Bonjour Vincent, vous êtes originaire de la Moselle où vous avez grandi avec vos 6 frères et soeurs. 
Comment cette passion vous êtes elle venue ? 

VB: « Ça ne se pose même pas comme question parce que dans l’environnement familial le foot c’était quelque chose de sacré comme d’aller à l’église avec mes parents, une seconde nature. »

Vous intégrez le centre de formation de Metz et vous arrivez rapidement en équipe première lors de la saisons 1976/1977 avec Pascal Raspollini et José Souto.
A ce moment, comment ça se passe pour vous ? 

VB: « J’intègre le centre de formation à 16 ans. Je fais mes débuts avec l’équipe première à mes 17 ans contre Lyon mais je n’entre pas en cours de match. Ce n’est qu’à l’âge de mes 18 ans que je suis appelé régulièrement avec l’équipe première de Metz. »

Débute alors une carrière de 9 saisons sous les couleurs des grenats et blancs. Avec des résultats en dents de scie en championnat mais surtout une coupe de France remportée lors de la saison 1983/1984.
Avez-vous un souvenir de cette époque sous les couleurs du FC Metz ?

VB: « Oui je me souviens très bien. À cette époque, nous jouions pour ne pas perdre, chaque année nous nous en sortions. Puis, peu à peu, on a commencé à avoir une équipe solide avec des joueurs qui se connaissaient, on a commencé à embêter les grands. 
L’année où on gagne la Coupe de France, on termine 5ème du Championnat. L’année d’après, on joue la Coupe des Coupes, cette année là on termine 4ème. On était alors sur une belle dynamique ! De plus après mon départ, Metz a continué à évoluer et à progresser. 
Donc voilà le cheminement du FC Metz, au début nous jouions pour ne pas perdre et à la fin nous étions une équipe avec de bons résultats.
»

Cette coupe de France va vous permettre de jouer la Coupe des Coupes, lors de la saison 1984/1985 et de réaliser un des plus bel exploit du football français. Dans votre groupe, vous tombez contre Barcelone. Le match allée, la logique est respectée avec cette victoire 4-2. Mais le match retour, vous créez l’exploit (1-4 pour le FC Metz). 
Racontez-nous 

VB: « Quand on reçoit Barcelone , on reçoit les stars de l’époque. Quand on les joue chez nous, on avait plutôt tendance à les regarder jouer. Lors du match retour, la seule chose que l’on voulait c’était d’avoir le sentiment de s’être battu. Au retour, on a eu un peu de chance bien sûr, mais il y a eu aussi un concours de circonstances. Tout d’abord, il ne nous attendait pas à ce niveau là, alors qu’au contraire nous étions à 300 % de nos capacités. Ces matchs là, ils ont une qualité, ils forment un groupe. C’est un souvenir grandiose pour moi, parce que quand je me le remémore, je repense à cette descente du bus où on est fier de porter le survêtement du FC Metz et on voit passer à côté de nous des voitures de luxe. Il y avait la un vrai décalage entre nous et eux, j’étais vraiment très très loin de tous ça. Moi, j’avais une une Renault 8 et j’étais très content ! »


A la fin de cette saison, Metz termine à une honorable 4ème place. Après pratiquement 10 ans au FC Metz, vous décidez de changer d’air, et rejoignez le FC Nantes. 
Pourquoi ce choix ? 

VB: « A Metz, on arrivait à la fin d’un cycle. On était 5-6 à être sortis du centre de formation et à la fin de la saison, nous avons tous été contactés par des grands clubs du championnat pour partir. A mon époque, lorsqu’on partait d’un club on restait en France. Personne ne partait à l’étranger hormis Platini. Moi j’ai eu le choix entre Monaco, Nantes ou le Paris Saint Germain et j’ai choisi Nantes pour le jeu. C’était très clair et aucun regret. »

Cette première saison, du côté de la cité des Ducs, sera plus qu’aboutie sur le plan collectif avec une 2ème place en championnat et une élimination en quart de final face à l’Inter de Milan. 
D’un point de vue personnel, elle sera marquée par ce but d’anthologie contre le Partizan Belgrade au cours d’un match parfait, 4-0.
Décrivez-nous ce but à la Maradona 

