Le FC Nantes, au cours de son histoire européenne, a été confronté en six occasions à une équipe italienne. Avec trois victoires sur douze rencontres, on ne peut pas dire que les Canaris aient souvent dominé le sujet. Nous n’avons toutefois pas vraiment à en rougir puisque ce ratio correspond à la moyenne nationale, qui est de 48 victoires françaises sur 191 confrontations franco-italiennes, soit un match sur quatre. 

C’est aussi le meilleur ratio des Canaris face aux représentants des quatre grands championnats européens. Nantes n’a par exemple remporté qu’une seule victoire contre un club espagnol (Valence en 1980) et ne s’est jamais imposé face à un club allemand ou anglais.

Inter 1980/1981 : initiation au Catenaccio

Le premier club italien que croise Nantes au cours de son histoire européenne est l’Internazionale, que l’on appelle plus volontiers Inter Milan en France. C’était au second tour de la Coupe des clubs champions 1980-1981 (ancienne Ligue des champions) et le FC Nantes de Jean Vincent aborde le rendez-vous avec confiance, encore auréolé de son parcours en Coupe des coupes terminé six mois plus tôt par une demi-finale.

L’Inter qui se présente au stade Marcel-Saupin est fidèle à l’image que l’on de fait du club italien depuis les années 1960 : celle d’un football prudent, regroupé en défense et procédant par de tranchantes contre-attaques. L’équipe nantaise, bien que privée d’Eric Pécout, domine la rencontre sur un terrain détrempé. Mais à la fin du premier quart d’heure, elle se fait surprendre par une contre-attaque éclair initiée par l’Autrichien Herbert Prohaska et conclue par l’Italien Sandro Altobelli.

Les Nantais s’efforcent d'égaliser mais tombent sur une défense intraitable et un gardien, Ivano Bordon, plutôt inspiré. Ils ne parviennent à leur fin qu’à la 70e minute sur un penalty de Patrice Rio. Mais en toute fin de rencontre, l’Inter déploie une nouvelle attaque, le ballon rebondit sur les épaules d’Henri Michel et se retrouve dans les pieds de Prohaska qui ajuste Jean-Paul Bertrand-Demanes.

Une défaite à domicile est difficile à rattraper en Coupe d’Europe. D’autant qu’à San Siro quinze jours plus tard, l’inévitable Altobelli ouvre le score après une demi-heure de jeu. Mais les Nantais jouent plutôt bien et semblent en mesure de réaliser l’exploit. Henri Michel occupe plus souvent le milieu de terrain que le poste de libéro auquel il est assigné et à un quart d’heure de la fin, Loïc Amisse parvient à égaliser. Mais les Jaunes n’iront pas plus loin, piégés par le métier des joueurs lombards. Ils concèdent même un penalty dans les dernières minutes, qu’Altobelli enverra au-dessus.

Les Nantais ont le sentiment d’avoir été éliminés par une équipe qui ne leur était pas supérieure. On leur reproche comme toujours un manque de réalisme sur la scène européenne. Jean Vincent n'hésitera pas à s’inspirer du Catenaccio de ses adversaires et l’appliquera dès la rencontre de championnat suivante à Saint-Etienne.

Inter 1985/1986 : de la folie et des larmes

Cinq ans et demi plus tard, Nantes et l’Inter se retrouvent sur la scène européenne. Nous sommes en quart de finale de la Coupe de l’UEFA 1985-1986 et les hommes de Jean-Claude Suaudeau se rendent à San Siro un peu à court de forme, la reprise du championnat ayant été perturbée par le rude hiver qui s’est abattu sur la France et notamment sur l’Ouest.

Alors qu’on disait l’Inter plutôt moribond, celui-ci va réaliser l’une des meilleures prestations de sa saison et infliger aux Nantais un net 3-0. C’est l’inévitable Altobelli qui s’est rappelé au souvenir de Jean-Paul Bertrand-Demanes en ouvrant le score sur un ballon détourné par Yvon Le Roux. En seconde période, l’Italien Marco Tardelli puis l’Allemand Karl Heinz Rummenigge enfoncent le clou.

