Episode 2 : FC Nantes 2001 vs FC Nantes 2004

Sur le terrain côté Tribune Loire :

Champion émérite mais certainement le moins attendu et le plus surprenant, tant la saison qui précède et succède à son année de champions sont marquées par une lutte pour le maintien et de vastes doutes sur les qualités d’un groupe qui sont pourtant indéniablement existantes. Composée à 75% de nantais pur beurre made in Jonelière, emmené par un entraineur dans la plus droite lignée des grands coachs du FC Nantes, Raynald Denoueix, l’équipe qui a décroché la huitième étoile : le FC Nantes, saison 2000-2001 !

Sur le terrain côté Tribune Erdre :

Sans titre, mais cruellement performant durant toute une saison, un groupe exceptionnel et mature, avec un capitaine au sommet de sa confiance, emmené par un génie de l’attaque nantaise comme coach : Loïc Amisse. Cette équipe va cogner ses adversaires en Ligue 1, en coupe de France et en coupe de la ligue, et échouer à quelques détails prêts à tout rafler et faire régner la maison jaune une fois de plus sur la France. Dernière équipe nantaise à avoir terminé dans le top 6 du championnat de France : le FC Nantes, saison 2003-2004 !  

Les effectifs :

Prêt à vous regarder dans un miroir ? C’est tout l’intérêt de cette comparaison, de ce face à face, c’est que nous parlons de deux équipes qui disposent dans l’ensemble des mêmes visages, mais avec deux saisons de plus dans les pattes et dans la tête pour le groupe 2004 par rapport au groupe 2001. Et c’est probablement un des arguments qui ira le plus au bénéfice de l’équipe de Loïc Amisse.

Poste par poste, il va falloir chercher le diable dans les détails :

Gardien : Mickaël Landreau vs…….Mickaël Landreau

Avouez, on est bien coincés non ? Le même gardien, les mêmes qualités, les mêmes capacités, et deux physiques plutôt proches. Surtout qu’en 2001 et 2004, Mika écœure tout autant ses adversaires aux pénaltys par exemple, les deux décrochent une place en équipe de France etc…On va pencher sur le Landreau de 2001, car non seulement ce Landreau fut plus décisif, mais son efficacité fut plus remarquée sur l’issue de la saison, là où le Landreau de 2004, bien qu’excellent, n’a pas réussi a donné le coup ultime pour aller vers un trophée.

Défense : Laspalles-Fabbri-Gillet-Armand vs Guillon-Yepes-Gillet-Armand

En 2004, Mario Yepes, c’est probablement le meilleur défenseur de ligue 1, et ce n’est pas un hasard si il est nominé aux trophées UNFP pour le titre de meilleur joueur de ligue 1. Ce n’est pas pour rien si on parle de lui à Madrid, à Milan (qu’il rejoindra plus tard). A côté de lui, Armand, qui devient de plus en plus pesant, puissant, influent dans le 11. Ces deux hommes convaincront le PSG de mettre la main au portefeuille pour se payer les deux en même temps ! Le reste se neutralise plus ou moins avec Gillet présent aux deux années, et Laspalles qui avait peut-être plus d’efficacité, mais moins de longévité que Loic Guillon (qui sera plus tard…capitaine du FCNA).

Milieu : Da Rocha – Carrière – Ziani – Monterrubio vs Da Rocha – Yapi – Berson – Quint

Ici, c’est un poil plus facile : Carrière est nommé meilleur joueur de D1 en 2001, Monterrubio, replacé à l’aile, excelle dans le jeu dynamique nantais, Da Rocha est omniprésent et Ziani retrouve sa jeunesse. En face, Gilles Yapi-Yapi-Yapi-oooo (pardon…) a montré d’excellentes choses, mais sans s’élever au degré de Carrière. Da Rocha en 2004, c’est moins fort, et Olivier Quint devra attendre la saison suivante pour être enfin un joueur central du groupe.

