Un dimanche après-midi pour l’histoire. C’est en effet le premier duel entre équipes de D2F à ce niveau de la compétition. Qui pour rejoindre en finale le PSG, vainqueur de Fleury la veille (2-4) ?
Le cadre est plaisant, les tribunes sont pleines, et la ferveur dans le stade fait vraiment plaisir à voir.
On s’habitue parfois aux faibles affluences et aux ambiances un peu neutres rencontrées sur les terrains de D1 et de D2 féminine. Force est de constater qu’Yzeure a su mobiliser son public, et l’image renvoyée est très belle, il faut le souligner.
Sur le terrain, côté yzeurien, on retrouve Inès Ou Mahi, ancienne latérale gauche nantaise, qui évolue désormais au milieu de terrain, dans le cœur du jeu. Avec grand succès puisqu’elle joue régulièrement et offre de nombreuses passes décisives.
Coté nantais, c’est malheureusement l’hécatombe au sein de l’effectif. Entre le choix du staff (Ribeyra), les blessures (Peneau, Pervier, Dinglor), la suspension (Le Moguédec) et les sélectionnées en Equipe de France U17 (Oillic et Mossard), les absences sont nombreuses et très préjudiciables. Cela impacte les titulaires évidemment, mais également les options à la disposition du coach suivant le scénario du match.
 

Le fil du match

Le XI de départ
Carré
Dhaeyer, Manceau, Lorgeré (cap.), Gagnet
Bueno, Lelarge
Eloissaint, Eninger, Ringenbach
Pian

La partie débute avec une certaine intensité et un pressing haut mis en place par les deux formations. L’objectif est bien entendu de gêner la relance de la défense adverse, et cela fonctionne bien chez les joueuses d’Ophélie Meilleroux, avec notamment Aurélie Gagnet, si perforante habituellement, et qui est bien bloquée pour le moment dans son couloir gauche.
Les partenaires de Mélodie Carré parviennent néanmoins à prendre le contrôle du jeu et dominent territorialement, sans toutefois se montrer particulièrement dangereuses.
Seul un cafouillage à la suite d’un corner (11’) et une frappe de Margaux Bueno au-dessus des cages (12') inquiètent légèrement Taylor Beitz.
Et malheureusement, l’action qui va suivre va changer toute la dynamique du match. Roxane Manceau perd le cuir au milieu de terrain, Inès Ou Mahi le récupère et tente un ballon en profondeur lobé à destination de Seybanou Mbengue. Trop long, mais Charlotte Lorgeré rate son contrôle de la cuisse, et la numéro neuf d’Yzeure s’échappe, la prend de vitesse et vient crucifier Mélodie Carré d’un plat du pied serein (1-0, 13’).
L’erreur est grossière et coûteuse, mais surtout particulièrement injuste pour une joueuse irréprochable depuis le début de la saison.
Et Yzeure, pour le reste de la rencontre, va s’appuyer sur cette tactique simple mais au combien efficace. De la solidité défensive, des duels physiques et de longs ballons dans le dos de la défense avec pour cible principale Seybanou Mbengue, qui, par sa puissance et sa rapidité, va mettre au supplice les défenseures nantaises.
Les joueuses de Mathieu Ricoul sont coupées dans l’élan de leur bonne entame de match et ne parviennent plus à trouver leurs joueuses offensives.
Seules Thelma Eninger, par quelques fulgurances techniques, Claire Lelarge avec son activité habituelle dans le cœur du jeu, et à un degré moindre, Roseline Eloissaint, volontaire mais manquant de clairvoyance dans ses choix, arrivent à surnager.
Et ce qui devait arriver arriva. Et en suivant le même schéma que le premier but encaissé.
Sur un nouveau ballon lobé en profondeur, Charlotte Lorgeré, trop courte, rate sa relance de la tête, Aurélie Gagnet intervient mais sa passe est interceptée par Seybanou Mbengue à l’angle de la surface de réparation. Celle-ci s’avance et vient tromper Mélodie Carré d’un plat du pied dans le petit filet (2-0, 30’).
La latérale gauche nantaise, exemplaire et essentielle dans les succès nantais depuis le début de la saison, paie donc au prix fort son erreur de relance.
La situation, déjà bien compliquée, devient alors très compromise.
Mais si le FCN est en train de se battre tout seul et que la meilleure défense de toute la D2F est en train de couler, il faut noter la capacité des Yzeuriennes à savoir profiter des faiblesses adverses.
Cinq minutes avant la mi-temps, Mathieu Ricoul s’ajuste et décide de passer à un système à trois défenseures axiales afin de mieux gérer les contres adverses.
Et peu de temps après, ses joueuses s’offrent deux belles situations. Aurélie Gagnet, tout d’abord, frappe au-dessus (42’). Roseline Eloissaint, quant à elle, voit son tir échouer juste à côté du poteau droit de Taylor Beitz, qui semblait battue (43’).
La mi-temps est sifflée sur le score de 2 à 0 pour les locales, et la marche paraît bien haute pour les partenaires de Pauline Dhaeyer.