VB: « Merci (rires), mais je marque un but dans la circonstance du jeu où je me retrouve au début et à la fin de l’action. Je dirais qu’au delà de ça quand je marque le but, ça a fait l’effet inverse. Après coup mes coéquipiers nantais m’ont expliqué que si j’avais été issu du centre du formation, je n’aurais jamais marqué. Sur le coup je ne comprenais pas ce qu’ils voulaient me dire. Avec le recul, aujourd’hui j’ai compris. Ils voulaient m’expliquer que le jeu à la nantaise était tellement issu d’un collectif que l’individu pouvait difficilement s’exprimer. Il était donc incompréhensible qu’un gars tout seul fasse quelque chose qui n’était pas dans la lignée de cette formation. Tout ça, je ne l’ai compris que bien plus tard et je l’ai mal vécu. Il a fallu que je comprenne que l’individualité devait se fendre dans le groupe, ce qui impliquait de perdre sa personnalité au profit du collectif. C’est pour ça qu’à un moment donné ce fut très difficile pour moi à Nantes. Je n’ai pas réussi à perdre ma personnalité au profit du groupe. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, mais c’était la réalité. »


Au total, vous restez 4 saisons du côté de Nantes avant de rejoindre Nîmes en seconde division, une équipe composée de vieux briscards avec René Girard, Thierry Ninot, José Luis Cuciuffo. 
Quel souvenir gardez-vous de cette période ? 

VB: « Je serai bien resté à Nantes. Mais après une blessure aux ligaments croisés, on m’a proposé de rester tout en sachant que l’on voulait faire venir Paul Le Guen. J’ai compris que les dirigeants voulaient me garder sans faire trop d’efforts. J’ai donc compris qu’il fallait que je parte. Je suis arrivé à Nîmes plus pour le cadre de vie que pour le projet sporti. Je pensais qu’il serait mon dernier club, j’avais 30 ans et avais subi des blessures. Et à Nîmes ça c’est très très… mal passé (rires). Mais Nîmes, à ce moment là était en deuxième division. Je reste 3 ans au club, lors de ma première saison à Nîmes, l’équipe arrive à accéder à la ligue 1 et lorsque je repars, elle redescend dans la foulée. » 

Lors de la saison 1991/1992, vous revenez dans l’ouest de la France. Plus exactement en Vendée à Luçon en national. Vous terminez votre carrière en tant que joueur-entraineur.
Comment en êtes-vous arrivé là ? 

VB: « Lorsque je reviens dans la région nantaise, je cherche une reconversion. Luçon m’appelle pour rentrer dans le projet sportif. Au départ, j’ai connu une très bonne période en tant que joueur. Après ça a commencé à être plus difficile. L’année d’après, je monte un projet sur Nantes et prévient le président que je serai moins disponible. Au milieu de saison, il a commencé à ne plus trop avoir confiance et il avait raison. Mais à la fin de saison, le président vire l’entraîneur de Luçon et il m’appelle pour me proposer le poste. Pendant un an, je deviens entraîneur joueur avec un autre entraîneur, Bruno Périer. »

Puis vous mettez fin à votre carrière de joueur et vous éloignez du monde du football, pour intégrer un tout autre monde… celui de la restauration. 
Pourquoi ce changement d’horizon ? 

VB: « C’est un pur hasard. Je cherche une reconversion. J’essaie différents domaines, les assurances, l’immobilier. Mais ce sont des milieux dans lesquels je ne me sens pas à l’aise. Lorsque je reviens jouer à Luçon, j’habite à Nantes derrière le ‘’café de la Jonelière’’. Lorsque j’étais joueur au FC Nantes, je me rappelle avoir promis à la patronne de l’époque, que je rachèterai son café. A l’époque, c’était pour la blague, mais il se trouve que je me revois devant elle des années plus tard lui dire: ‘’Germaine, je te rachète aujourd’hui’’. Après ça, j’ai fais beaucoup de travaux. La veille de l’ouverture, je réalise que j’ai ouvert un bar et je ne sais pas comment ça marche (rires). L’ouverture se fait le jour d’un match de coupe d’Europe du FC Nantes. Tous les journalistes savaient que je venais d’ouvrir le bar ‘’La Belle Equipe’’, ils ont commencé à s’installer aux bars et à commander des verres. J’étais seul derrière le bar, sans expérience. Finalement j’ai servi à tout le monde des bières. Je me suis senti tout de suite à l’aise et c’est comme ça que ma seconde carrière a commencé !»

En premier lieu, vous avez ouvert La belle équipe en 1995 ainsi que La cantine du général de Nantes, et enfin la La passerelle de Marcel en 2011.
Quel souvenir gardez-vous de cette seconde vie loin du foot ? 