Le match retour à la Beaujoire sera une rencontre incroyablement folle. Les Nantais attaquent de toutes parts et ouvrent le score très rapidement sur une tête de Der Zakarian. Mais une fois encore, sur une de ses rares contre-attaques, l’Inter parvient à marquer par Sandro Altobelli. L’attaquant italien a inscrit au moins un but à chacune de ses rencontres face au FC Nantes. Mieux : c’est toujours lui qui a ouvert le score pour son équipe.

Les Nantais réalisent toutefois un match de feu : Halilhodzic donne l’avantage sur penalty, puis Yvon Le Roux marque un troisième but juste avant la pause. A 3-1, l’exploit reste possible. Mais en début de seconde période, les Nantais vont perdre le fil du match sur deux incidents simultanés : en attaque, José Touré retombe mal et se brise le genou, alors qu’en défense, Der Zakarian découpe un adversaire et récolte un carton rouge.

Les jambes coupées et le moral en berne, les Nantais diminués voient l’Inter remonter la pente et revenir à un 3-3 qui les élimine pour de bon. Les hommes de Suaudeau sortent à nouveau avec le sentiment que leur vainqueur était pourtant à leur portée.

Torino 1986/1987 : le navire qui prend l'eau

A peine remis de sa désillusion milanaise, le FC Nantes retrouve un club italien cinq mois plus tard au premier tour de la Coupe de l’UEFA 1986-1987. Le Torino semble a priori moins impressionnant que l’Inter même s’il compte le Brésilien Junior dans ses rangs. Jean-Claude Suaudeau ne peut pas vraiment aligner sa meilleure équipe. En plus des départs de l’intersaison et de quelques suspensions résiduelles, l’infirmerie affiche complet, si bien que l'entraîneur nantais doit puiser parmi les jeunes pour constituer son onze de départ.

Heureusement, il y a Burruchaga, tout frais champion du monde, son compatriote Olarticoechea et son compère Bracigliano, désormais rodé aux rudes campagnes européennes. C’est du moins ce que l’on croit, jusqu’à ce que ce dernier se fasse rouler par un adversaire et écope d’un carton rouge juste avant la pause. En deuxième période, le bateau nantais prend l’eau. Comi ouvre le score, son coéquipier Beruatto double la mise avant que le Néerlandais Wim Kieft n’inscrive un doublé qui transforme la défaite en débâcle (0-4).

Le match retour à Turin n’a qu’un intérêt relatif si ce n’est pour signaler une défense centrale très juvénile composée des jeunes Didier Deschamps et Marcel Desailly, 18 ans tous les deux. Les Nantais réalisent une bonne prestation et obtiennent un match nul (1-1, but d’Anziani) plus conforme à la réelle différence de niveau entre les deux équipes.

Juventus 1995/1996 : à quelques pas d'une finale

Plus de dix ans passent quand le FC Nantes retrouve une équipe italienne en Coupe d’Europe. Son nouvel adversaire vient à nouveau de Turin : c’est la Juventus qui se présente en demi-finale de la Ligue des Champions 1995-1996. Au Stadio Dell Alpi, les hommes de Jean-Claude Suaudeau, privés de leur meneur de jeu Japhet Ndoram, résistent bien face aux bianconeris bodybuildés de Marcelo Lippi. Mais ils terminent la première période à dix, Bruno Carotti ayant été exclu pour fautes à répétition.

En début de seconde période, la Juve prend l’avantage sur un but de Gianluca Vialli. Puis le Yougoslave Vladimir Jugović, à l’heure de jeu, inscrit un superbe but sur un tir lointain. La défaite 2-0 n’est pas insurmontable, mais les Nantais ont fort à faire au match retour à la Beaujoire. Si Japhet Ndoram est de retour dans le onze nantais, la Juve peut compter sur Didier Deschamps, qui était suspendu au match aller.