Attaquants : Moldovan – Vahirua vs Moldovan – Pujol

Très difficile, car le Moldovan de 2004 est un monstre, une machine à but, lorsqu’il fait son comeback à Nantes en janvier. A côté de lui, Grégory Pujol réalise probablement sa meilleure année nantaise. Mais bon, Moldovan en 2001, c’est décisif…et Vahirua, c’est un pas vers le titre à chacun de ses buts.

Les bancs : Grondin-Delhommeau-Silva-Deroff-Berson-Olembe-Savinaud-Touré-Ahamada

Vs Grondin-Delhommeau-Cetto-Faé-Berson-Toulalan-Savinaud-Vahirua-Ahamada

On va dire qu’en termes de potentiel, avec Cetto, Faé, Toulalan, et de talent (Vahirua, Savinaud), le banc de 2004 est plus fort, là ou celui de 2001 a peut-être manqué d’expérience. Quant à Grondin, sa saison 2004 était plus en lumière qu’en 2001, avec notamment ce superbe match contre Lyon à la Beaujoire au mois de septembre.

Les coachs : Raynald Denoueix vs Loïc Amisse

Un coach à cinq titres contre zéro. Cinq saisons contre une et demi. Tout est dit.

Egalité

La saison

Comparer une équipe championne à une équipe qui ne l’est pas, c’est plutôt facile comme choix vous ne trouvez pas ? Pas si simple en réalité. Car on parle d’un côté d’un groupe en pleine force de l’âge (2001), et de l’autre, d’un groupe plus mature et qui tente de retrouver son rang (2004). Mais surtout, on doit aussi prendre en compte deux aspects sur le volet compétitif.

D’une part, la saison 2000-01 voit l’Olympique de Marseille (15e), le Paris-Saint-Germain (9e), le champion 1998 RC Lens (14e), et surtout le champion en titre Monaco (11e), rater totalement leur saison, avec seulement Lyon (2e) et Bordeaux (4e) comme grosses maisons terminant à une place honorable. Dans le top 10, on retrouve le promu Lille, Sedan, Troyes, Bastia, qui n’ont rien volé, mais si les Guignols de l’Info avaient fait un sketch intitulé « saison 2000-2001 : plus jamais ça », il y avait quand même une petite raison. Au-delà du championnat, le vainqueur de la coupe de France, Strasbourg, terminera 18e du championnat, en battant aux tirs-aux-buts les amiénois, alors en D2.

D’autres parts et a contrario, la saison 2003-2004 est extrêmement plus relevée, avec deux finalistes de coupe d’Europe dans ses rangs : Marseille (Coupe UEFA) et Monaco (Champion’s League, après avoir éliminé le Lokomotiv, le Real et Chelsea…ça va non ?). Le top 10 comprend, dans l’ordre : Lyon, Paris, Monaco, Auxerre, Sochaux, Nantes, Marseille, Lens, Rennes, Lille.   

Avantage : FC Nantes 2004

Le bilan

La par contre, c’est plutôt facile comme choix. Entre rien du tout, et le graal du foot français, c’est assez évident que le FC Nantes 2001 a quelque chose que le FC Nantes 2004 n’a pas et n’aura jamais : une étoile, une coupe. Ou plutôt deux, puisqu’à cela, il faut ajouter le trophée des champions 2001.

Mais au-delà du palmarès, regardons les chiffres :

Nantes 2001 : 68pts – 34 matchs joués – 21v – 5n – 8d – 58bp/36bc (+22). Meilleure attaque, 4e meilleure défense.

Nantes 2004 : 60pts – 38 matchs joués – 17v – 9n- 12d – 47bp/35bc (+12). 8e meilleure attaque, 5e meilleure défense.

Sur le papier, l’avantage tourne au FCN2001, mais le FCN2004 a joué plus de matchs, pris moins de buts, et n’a un retard de différentiel de victoire/défaite de seulement quatre matchs.