VB: « Je dirai que j’ai passé plus de temps dans la restauration que dans le foot. Et aujourd’hui, je me considère plus restaurateur que footballeur. J’ai trouvé un réel plaisir dans ce métier. Je m’y suis retrouvé un peu comme un entraîneur, j’avais une équipe et il fallait la gérer. J’avais des employés avec des rôles spécifiques dans chaque domaine.  Mon chef cuisinier, c’était mon numéro 9. C’est à dire que, comme les numéros 9, ce sont des tempéraments compliqués à gérer. Le numéro 6, c’était celui qui était en salle. Et je me suis régalé ! »

En parallèle à votre vie de restaurateur, vous revenez à la maison jaune à la fin des années 2000. A ce moment là, vous devenez responsable du recrutement pour le centre de formation pendant 5 ans. 
Que gardez-vous de cette expérience ? 

VB: « Le recrutement, je n’étais pas fait pour ça. C’est bien pour ça que j’ai pris la décision de quitter le poste. Les ventes et les achats ça ne me plaisait pas, et aujourd’hui le football pour les jeunes tourne autour de ça. Il ya des gens qui ont cette âme d’acheteur et de vendeur, moi ce n’était pas le cas. Dans le football actuel, on ne découvre plus un joueur, soit on est capable de l’acheter soit on ne l’est pas. Donc pour ne pas faire perdre le club, il fallait mieux que, quelqu’un qui a les compétences pour bien négocier, me remplace. Aujourd’hui, on découvre des joueurs tel que ‘’Mbappé’’ à l’âge de 6 ans, les recruteurs savent qu’ils existent. Il faut simplement trouver le club qui les accompagnent financièrement pour les faire venir. »

Comment faire pour qu’un club comme le FC Nantes recrute des jeunes joueurs à potentiel ? 

VB: « Aujourd’hui, la seule chose certaine, c’est que vous pouvez recruter des jeunes plus âgés qui sont des deuxièmes chances. C’est pour ça qu’aujourd’hui, les clubs regardent en national. Des gars comme Ribéry par exemple. Pour de la discipline, des jeunes peuvent être virés du centre de formation. Ils deviennent mature dans des clubs amateurs et là, il faut les repêcher. C’est le cas aujourd’hui au FC Nantes avec le recrutement d’Abdoul Kader Bamba. »

Aujourd’hui, vous restez un supporter nantais et suivez avec attention l’évolution du club.
Que pensez-vous du début de saison de nos nantais sous la houlette de Christian Gourcuff ? 

VB: « Je trouve que Gourcuff, en venant à Nantes, a cette chance d’être plus mûr et d’avoir pu prendre du recul. On a la chance d’avoir un entraîneur qui est aussi détaché et qui arrive dans un club où a été réalisé un recrutement réussi. Il y a quelque chose qui se construit, j’y crois. Je trouve que cette équipe a quelque chose en plus cette saison. Bamba et Simon sur les côtés. Blas, Touré et Louza aux milieux de terrains sont des éléments très intéressants. Coulibaly, qui est très critiqué en ce moment mais il ne faut pas oublier comment était Emiliano Sala à son arrivée, comment il était perçu par les supporters. Pendant un an et demi, il marquait très peu mais il s’est révélé à force de travail. J’ai l’impression que pour Coulibaly, c’est le même processus. Personnellement, je vois un beau printemps arrivé pour le FC Nantes. » 


Alors que vous avez été responsable du recrutement pour le centre de formation, vous devez avoir un oeil sur Imran Louza. 
Que pensez-vous de l’évolution de la formation des jeunes au FC Nantes ?

VB: « Quand on regarde le centre de formation, on voit que le FC Nantes a toujours la capacité à sortir de bons jeunes. Louza en est un parfait exemple. Lorsqu’on regarde les U17, ils viennent de remporter le championnat de France. Les U19 qui évoluent sous Stéphane Ziani sont aussi performants. »

Alors que le mercato hivernal approche à grands pas, 
pensez-vous que le FC Nantes doit se renforcer sur certains postes ?

VB: « Moi, je ne changerais pas. Je sais qu’il y a Marcus Coco qui va revenir à un moment. Le jeune Elie Youan à qui il faut laisser du temps. Puis Nantes n’est pas assez riche financièrement pour doubler les postes. J’ai entendu le nom de Kevin Gameiro, mais ce n’est pas un élément pour nous. A part le fait d’avoir un nom, ce n’est pas ce qu’il nous faut ! Faisons confiance à nos joueurs. »

Est-il possible de vous revoir près d’un stade de football en tant qu’entraîneur ? 

VB: « J’ai passé mes diplômes d’entraîneur. J’ai failli revenir mais je me suis accompli dans ce que j’ai fait. Je retrouvais en cuisine le plaisir que j’avais à manager. Mais la question reste en suspens pour moi. »

Merci à vous. L'équipe de la Maison Jaune vous souhaite une bonne continuation et de bonnes fêtes de fin d’années et allez Nantes !