Le premier match opposant Nantes au SCO Angers a eu lieu bien avant la création du FCN. Le SCCO, Sporting Club du Crédit de l'Ouest, a été créé à Angers en octobre 1919 et il dispute son premier match le 19 du même mois face à la section football du SNUC, Stade Nantais Université Club. La rencontre se déroule quelque part sur la Route de Nantes sur un champ légèrement incliné, et l'équipe nantaise s'impose 2-1.
Les Canaris arrivent en retard
Le FC Nantes, on le sait, n'est créé que vingt-quatre ans plus tard, et c'est le 5 décembre 1943 qu'il rencontre pour la première fois le SCO, devenu Sporting Club de l’Ouest. Il s’agit d’un match en retard de la septième journée du championnat de France amateur et la rencontre se joue au stade Julien Bessonneau, qui deviendra plus tard le stade Jean-Bouin puis l’actuel stade Raymond-Kopa.
Les joueurs du FC Nantes ont rencontré bien des difficultés pour rallier la cité angevine. Une partie d’entre eux a pris le train de minuit quarante-trois en gare de Nantes, et se sont retrouvés à Angers au beau milieu de la nuit, à la recherche d’un hôtel. Le reste de l’équipe a été embarqué le dimanche matin dans un car affrété par le journal du Phare, mais qui n’arriva à Angers que vers quinze heures, c’est à dire à l’heure où devait commencer le match. Ce n’est donc qu’après seize heures, alors que le soleil commence à décliner que monsieur Papazian, l’arbitre venu de Cholet donna le coup d’envoi du premier SCO-FCN de l'histoire.
Après six journées de championnat, les deux équipes sont dans une parfaite égalité avec huit points, chacune des deux équipes ayant obtenu trois victoires, deux matchs nuls et une défaite. Le championnat de France amateur est alors dominé par l'US Servannaise et Malouine, qui reste la seule équipe invaincue. L'équipe bretonne, souvent appelée à tort US Saint-Malo, doit toutefois cette invincibilité à une décision de la fédération. Elle s'était inclinée contre Le Mans, mais la FFF a annulé le résultat, l'équipe mancelle ayant joué avec un professionnel non qualifié, le dénommé Rousseau.
Une mi-temps au clair de lune
Au stade Julien Bessonneau, les choses tournent mal pour les Canaris. Les Angevins inscrivent deux buts dans les dix premières minutes : le premier par l'avant-centre Paul Escolivet et le second par l'intérieur gauche Pierre Conotte. Les Nantais sont privés de Giovanetti et mettent du temps à trouver leurs marques, d’autant que Lodo a été repositionné en arrière gauche avec pour mission de surveiller le fameux ailier René Combot. Les hommes d’Aimé Nuic se reprennent toutefois très vite et le jeu s'équilibre. Les Jaunes se montrent plus rapides et s'efforcent d'égaliser, mais les attaquants ne se montrent pas assez précis dans leurs tirs.
La seconde période est plus compliquée du fait de l’obscurité, car la nuit tombe vite en décembre et les stades ne disposent pas encore de système d'éclairage pour jouer en nocturne. Les Nantais s’efforcent d'inscrire au moins un but, mais ce sont les Angevins qui vont finalement clore la rencontre dans les dernières minutes. Alors que la visibilité est quasiment nulle, l’avant-centre Paul Escolivet envoie un tir que ne peut voir le gardien nantais Jean Allemany.
C’est la première fois que le FC Nantes s’incline sur un tel score (3-0). La défaite est lourde malgré une bonne partie, selon l'article du Phare, de Gergotich, Kerdraon, Nuic et Vischer.
- En savoir plus sur le Angers-Nantes du dimanche 5 décembre 1943 sur le site histoiredufcn.fr
Parfaite revanche au retour
Les deux équipes se retrouveront un mois plus tard à Nantes pour le match retour. Le SCO est alors en tête du classement et le FC Nantes suit à trois points, derrière l'US Servannaise. Ce 16 janvier 1944, la rencontre se déroule au stade du Vivier, celui de la Saint-Pierre, le stade Malakoff étant toujours en travaux à la suite des bombardements de septembre (Le FCN recevait jusqu’alors au Parc de Procé). Cette fois, ce sont les Nantais qui s'imposent 3-0, buts de René Crépin (6'), Yund (62') et Victor Rivero alias Lodo (86'). Au bout du compte, les deux équipes, décidemment inséparables, partageront la deuxième place du championnat, à quatre points de l'US Servannaise.