Dans les coupes, c’est encore plus difficile de départager les deux groupes :

FC Nantes 2001 : demi-finale de coupe de France, demi-finale de coupe de la ligue

FC Nantes 2004 : demi-finale de coupe de France, finale de coupe de la ligue

D’un côté on a une équipe 2001 qui se fait sortir par la lanterne rouge du championnat, Strasbourg, par une rude défaite (1-4) et par le rival lyonnais (2-3) pour les deux coupes, de l’autre, une équipe 2004 qui ne sort qu’aux tirs-aux-buts en demi-finale face au PSG, et sur la pelouse du Stade de France face à Sochaux,

Avantage : FC Nantes 2001

A l'international

Bon là c’est évidemment facile : on a une équipe qui va jusqu’en huitièmes de finales de la coupe UEFA en sortant de justesse face au FC Porto. Et en face ? Beh rien, puisqu’en 2003, Nantes termine 9e et ne joue même par l’Intertoto.

Avantage FC Nantes 2001

Les qualités :

Côté FC Nantes 2001, c’est la vitesse, la jeunesse, la chance aussi, parce qu’il faut savoir forcer son destin parfois. Des exemples parfaits de ces qualités sautent aux yeux : Olembe, Monterrubio, Carrière, Touré etc. Côté FC Nantes 2004 ? L’expérience, mais aussi le physique, car sans être forcément plus athlétique, Nantes était bien plus fort en termes de muscles.

Les défauts :

Prendre 5-0 à la maison…frôler la saison catastrophe au mois de septembre…avouez que Nantes en début de saison nous aura fait un peu peur…alors qu’en 2004 il y avait plus de régularité. Mais en 2004, il y avait une ligue des champions, une coupe de France et une coupe de la ligue à attraper…pour finir avec rien.

Défaut commun : l’intersaison qui suit, et la saison, catastrophiques. Nantes en 2001 perd Monterrubio, Carrière et Touré, restant lanterne rouge de D1 jusqu’en décembre. En 2004, Gillet, Armand, Yepes, Ateba, Berson, Ziani, Vahirua, Moldovan, Aristouy, et plus tard Ahamada, Pujol, Grondin, partiront tous, et il faudra le scénario le plus fou de l’histoire de Ligue 1 pour sauver –temporairement- Nantes avec l'effectif qui aura remplacé ce beau monde.

Le tournant :

FC Nantes 2001 :

Le but de Marama Vahirua contre Metz. Un tir inespéré, improbable, qui n’aurait jamais dû rentrer, et pourtant, ce sera bien celui-ci qui nous offrira la première pagaie.

FC Nantes 2004 :

La Panenka de Landreau en finale de coupe de la ligue bien entendu. L’un des plus gros ascenseurs émotionnel de l’histoire des supporters du club. Imaginez un trophée qui vous tend les bras, un seul petit tir, un petit pénalty, qu’il suffira de bien placer pour terminer l’affaire, retrouver l’Europe, consacrer une saison et un superbe parcours en coupe de la ligue, gagner le dernier trophée français manquant à Nantes dans son histoire. Imaginez le spécialiste en la matière, Landreau, le capitaine, le patron, auteur d’une saison géniale, qui a déjà terminé Auxerre en demi-finale, et qui n’a plus qu’à conclure. Toutes ces émotions positives qui laissent place à un lent couteau dans le cœur lorsque le capitaine nantais s’offre une pichenette misérablement mise en œuvre et qui va gentiment dans les mains d’un Teddy Richert moqueur et peu dupe. Le capitaine du FC Nantes a probablement sacrifié un morceau du club ce soir-là.

Le petit plus ?

Vous n’arrivez pas encore à pencher ? Bon…sachez que Le Coq Sportif a souvent su nous faire plaisir…mais en 2001, le maillot, c’était de la bombe.

Qui est le meilleur ? Qui seront les suivants ? C’est à vous de décider !