Sa jeunesse, de nombreux hommes de sa génération la connaissent. La reconstruction de l’après-guerre après quatre ans de souffrance et de privations. Et l’espoir chevillé au corps. Fort de diplômes sanctionnant des études techniques, il trouve un premier emploi à la Cravaia au Mans, une entreprise de travaux publics, qui a le mérite d’être partenaire de l’US Le Mans. C’est donc en toute logique que Claude Simonet intègre le club sarthois comme gardien de but. De son service militaire à Rennes au 41e RI, où il côtoie Jean Vincent, on retient son premier titre de champion de France militaire (1951).

De retour en terre mancelle, il poursuit sa carrière de gardien de but tout en privilégiant son activité professionnelle. C’est dans cet esprit qu’il accepte de venir à Nantes, recruté par l’entreprise de travaux publics EGTP Le Guillou où il n’oublie pas sa passion du football : il joue gardien de but au sein de l’équipe réserve du FCN, en promotion d’honneur. Il est même appelé à deux reprises à suppléer le gardien titulaire du FCN fin 1956, à la suite de la blessure de Dakowski, et en 1958-1959 quand Somlay est indisponible plusieurs semaines. Il continue ensuite, par pur plaisir, de fouler les terrains de football au sein de la Gilles de Retz de Machecoul (1962-1968).

Mais c’est en temps que dirigeant que Claude Simonet est entré dans l’histoire du FC Nantes comme vice-président délégué chargé des finances de 1972 à 1984, vivant l’une des plus belles décennies du club. « J’allais déjeuner une fois par semaine avec les joueurs et tout le staff. Je m’en suis occupé comme si j’étais un président de club professionnel. » Il serait vain ensuite d’énumérer tous les postes qu’il occupe comme dirigeant. Retenons localement celui de président de la Ligue de l’Atlantique (1984- 2000). Mais c’est au sein de la FFF qu’il gravit peu à peu tous les échelons à partir de 1976 pour finale- ment être élu président de cette institution en 1994, poste qu’il occupera jusqu’en 2005.

Son palmarès fait rêver tout dirigeant. Sous sa présidence, l’équipe de France a été demi-finaliste du Championnat d’Europe des Nations (1996), championne d’Europe des Nations (2000), vainqueur de la Coupe des Confédérations en Corée du Sud et au Japon (2001), vainqueur de la Coupe des Confédérations en France (2003). Et bien sûr pour la première fois de son histoire championne du monde (1998). Au soir d’un match du FCN à La Beaujoire qu’il ne manquerait pour rien au monde, Claude Simonet se dit le premier étonné d’un parcours qu’il aime partager avec ses inter- locuteurs, en l’illustrant d’anecdotes et de photos avec des célébrités du sport et du showbiz.

Le poste de président de la FFF lui a valu aussi quelques douloureux souvenirs. Comme ce 11 mai 2002, lors la finale de la Coupe de France, entre Lorient et Bastia. La Marseillaise sifflée par les supporters bastiais fait bondir le président Jacques Chirac qui furieux se tourne vers Claude Simonet : « Ça siffle ? Je m’en vais. » Le président de la FFF est sommé de présenter les excuses de la Fédération, micro en main. Une scène douloureuse puisqu’elle rappelle celle qui s’est déroulée sept mois plus tôt à l’occasion d’un France-Algérie, avec un hymne national également conspué et des envahissements de terrain... Des plaies restées à vif comme le malheureux épisode en 2006 en Corée d’une bouteille de grand cru achetée « que je n’ai pas bue ! », ou comme la présentation édulcorée, et jugée frauduleuse en 2007, des comptes de la FFF.

Des affaires qui ont terni sa fin de mandat et qui, encore aujourd’hui, l’indignent. « J’ai toujours été un bénévole dans le monde du foot ». Au soir de sa vie, la sagesse prend le dessus. Il remercie tout à la fois le football, une bonne étoile, et sa femme Claude qui a été de tous ses combats et de toutes ses conquêtes.

Extrait du livre de Denis Roux " le Dictionnaire du FC Nantes" paru chez Hugo Sport (2021)