Dans le livre, on perd de vue le joueur qui tu as été dans ta jeunesse à l’AS Cannes.  Est-ce que tu as continué à jouer au football ?

Mon métier de journaliste sportif fait que je n’avais plus le temps de jouer en club et être disponible le week-end. Je suis passé à une autre vie. J’ai continué à jouer avec mes copains notamment le dimanche matin à Bagatelle au bois de Boulogne. Pierre Cangioni mon patron à Telefoot était président d’une équipe « Les Globe Trotteurs » qui regroupaient des anciens joueurs, des artistes et journalistes. On faisait uniquement des matchs amicaux le mardi et quelques levers de rideau. J’ai joué dans cette équipe de 20 à 38 ans.  

Cette vocation pour le journalisme. Elle naît quand et comment chez toi ?

Depuis tout gosse, j’avais un côté encyclopédiste. Très vite, je me suis intéressé à ce qui se passait dans le foot en Europe mais aussi en Amérique du Sud. J’étais plus que passionné. Je m’amusais à commenter des matchs pour les copains. Comme je n’avais pas de prédisposition particulière pour un métier j’ai saisi l’opportunité de faire un stage à 18 ans chez TF1.  Cela a été ma chance car après tout s'enchaîne pour moi. Si je n’avais pas été conservé, je serais sans doute revenu à Cannes et j’aurai tenu un petit commerce. J’ai eu la chance d’être le right man in the right place.

Dans ce livre, on découvre l’homme d’engagement que tu es. Il y a eu notamment cette incroyable création du Syndicat International des Joueurs Professionnels.

Je suis quelqu’un d’engagé même dans ma manière de parler du football. Je ne pense pas le traiter d’une manière neutre. Quand tu es quelqu’un d’engagé, tu l’es au quotidien dans ton activité comme dans ton quartier. J’ai quitté mon métier pendant trois ans et demi (de 1995 à 98) pour devenir le secrétaire général de ce syndicat.  J’étais proche de Diego Maradona qui portait cette idée depuis 1986. Faire en sorte que les joueurs puissent être enfin associés aux décisions prises concernant les compétitions internationales. Eux qui n’avaient jamais leur mot à dire. C’est Eric Cantona qui m’a convaincu du rôle que je pouvais jouer dans ce projet afin de lui donner une véritable impulsion.

Avec le recul, à travers les décisions prises dans le football on se rend compte que les enjeux étaient importants et qu’ils le restent d’ailleurs ?

C’est vrai que l’on voit que dans le domaine de l’organisation des compétitions, les horaires des matchs ou bien encore pour tout ce qui relève de l’évolution des règles du jeu qu'il y a de quoi s’inquiéter.  Il faudrait que les gens qui dirigent le football écoute les footballeurs parce que sont eux qui sont sur le terrain et qui mettent parfois leur santé en danger. Cette reconnaissance n’existe pas. La motivation des dirigeants de la FIFA ou de l’UEFA restent trop souvent l’argent et le pouvoir d’accorder des choses à certaines fédérations pour faciliter leur réélection.

Ton engagement dans le football a trouvé un prolongement avec l’association « Foot Citoyen » qui a duré 15 ans (2003-2018) et avait pour mission de lutter contre l’incivilité. Quel est ton bilan concernant cette belle aventure ?

Ce qui a été fait a porté ses fruits même si l’association n’a pas été au bout de ses ambitions. Ce projet a mobilisé de nombreux acteurs et notre approche était innovante sur le plan pédagogique. Il y a tellement à faire sur ce sujet.  Aujourd'ui, la fédération mène des actions au niveau des ligues régionales mais elles sont trop souvent ponctuelles. Ce n’est qu’un coup de mercurochrome sur une jambe de bois. Ce qui est dommage c’est qu’au lieu de nous aider, les instances du football nous ont mis des bâtons dans les roues.  Le football est très hiérarchisé et les dirigeants apprécient peu les initiatives qui viennent de l’extérieur.

La dernière question concerne le passionné du jeu. Quel est ton regard sur les évolutions actuelles du football ?

Il y en a une que j’apprécie beaucoup, c’est la passe en retrait au gardien et l’obligation pour celui-ci de jouer au pied. Cela dynamise le jeu. En règle générale, je suis contre les transformations où tout doit porter sur le spectacle. Il faut privilégier le jeu, pas le business. Nous sommes dans une période charnière et il faudrait apprendre à dire stop. La multipropriété doit être régulée car plusieurs équipes d’élite dans la même structure ce n’est pas possible parce qu’il y aura forcément des conflits d’intérêts.  L’argent détruit tout sur son passage : c’est comme avec Attila, l’herbe ne repousse pas.