, et l’a amené à refaire des sorties hasardeuses… et encore une fois fatales.

Olliero et Petric : Olliero a rempli son rôle, ce rôle difficile de numéro 2, Petric lui aura pris cette position à quelques reprises. Il y a hélas peu à dire pour Olliero qui a eu le luxe de se tourner les pouces face à la victoire 8-0 en Coupe de la Ligue contre le Paris FC, avant de manquer de précision dans son arrêt au tour suivant face à Strasbourg, laissant filer le seul but du match. Mais sans dynamique, sans continuité, sans longévité dans le travail avec l’équipe première, il est difficile, et même insensé, de faire un jugement des deux hommes.

On peut toutefois saluer la performance de Petric face au PSG, en mettant d’ailleurs un peu en lumière les lacunes citées plus haut pour Lafont. Petric a été fort et correctement placé sur sa ligne, et a cherché à couper les centres. Mais surtout, Petric semble avoir marqué des points dans la hiérarchie des gardiens. À surveiller !

 

Pour la saison prochaine

Pour Alban Lafont : Plus de leadership dans la défense. Inévitablement. La défense nantaise peut avoir confiance en son gardien, mais Alban doit se montrer comme un patron de sa défense. Bon, c’est vrai, Nicolas Pallois a désormais un poids et une voix forte dans ce secteur, mais si à l’autorité d’un défenseur besogneux s’ajoute celle d’un gardien en position de confiance, alors la défense nantaise va commencer à ressembler à quelque chose de très sympathique.

Sur la technique, on n’a rien à demander sur ses réflexes, sa vitesse et sa vision du jeu. On s’est découvert peut-être aussi un amateur de Landreau, vu les penaltys stoppés…. En revanche, Lafont devra travailler son placement qui peut vraiment couter cher lors de parties serrées. La distance qu’il met par rapport à la ligne peut sembler parfois inquiétante, parfois fatale (comme à Brest, ou à Bordeaux), surtout pour un gardien qui ne se fait pas remarquer sur sa détente.  Enfin, si ses réflexes de pieds sont impeccables, on ne serait pas contre un peu plus de balles bloquées, plus que repoussées.

Pour Alexandre Olliero et Denis Petric. Pour Olliero, les dés sont jetés : un prêt à Pau. Il semble que Petric ait pris un certain ascendant sur la fin de saison. D’ailleurs, peu après l’annonce du départ d’Olliero, Denis Petric a prolongé avec le FCN. Ce sera donc à lui que reviendra la présence et l’accompagnement du gardien numéro 1 qui doit continuer, mais cela se joue sur des détails difficiles à commenter, comme disait Franck Raviot, l’entraineur des gardiens des Bleus au mondial 2018, les gardiens c’est « la famille dans la famille ». En revanche, il faudra suivre la progression de Petric qui pourrait donner un coup de pression positif sur Lafont. On l’encourage donc à se mettre en valeur lorsqu’il en aura l’occasion, comme contre le PSG !

 

Verdict : Saison correcte

Ne prenons pas ce verdict avec une impression de sévérité. Car Alban Lafont doit rester à Nantes en tant que gardien numéro 1, nous défendons cette position coûte que coûte. La saison d’Alban est incomplète, mais elle allait vraiment dans le bon sens, on a vu un portier un peu perdu, un peu stressé au début, puis un vrai gardien dévoué, renforcé en confiance et en autorité, mais qui a subi le manque de résultat du club dans la suite de la compétition. Cette note doit traduire le souhait de voir Lafont continuer sur cette trajectoire, car un tel talent, conservé et travaillé dans la durée, peut devenir un grand gardien du FC Nantes et de la Ligue 1, et si le club souhaite avancer, c’est ce dont il a besoin. De plus, on ne peut clairement pas remettre en question l’investissement du joueur dans sa saison.

Dans l’ensemble, Nantes se retrouve avec deux bons gardiens. Leur avantage, c’est qu’ils sont désormais deux éléments certains : Braat, Dupé et Olliero sont tous les trois partis. Désormais, ils savent que le club compte sur eux. Si la marge de manœuvre est visible, on peut rester satisfait de leur travail et cultiver des attentes légitimes sur leur progression. Votre auteur ayant passé 11 ans dans les cages en club, suivez son conseil : devenir un bon gardien, c’est du mental et du temps : donnons-leur du temps.