Quel bilan est-il possible de faire après cette phase de négociation sur plusieurs mois entre Nantes Métropole et le FC Nantes concernant les conventions pour le stade et le centre de formation ?

Les relations entre le club et Nantes Métropole se sont fortement dégradées suite à l’arrêt du projet YelloPark. Quand j’ai récupéré ce dossier, il y avait une fracture entre le président Kita et la collectivité de Nantes Métropole dans son ensemble. Une défiance même généralisée. Défiance vis-à-vis des élus, défiance envers Kita, défiance à l’égard des supporters. En résumé, le dossier YelloPark a laissé beaucoup de traces.

Dans cette négociation sur les conventions, il était important d’apporter de la sérénité car le contexte était complètement crispé par ce dossier du YelloPark. L’objectif était de signer les conventions dans un délai d’un an et de pouvoir le faire dans un climat apaisé. Les élus de Nantes Métropole n’étaient pas tous sur la même longueur d’onde. Il était aussi important de travailler en transparence avec les supporters. 

 

Comment avez-vous procédé pour y parvenir ?

Nous avons appliqué des critères objectifs en prenant appui sur les pratiques de clubs comparables. Au vu du contexte, et sachant que nous ne disposions que d’une seule année pour agir, il était difficile de faire évoluer en profondeur le contrat. Nous avons pris la décision de repartir sur une procédure de mise en concurrence (puisque c’est la loi) et un bail de courte durée (2 ans). Une manière de se donner du temps pour être ultérieurement plus ambitieux. Lorsque nous avons transmis cette décision à Waldemar Kita il est clair que cela n’a pas contribué à améliorer nos relations. Nos propositions concernant l’aménagement nécessaire du Centre de formation n’ont d’ailleurs pas trouvé une issue favorable. La direction du club exprime sa volonté de déménager à Vair-sur Loire sans nous informer sur l’avancement de son projet.


"Ce dossier du YelloPark a fait beaucoup de dégâts sur le plan relationnel"

Ali Rebouh

 

Nous avons vu que dans votre communication vous étiez plutôt satisfaits de la revalorisation financière de la convention relative au stade en annonçant notamment que celle-ci était multipliée par 3. 

Nous étions attendus sur ce sujet et symboliquement il était important de montrer que Nantes Métropole avait traité ce dossier d’une manière rationnelle. Sans esprit de revanche et sans concession, Ce qui est le cas. Quand on regarde les chiffres en prenant comme référence l’année 2019 pour la billetterie et les recettes partenaires on arrive à 450 000 euros.

 

Certains groupes de supporters estiment que c’est en fait beaucoup moins parce que la municipalité prend à sa charge le coût de la pelouse et ce que cela n’était pas vraiment prévu dans la négociation initiale…

Je sais effectivement que le sujet fait débat. Le coût estimé d’une nouvelle pelouse c’est environ 1,5 million et elle sera refaite lors de l’intersaison 2022. Cette pelouse est indispensable pour accueillir la Coupe de Monde de Rugby et les Jeux olympiques. Le cahier des charges oblige à faire une surface de jeu plus large. Est-ce que nous pouvions prendre le risque d’attendre indéfiniment la décision du FC Nantes avant de se soumettre à cette exigence des exigences fédérales. D’autant que la convention selon notre choix porte seulement sur une durée de 2 ans... Nous avons fait le choix de ne pas prendre ce risque. 

 

Dans l’entretien récent à Ouest France, à une question relative au dialogue de sourds entre le club et Nantes Métropole, vous dites que ce climat a été entretenu par les médias, les supporters et les élus. Cette phrase laisse place à de nombreuses interprétations. Que faut-il comprendre ?... 

En fait, cet entretien abordait plusieurs thèmes liés à la rentrée sportive et j’aurais dû être beaucoup plus explicite sur cette question précise concernant le FC Nantes. Ce que je voulais dire c’est que le climat actuel est pollué depuis l’arrêt du projet YelloPark par les mauvaises relations qui existent entre les différents acteurs. La communication est très difficile entre nous. Cette tension existe même au sein des élus comme je l’ai déjà évoqué préalablement à propos de la négociation des conventions. Ce dossier du YelloPark a fait beaucoup de dégâts sur le plan relationnel et il continue encore aujourd’hui à tendre les relations entre les différents acteurs.


Dans un club, les supporters sont une composante importante

Ali Rebouh

Un peu plus loin dans l’interview, il y a une phrase qui pose aussi question « dans son rapport au club chacun estime qu’il a son mot à dire, sauf qu’il y a des réalités économiques. Entre gens de bonne foi ou de mauvaise foi car il y aussi des nostalgiques, ça rend le dossier complexe. » Comment faut-il comprendre cette phrase ?

Il y a beaucoup de passion dans le football et parfois une certaine méconnaissance des réalités économiques. Les nostalgiques dont je parle ici sont ceux qui ont connu la grande époque du club avec notamment les matchs à Marcel Saupin. Je fais un distinguo entre les supporters et les nostalgiques du club car cela concerne à mon sens des générations différentes. Combien de supporters qui revendiquent aujourd’hui  un changement de gouvernance ont connu le titre de 95 ? Très peu. 

 

Quelle relation la municipalité souhaite-t-elle véritablement entretenir avec les supporters ?...

Dans un club, les supporters sont une composante importante. Avec eux, j’ai toujours souhaité avoir un dialogue qui soit le plus apaisé possible. L’écoute doit être dans les deux sens. Nous ne serons jamais d’accord sur tout. Il faut arrêter avec la diabolisation. Chacun est dans son rôle et la vision des uns doit être respectée par les autres. Je sais par expérience que l’on peut discuter avec les groupes de supporters. À Nantes, en tous les cas c’est une réalité.

 

Dans l’article, vous dites aussi qu’être propriétaire du club cela se respecte mais que cela n’autorise pas tout. Ces prochains jours, sur quoi allez-vous être plus particulièrement attentif ?

Pendant des années l’image de la Ville de Nantes reposait sur le football. Aujourd’hui, c’est la culture. Le FC Nantes fait partie intégrante du patrimoine nantais mais son image actuelle est fortement dégradée. Personne n’y trouve son compte et il n’est pas possible de s’en satisfaire. Ce club a une histoire et cela explique pourquoi nous sommes si favorables au maintien du Centre de formation sur notre territoire. Un club qui vit bien et pas seulement au niveau des résultats sportifs… doit être en osmose avec son territoire (les élus, les supporters et les partenaires économiques). Et c’est loin d’être le cas  !!!

 

L’absence d’abonnements génère aujourd’hui une augmentation de 40 % du prix des places. Quelle est votre position sur cette pratique ?...

Dans le cadre actuel nous ne disposons juridiquement d’aucune marge de manœuvre pour agir. Dans l’avenir, nous souhaiterions mettre en place un nouveau type de contrat avec le club et pouvoir y inclure des éléments concernant la politique tarifaire. Le football est un sport populaire et il doit le rester. Évidemment, une telle tarification n’est pas aujourd’hui satisfaisante. À ce propos, il sera d’ailleurs intéressant de comparer avec ce qui se passe dans les autres clubs. En tous les cas, nous allons suivre attentivement les décisions qui seront prises par le club puisqu’il semble vouloir réactiver prochainement une nouvelle campagne d’abonnement. Sur quelles bases, va-t-il le faire ?... Nous ne disposons d’aucune information.