Pour ne pas changer, les Canaris ont livré en ce samedi 10 mai un match bien terne. Après la purge délivrée face aux Angevins, heureux maintenus de cette 33e journée, les coéquipiers de Pedro Chirivella se seront fait peur comme à leur habitude en encaissant un but à quelques secondes de la mi-temps. A croire que joueurs, staff et direction ont une affection particulière pour le suspens et l’épouvante. Car ce match fut une nouvelle fois épouvantable, dans le jeu comme dans l’envie. Une composition propice à la sieste avec huit joueurs à vocation défensive. Impossible de faire pire. Le monde de la literie devrait peut-être s’intéresser au public nantais. Rompiche.

Refus de jouer

Si tant est que les joueurs furent mobilisés et revigorés pour l’objectif maintien après la courte mise au vert initiée par le staff nantais en amont du déplacement en Bourgogne, cela ne s’est sûrement pas retranscrit sur le terrain. Peu de niaque, peu de pressing, et surtout rien sur les visages des onze titulaires ne traduisant une quelconque forme d’espoir en la victoire. Fatigue psychologique et physique des joueurs ? C’est certain. Jouer le maintien est un exercice mental et corporellement très exigeant. Stagner aux dernières places du classement crée du doute individuel et collectif paralysant ainsi les acteurs. Sur le terrain cela se reflète essentiellement par une absence cruelle de mouvement et des déchets techniques en veux-tu en voilà. Car le FC Nantes a une nouvelle fois refusé de jouer au football hier.

Heureusement pour les Canaris, certains joueurs de l’effectif sont attachés au maillot et à la défense de leurs couleurs. Entré en jeu quelques minutes auparavant au poste de latéral-piston gauche, Louis Leroux a inscrit son second but en professionnel cette saison. Un but salvateur qui a redonné un peu d’allant à ses coéquipiers. Après avoir poussé le ballon au fond des filets, Louis a exulté devant les supporters et supportrices nantais présents au stade de l’Abbé-Deschamps. En les haranguant, il a montré toute sa détermination à tout donner pour son club de formation. Malheureusement, ce but, tout important qu’il est, n’a pu en entraîner d’autres dans cette rencontre.

L’apport de Louis Leroux et de Mostafa Mohamed (entrés en jeu en même temps) aura été visible et se doit d’être souligné. Ils ont fait leur possible pour se battre et encourager leurs coéquipiers à faire de même. En effet, cette équipe a besoin d’énergie, de sursaut d’orgueil et d’une certaine fougue, tant d’éléments qu’ont été capables d’apporter les jeunes nantais lors des quelques matches qu’ils ont pu jouer au cours de la saison. En septembre dernier, Bahereba Guirassy avait inscrit un superbe but en fin de match à la suite d’un rush individuel. A Strasbourg, c’est également lui qui avait marqué le seul but nantais de la rencontre. Leroux quant à lui s’était distingué face à Lens à la Beaujoire avec une énergie hors du commun et un but plein d’abnégation. Dehmaine Tabibou aura lui moins eu l’occasion de s’exprimer, ne bénéficiant que de rares entrées en jeu. Cependant, à chaque fois, il démontre toute sa force de jeu. Toujours orienté vers l’avant, il avait réussi face à Angers à créer du danger. Ne pas avoir donné plus de chances à ces jeunes joueurs aura sans doute été l’une des plus grandes incompréhensions de la saison canarie. Dommage.

Savoir lutter pour son club

Historiquement connu pour la qualité de son centre de formation, le FC Nantes ne plébiscite plus l’accès de ses jeunes pépites à son équipe première, ou alors en de rares occasions. C’est une stratégie regrettable et dommageable tant l’aspect mental est important dans le football. Être fier de porter le maillot jaune et vert s’apprend dès le plus jeune âge. On peut difficilement reprocher à des joueurs itinérants de ne pas tomber amoureux du club dans son état actuel. Or cette distance émotionnelle des joueurs vis-à-vis de leurs clubs, inhérente au football moderne, nuit fortement aux grands clubs formateurs comme le FC Nantes, l’Olympique Lyonnais, les Girondins de Bordeaux etc. Rapidement pillés de leurs jeunes talents, ils se retrouvent souvent à empiler des joueurs dont l’horizon aurait autant pu être l’Espagne, que l’Allemagne ou le Portugal. Des joueurs qui n’ont pas d’attachement au blason et qui dans les matches et moments difficiles d’une saison ne peuvent faire preuve que de détachement face à la situation de leur équipe. Pour autant, il ne s’agit pas de dédouaner les Canaris de leurs prestations scandaleuses tout au long de la saison car ils ont un devoir en tant que joueurs professionnels de donner leur maximum pour le club qui les emploient. Mais il en va plutôt de souligner le caractère logique de la situation dans laquelle se trouve le club depuis une dizaine d’années.

Quand bien même, l’amour du maillot ne fait pas tout. En effet, s’il est de notre droit de critiquer les tactiques mises en place par Antoine Kombouaré cette saison, on peut difficilement douter de son attachement au club jaune et vert. La saison 2021-2022 semble loin et ne sonnent plus que comme d’éphémères moments de bonheur footballistiques dans les mémoires des supporters et supportrices nantais. Si Kombouaré se retire à la fin de la saison, il s’agira de faire la part des choses, d’un côté comme de l’autre.

En attendant, le FC Nantes doit encore assurer son maintien à domicile la semaine prochaine face à Montpellier. En cas de victoire ou de match nul, Nantes sera en Ligue 1 en septembre. En cas de défaite et de succès positifs pour le HAC et l’ASSE, ce sont les barrages qui se présenteront aux Nantais. Allez Nantes !