A Nantes, il faut reconnaître que la faiblesse du jeu déployé n’est pas une nouveauté pour les supporters nantais. Cette saison ressemble à la précédente qui ressemblait déjà à sa devancière. Chaque année, notre horizon sportif se limite à craindre la relégation en Ligue 2 et nous vivons notre passion avec la peur au ventre.
La logique du bouc émissaire
Le coach c’est le fusible qui saute en premier lorsque les performances ne sont pas au rendez-vous. ll est toujours plus facile de trouver un coupable que de s’interroger sur les causes réelles d’un échec. Cette manière de faire est tellement fréquente dans le football professionnel que la moyenne des contrats pour les entraîneurs n’excède pas douze mois dans notre pays.
Face à cette réalité, nous aimerions manifester à Antoine Kombouaré en premier lieu toute notre reconnaissance concernant son engagement professionnel. Nous n’avons pas oublié cette magnifique victoire acquise en Coupe de France. Le maintien l’année dernière n’avait rien d’évident lorsque le coach a repris l’équipe en mars 2024. Cette saison encore, il n’a rien lâché à l’intersaison lorsque l’idée de le remplacer circulait dans la presse. C’est un guerrier et nous savons que c’est pour lui une fierté que d’entraîner le club de son cœur.
Toutefois, s’il faut parler du jeu minimaliste pratiqué cette saison il faut reconnaître la frustration ressentie par le fidèle public de la Beaujoire. Les supporters espéraient cette année prendre enfin du plaisir dans le jeu compte-tenu de la stabilité de l’effectif, du recrutement de Mathis Abline et de l’émergence de la génération Youth League. Il n’en fut rien et sans doute la responsabilité du coach est engagée. Mais peut-on un seul instant imaginer que son remplacement va régler tous les problèmes du FC Nantes ? Evidemment non et il est crucial que la famille Kita se pose enfin les vraies questions si nous voulons retrouver le chemin de la performance et ne pas encore être obligé l’année prochaine de vivre les mêmes errements.
L’argent n’est pas le problème
Il est souvent évoqué le manque de moyens financiers du club pour expliquer le déclassement du FC Nantes ces dernières années. Mais cette raison n’est pas crédible lorsqu’on compare les budgets des clubs de Ligue 1. Nous sommes au 8e rang avec 80 millions et aucun reproche ne peut être fait à la famille Kita concernant sa volonté de faire face à ses obligations financières.
Mais un tel budget pour obtenir quelle performance sportive ? Le SCO Angers fait sportivement une saison plus intéressante que la nôtre avec un budget de 25 Millions c’est-à-dire 3 fois inférieur au nôtre. Le Stade Brestois a une équipe performante qui brille en Ligue des Champions avec un budget qui est la moitié de celui du FC Nantes. Nous pourrions aussi évoquer le Racing Club de Lens (68 Millions) ou le Racing Club de Strasbourg (65 Millions), sans oublier Auxerre (33 Millions) ou bien encore le Havre (30 millions). A croire qu’il ne faut pas chercher la raison dans l’absence des moyens financiers mis à disposition mais plutôt dans l’utilisation qui est faite de cette manne financière.
Une rapide comparaison avec les autres clubs nous montre que le FC Nantes n’a pas investi dans une politique sportive digne de ce nom et que nous vivons chaque saison comme s’il n’y avait pas de passé, ni de futur. Nous vivons le temps présent avec comme seul horizon le prochain mercato.
Une politique sportive absente
Le problème actuel ne se limite pas au seul choix du futur entraîneur. Nous pouvons même affirmer que le coach providentiel qui pourra demain nous sortir de l’incapacité à performer durablement n’existe pas. Il faut bien le comprendre et l’admettre. Aujourd’hui, ce qui explique la réussite d’un club c’est l’efficience de sa structure sportive dans sa globalité et pas uniquement le charisme ou la notoriété du coach. L’entraîneur c’est le pilote qui prépare en début de saison la formule 1 et qui ensuite affine les réglages d’un match à l’autre. Il utilise l’expertise de toute une équipe qui travaille autour d’un même projet. C’est le staff technique avec des compétences spécifiques mais aussi la cellule de recrutement et le centre de formation.
Et c’est là que le bât blesse puisqu’il n’y a pas au FC Nantes de projet, ni de politique sportive. Et par ricochet, pas besoin non plus d’un directeur sportif pour coordonner les actions et les acteurs autour de principes et de schémas directeurs. Un paradoxe un peu surprenant pour ce club qui est à l’origine, en 1970, de la création de la fonction avec Robert Budzynski.
Comment expliquer que le FC Nantes ne capitalise pas sur les pratiques gagnantes des clubs qui perforent ?
Aujourd’hui, est-il si complexe de comprendre que ce qui fait la force de Toulouse, Strasbourg ou Auxerre c’est qu’il y a une politique sportive. Le coach s’inscrit dans un éco système qui lui permet de travailler dans un cadre préétabli. Cette réalité concerne des clubs dans lesquels on peut voir l’importance du directeur sportif. Grégory Lorenzi (un ancien nantais) conduit avec brio la politique sportive du Stade Brestois. Florent Ghisolfi a fait le bonheur de Lens avant d’aller à l’OGC Nice puis aujourd’hui à l’AS Roma. Le SCO dispose avec Laurent Boissier d’un dénicheur de talents hors pair.
La politique sportive prend appui sur un projet de jeu qui va ensuite influencer le choix du coach, la gestion de l’effectif et le recrutement, la méthodologie de travail de l’équipe première et de la formation. Il faut savoir où l’on veut aller pour avoir la chance de pouvoir y parvenir.
Il serait utile au moment de décider de l’avenir du coach pour la saison prochaine que les dirigeants du FC Nantes se posent enfin la question de l’efficience de la structure sportive car nous mesurons chaque année un peu plus le retard pris par l’absence d’un véritable diagnostic.