Après une montée en D1 réussie avec Issy il y a deux ans, vous êtes devenu le nouvel entraîneur du Stade Brestois 29 en début de saison. Qu’est-ce qui vous a plu dans ce projet et aviez-vous d’autres propositions ?

Il y a eu quelques discussions avec d’autres clubs mais rien de bien concret. Ce qui m’a plu dans le projet brestois, c’est qu’il y a un président qui est dévoué pour les féminines. Il a cette intention de faire de belles choses, on est respecté. J’ai carte blanche pour la section et l’équipe première, c’est important pour moi. Brest, c’est la Bretagne donc une terre de football. Il n’y a que des gens passionnés, c’est un club familial. Sur le dernier match, on avait 2 joueurs de l’équipe de Ligue 1 et l’entraîneur Michel Der Zakarian. Ça fait plaisir.
Au niveau des installations, on utilise celles du centre de formation. Après, c’est une question d’organisation avec les autres sections du club. Donc c’est satisfaisant.
 

Vous avez déjà gagné face à Orléans et Saint-Malo à domicile. Comment jugez-vous le début de saison de votre équipe ?

Je suis agréablement surpris de la compréhension rapide des joueuses à notre façon de jouer. Même lors des matchs de préparation, malgré l’absence de victoires, j’étais vraiment satisfait du contenu. On a toujours une marge de progression, on sait où on veut aller avec le staff. Nos adversaires des deux premiers matchs sont de qualité, ils joueront le haut de tableau mais on ne s’est pas gêné de gagner. C’étaient des matchs très équilibrés, ça a tourné en notre faveur alors tant mieux.
Pour les deux prochains matchs (NDLR : le FC Nantes et le LOSC), c’est peut-être les deux meilleures équipes du championnat. Mais on va jouer : on prend les matchs les uns après les autres. Nous sommes outsiders. Certains médias disent qu’on joue le maintien, je l’entends et je l’accepte.
 

En matière d’ambition, quels sont les objectifs que vous vous fixez ?

Aujourd’hui, le président nous a donnés pour objectif de viser la montée sur trois ans. C’est logique, on ne peut pas se permettre d’arriver avec un nouveau staff, la moitié de l’effectif remanié et de dire qu’on joue la montée dès cette saison. Ça serait n’importe quoi. Orléans, Nantes, Lille et Le Havre ont des effectifs assez stables. Ces équipes-là ont les moyens de leurs ambitions de montée. Nous, notre objectif pour l’instant c’est de prendre chaque match dans le but de le gagner. Après, on fera un premier compte à la trêve hivernale mais on n’a pas un objectif précis pour cette saison hormis celui d’être les meilleurs à chaque match.
 


"Ça va faire un beau championnat avec du suspense jusqu’au bout, je l’espère"

Yacine Guesmia



Quels sont les axes d’amélioration de votre équipe ?

Il faut qu’on progresse dans les deux surfaces de réparation. On n’a pas pris de but lors du dernier match contre Saint-Malo donc c’est bien. Mais il faudrait concéder un peu moins d’actions et marquer un peu plus. Mais comme je l’ai dit, on a joué des belles équipes dans des matchs avec une très belle intensité. D’ailleurs, je ne m’attendais pas à en voir autant sachant que les filles n’ont pas joué depuis plus de 10 mois. Dans un premier temps, c’était sur l’aspect athlétique, notre capacité à finir les matchs. Et c’est réussi parce que dans les 10 dernières minutes, on passe au-dessus de nos adversaires. Pour l’instant, il faut appuyer sur cet aspect.
 

Cette saison, le groupe A de D2 est très relevé. Quel est votre avis sur cette édition ?

Je suis hyper content d’être dans la poule A parce que tous les week-ends, il y a de l’intensité et des vrais matchs de football. Tout le monde peut battre tout le monde. C’est beaucoup plus agréable. Il y a vraiment de belles équipes dont 6 ou 7 équipes qui peuvent jouer la montée. Je ne vois pas une équipe surclasser les autres et tant mieux, ça va faire un beau championnat avec du suspense jusqu’au bout, je l’espère.
 

Nantes et Brest se sont affrontés lors de leur dernier match de préparation pour un match nul 1-1. Qu’avez-vous pensé de ce match ?

J’ai retenu la montée en puissance de mon équipe, surtout en deuxième période où on a été supérieur à Nantes collectivement et techniquement. Sur les sorties de balle, malgré la mise sous pression des Nantaises, mes joueuses sont restées sereines avec de la maîtrise technique. En première période, les Nantaises ont pas mal d’opportunités, notamment par Ribeyra et Eloissaint. Ensuite, on a élevé le niveau et pris l’ascendant psychologique sur l’adversaire. Après, c’est dommageable de se faire égaliser en fin de match sur un coup de pied arrêté.
 

Pour le match de dimanche au Stade Marcel-Saupin, à quel type de match doit-on s’attendre ?

La seule certitude que j’ai, c’est que ça va être dur. D’ailleurs, notre objectif c’est de rendre le match compliqué pour les Nantaises. Je pense qu’il y aura beaucoup de duels et d’intensité. Les 30 premières minutes vont être assez intenses pour les deux équipes, avec beaucoup de pression et des organismes frais. Mais s’il faut qu’on prenne l’avantage à la 96ème minute, moi ça me va.
 

L’arrêt du championnat de D2F dû au COVID a été très long. Comment vous êtes-vous adaptés pour éviter les blessures lors de la reprise ?

On a repris une semaine plus tôt en faisant très attention. Mickaël Pinto, qui travaillait au FC Metz, est mon préparateur physique et c’est du très haut niveau. Il a réussi à convaincre le club d’acheter des GPS pour la section. Avec le logiciel SoccerBI, il surveille toutes les charges d’entraînement. Il est déjà arrivé qu’il dise à une joueuse de ne pas s’entraîner et de faire de la récupération, tout ça pour limiter les blessures. Je touche du bois, on n’a eu que des simples alertes mais on a prévenu les aggravations avec des soins. Je fais confiance à mon staff. C’est la première fois que j’ai aussi peu de blessures alors que les filles ont repris après un long arrêt.
 

Vous avez coaché en D1 Arkema et en D2F. Quelles sont les différences majeures ?

Entre la D2 et la D1 haut de tableau, ce n’est pas le même sport. En revanche, une équipe de haut de tableau de D2 peut rivaliser avec une équipe de bas de tableau de D1.
En termes d’intensité, c’est complètement différent. En D1, les erreurs se paient cash. Les sanctions viennent beaucoup plus rapidement. Le niveau technique est plus élevé et l’aspect athlétique est tout autre.
Au niveau des entraînements hebdomadaires, j’en fais davantage à Brest qu’à Issy en D1. Là, on vient de s’entraîner et de finir notre sixième séance (NDLR : hier soir). Il y avait aussi une séance de soins lundi. On s’entraîne à huit heures du matin et parfois à 16 heures. Ça permet à chaque joueuse de s’entraîner au moins 4 à 5 fois dans la semaine, en fonction de leurs disponibilités. Nos semaines sont bien chargées.
Pour les contrats fédéraux, on en a deux à temps plein et trois à mi-temps. On est le petit poucet, on va essayer de se maintenir tranquillement.
 

La Maison Jaune remercie Yacine Guesmia pour le temps et la confiance accordés