La Juventus ouvre le score après le premier quart d’heure par Gianluca Vialli. Les Nantais égalisent avant la mi-temps, sur une tête de Éric Decroix. En seconde période, Paulo Sousa inscrit un second but qui semble condamner les Nantais. Mais ceux-ci réalisent une extraordinaire fin de match, qu’ils remportent 3-2 grâce aux buts de Japhet Ndoram et du remplaçant Franck Renou. Il en aurait fallu deux autres pour se qualifier, mais la rencontre, première victoire contre un club italien, deviendra la référence du FC Nantes à l'échelle de l’Europe.

Lazio 2001/2002 : l'exploit de l'Olimpico

Lorsque le FCN retrouve la Ligue des champions en 2001, le groupe du premier tour qu’on lui assigne comprend la Lazio Rome, que les hommes de Raynald Denoueix vont affronter au stade olympique. Contre toute attente, les Nantais ouvrent le score dès le début du match par Nestor Fabbri. Mais l’armada italienne parvient à égaliser rapidement.

C'est un match de haut niveau que les Nantais, pourtant mal en point en championnat, maîtrisent courageusement. A l’heure de jeu, Sylvain Armand arrache le ballon à un adversaire puis remonte tout le côté gauche jusqu’à la surface laziale. Aux seize mètres, il arme son pied droit (le mauvais) et déclenche une frappe qui va se loger dans les filets de Peruzzi (le même qui gardait les buts de la Juventus cinq ans plus tôt). En fin de rencontre, Olivier Quint réalise à peu près la même action qu’Armand à ceci près qu’il centre pour Stéphane Ziani, lequel marque le troisième but en s’y reprenant à deux fois. C’est un coup de tonnerre : le FC Nantes remporte sa première victoire (1-3) en terre italienne.

Les deux équipes se retrouvent un mois et demi plus tard à la Beaujoire pour la dernière journée des phases de poules. Un match nul suffit aux Nantais pour se qualifier alors que la Lazio doit impérativement s’imposer. Mais à l’issue d’un match très maîtrisé, les Nantais s’imposent 1-0 grâce à un but de Pierre-Yves André, marqué de l’épaule ou de l’oreille, on ne sait plus, mais qu’importe. Nantes sera présent au second tour et surtout, il a surclassé pour la première fois un adversaire italien.

Pérouse 2003/2004 : un été à oublier

C’est au cœur de l’été 2003 que le FC Nantes retrouve la Coupe d’Europe, dans une compétition secondaire, la Coupe Intertoto, qui sert depuis dix ans de barrage d’accession à la Coupe de l’UEFA. Après avoir éliminé les Suisses du FC Wil, l’équipe entraînée par Loïc Amisse se retrouve dans une demi-finale qui l'oppose à Pérouse. Un nom tellement peu prestigieux que le match aller attire à peine 5.000 spectateurs au stade de la Beaujoire.

Les Nantais, qui jouent plus cette rencontre comme une préparation que comme un rendez-vous européen, s’inclinent 1-0 sur un but de Marco Di Loreto. Le match retour se termine sur un score vierge qui élimine les Nantais, lesquels auront réussi l’exploit de finir les deux rencontres à dix, Mario Yepes à l’aller et Pascal Delhommeau au retour ayant reçu un carton rouge.

Juventus 2022/2023 : un exploit ou rien

Au moment de retrouver la Juventus en barrages de la phase finale de l’Europa League, le bilan des Nantais face aux clubs italiens ne penche pas en leur faveur. On note que sur les treize buts inscrits, près de la moitié (6) l’ont été par les défenseurs (Rio, Der Zakarian, Le Roux, Decroix, Fabbri et Armand). On constate aussi cinq cartons rouges (Der Zakarian, Bracigliano, Carotti, Yepes et Delhommeau), preuve que les nerfs lâchent souvent face au métier consommé des Italiens.

Bref, si les hommes d’Antoine Kombouaré n’ont pas les faveurs des pronostics, l’histoire ne dit rien qui vaille non plus. Toutefois un exploit reste possible. Il serait d'autant plus remarquable que ce Juventus-Nantes aller et retour est la centième confrontation européenne entre Français et Italiens.