Un podcast de Denis Roux. Réalisation Richard Coudrais

Au début des années 60, un des arbitres majeurs du championnat de France s’appelait Jean Tricot. Un Normand qui obtint même le statut d’arbitre international en 1961.

Evidemment, son patronyme permirent à tous les journalistes sportifs d’alors de multiplier les jeux de mots au gré des circonstances. Je vais également tomber dans cette facilité pour vous démontrer que M. Tricot n’était pas du genre à se laisser tondre la laine sur le dos, surtout quand il en avait par dessus la tête du comportement de certains joueurs, totalement imperméable à ses remarques.

Nous sommes le 10 janvier 1965. Le stade Robert-Diochon accueille 10 000 spectateurs pour la rencontre Rouen-Nantes. Les canaris font un début de saison moyen, avec autant de défaites que de victoires au bout de 18 journées de championnat.

Match haché de nombreuses fautes que M. Tricot sanctionne, en essayant de ramener un peu de calme et de sérénité chez les défenseurs normands, agacés par la technique individuelle et collective des attaquants nantais. “Dès qu’un attaquant de Nantes s’approchait des 16 mètres, il était abattu. Ça tombait comme à Gravelotte”, dira-t-il plus tard. Un avertissement verbal au plus virulent des Rouennais, Michel Sénéchal n’y fait rien.

A la mi-temps, Nantes mène 1 à 0. Huées du public et lancers de pierre sur l’arbitre, coupable aux yeux des supporters de ne pas être impartial. Jean Tricot est furieux. Il se rhabille (ce qui est normal quand on s’appelle Monsieur Tricot), et quitte le stade. Stupeur chez les dirigeants qui dans l’urgence demande au plus capé des juges de touche de le remplacer.

L’histoire retiendra que les Nantais marqueront deux nouveaux buts, par Blanchet et Simon, entamant ainsi une fin de saison remarquable qui les mènera au premier titre de champion de France.

Jean Tricot ne connut pas la même réussite. La commission sportive de la Ligue professionnelle estima que les jets de gravillon n’avaient aucun caractère de gravité, qu’il avait donc eu tort de prendre la décision de rendre son sifflet à la mi-temps. Verdict : trois matchs de suspension.

Un aveuglement bien coupable des autorités qui faisaient face, déjà, à des agressions d’arbitres, notamment dans la région parisienne.

L’histoire de M. Tricot avec le FC Nantes ne s’arrête pas là. Les canaris le retrouveront le 22 mai 1966 pour la finale de la coupe de France contre Strasbourg. Hélas pour prendre une veste…