L’esprit de famille

Ceux qui ont eu la chance de le croiser se souviennent de sa générosité et de son goût pour la relation. Il aimait à dire que le FC Nantes était une grande famille. Sa maison, d’ailleurs, était toujours ouverte. Son épouse Maryvonne et lui n’hésitaient pas à prendre chez eux en pension pendant plusieurs jours les stagiaires qui habitaient trop loin et qui ne pouvaient pas rentrer chez leurs parents. Christian Karembeu, Thierry Bonalair et Joel Henry comme beaucoup d’autres… ont eu l’occasion de fréquenter sa maison comme s’ils faisaient un peu partie de sa famille et il a toujours gardé avec eux des liens très étroits.  

Le président supporter

Il avouait que le football lui avait donné de grandes émotions mais qu’il avait apprécié aussi sa seconde passion : son métier de chirurgien-dentiste.  Il s’installa à Chateaubriant dès l’obtention de son diplôme et il continuera à y travailler jusqu’à l’âge de 80 ans, deux jours par semaine. Il avait la fierté d’avoir connu quatre générations de patients. Evidemment, son moteur était son goût pour la relation.  Il y a quelques mois, il n’avait pas bien vécu l’arrêt de sa vie professionnelle. C’était pour lui une seconde « petite mort » comme l’avait été en 1999 son départ du FC Nantes. Après 35 ans au club, il avait dû quitter la présidence pour des raisons liées aux intérêts économiques et sans doute politiques. Le président supporter qu’il était ne rassurait pas les élus de la Mairie et Jean-Marc Ayrault. Il fallait un profil plus gestionnaire pour faire face aux difficultés financières. Kleber Bobin n’a pas démérité dans ce poste mais il n’a pas été en mesure d’éviter le rachat du club par la SOC Presse.

Le respect des valeurs

Jean-René Toumelin était fortement attaché aux valeurs du FC Nantes et au « Jeu à la Nantaise ». Il nous avait fait l’amitié il y a 2 ans d’une interview où il affirmait que le personnage le plus important du club n’était pas le président mais l’entraîneur de l’équipe première. Toutes les structures devaient être au service de sa réussite. En d’autres termes, le "Jeu à la Nantaise" ne concernait pas seulement le rectangle vert. Il implique tous les acteurs : coachs, éducateurs, joueurs, dirigeants, administratifs.  Jean-René dit JR pour les intimes était fier d’avoir vécu à une époque où le club était une grande famille unie et vertueuse. En effet, à l’inverse des autres grands clubs du football français (Saint Etienne, Paris SG, Bordeaux et Marseille) jamais le club n’a trahi l’éthique sportive.

Un ami fidèle

Il y aurait tant à dire sur la générosité de JR et son attention à l’autre. Aujourd’hui nous sommes très tristes de ne plus pouvoir l’entendre raconter, avec passion, sa jeunesse de supporter du club. Etudiant dans les années 60, il faisait alors les déplacements et partageait avec les joueurs les moments de convivialité.  C’est ainsi qu’il est devenu l’ami de Philippe Gondet, Bernard Blanchet et Robert Budzynski.  C’est ainsi aussi qu’il s’est retrouvé dans cette carrière de dirigeant qu’il n’avait pas forcément choisie mais qui s’est imposée à lui. Il a été président de l’association de 1992 à 1996 pour faire face au risque du dépôt de bilan puis président de la structure professionnelle de 1996 à 2000.  C’était un dirigeant bénévole qui faisait plusieurs fois par semaine en voiture après son travail le trajet entre Chateaubriant et Nantes.  Jean-Claude Suaudeau est devenu son ami le plus proche. L’un aimait parler, l’autre était beaucoup plus secret. Ensemble, ils faisaient la paire. Inséparables, ils habitaient côte à côte à Port-Blanc dans le golfe du Morbihan.

Nous pensons très fort à la famille de Jean-René Toumelin et leur adressons nos plus sincères condoléances.