Aucun changement n’est effectué à la pause, et la reprise s’effectue sur un rythme semblable, avec une nouvelle perte de balle coûteuse, mais heureusement sans conséquence (47’).
Pilar Khoury, que l’on pouvait espérer voir rentrer pour le début de la deuxième mi-temps, fait finalement son apparition, en remplacement d’Océane Ringenbach, trop discrète (54’).
Seybanou Mbengue, de son côté, continue son travail de sape et fait énormément de mal à la défense nantaise. La numéro 9 possède beaucoup de qualités physiques, mais ça ne doit pas faire oublier l’intelligence de son jeu et la pertinence de ses déplacements.
Rapidement, l’impact de l’entrée de Pilar Khoury se fait sentir. Elle apporte sa qualité technique et permet à Thelma Eninger d’être plus libérée et d’avoir enfin quelqu’un avec qui combiner. L’ancienne joueuse de Fleury, visible par quelques fulgurances jusque là, devient omniprésente dans le jeu.
Son corner, joliment frappé, est repris de la tête par Pauline Dhaeyer, et c’est sauvé sur la ligne par Christine Manie (58’).
Nantes pousse fort, et Pilar Khoury s'appuie sur Julie Pian, et frappe, mais c’est arrêté par la gardienne canadienne (60’).
Un coup-franc est obtenu à 20 mètres du but, plein axe. Thelma Eninger s’en charge et Taylor Beitz effectue la parade sur sa droite (66’).
Le danger se rapproche, et les efforts nantais vont finalement payer.
À la suite d’un corner, Julie Pian récupère le ballon sur l’aile gauche et effectue un long centre vers l’entrée de la surface de réparation. Pauline Dhaeyer dévie de la tête pour Pilar Khoury au point de pénalty qui remise involontairement pour Thelma Eninger. La numéro 26 reprend directement et place le ballon avec précision dans le petit filet de la gardienne (2-1, 68’).
L’espoir renaît, et c’est mérité, car l’entrée de Pilar Khoury a mis de l’huile dans les rouages du jeu offensif nantais. Rien ne fonctionnait et sa présence a tout dynamisé.
Sur l’action suivante, sa frappe est malheureusement trop axiale et Taylor Beitz intervient sans difficulté (69’).
Hillary Diaz remplace Roxane Manceau et s’installe dans l’axe central aux côtés de Charlotte Lorgeré dans une défense repassée à quatre éléments (73’).
Et en vingt minutes, à un poste qui n’est pas le sien, la jeune nantaise va démontrer que sa taille, sa puissance et sa rapidité auraient pu faire du bien plus tôt dans le match, notamment pour tenter de résoudre le problème Seybanou Mbengue qui va par ailleurs encore s’illustrer à la suite d’un très long coup-franc. La reprise de volée lobée du pied gauche de l’attaquante va finir à quelques centimètres des buts d’une Mélodie Carré qui était battue (80’).
De l’autre côté du terrain, Aurélie Gagnet, très active dans la dernière demi-heure de jeu, parvient à obtenir un corner. Celui-ci, tiré par Thelma Eninger, aboutit au second poteau, et est repris de volée par Charlotte Lorgeré. L’équilibre est bon, la puissance y est, mais la frappe de la capitaine passe juste au-dessus de la barre transversale (82’).
Cela sera malheureusement la dernière grosse occasion nantaise, malgré une grosse pression mise par les joueuses de Mathieu Ricoul.
Ashley Cardozo, rentrée tardivement à la place d’Aurélie Gagnet (90’), n’a pas le temps d’avoir le moindre impact sur le match, et l’arbitre siffle la fin de la rencontre sur cette victoire d’Yzeure.
Les joueuses d’Ophélie Meilleroux s’offrent une qualification historique pour la finale de la Coupe de France et affronteront le PSG le dimanche 15 mai à Dijon.
 

Les joueuses à retenir

Thelma Eninger. Un peu effacée car trop esseulée et sans relais autour d’elle pendant la première heure de jeu. Quelques fulgurances néanmoins. Mais l’entrée en jeu de Pilar Khoury a tout changé. Et elle a excellé. Encore une fois buteuse, elle s’est montrée très dangereuse et présente dans toutes les actions offensives de son équipe.

Pilar Khoury. Elle fait une passe décisive un peu heureuse sur le but de Thelma Eninger. Une entrée en jeu remarquable et remarquée qui a changé le ton de la rencontre. Sa technique et son sens du jeu ont fait un bien fou. Le regret est de ne pas avoir vu la numéro sept nantaise plus tôt dans le match.

Claire Lelarge. Orpheline d’Anaële Le Moguédec, elle s’est néanmoins montrée très active au milieu du terrain. Présente à la récupération, au pressing et très combative, l’ancienne malouine a tenu son rang. Comme d’habitude. Une valeur sûre.