(Photo France Bleu Loire Océan, Ricardo Faty à droite au côté d'Alou Diarra)
 

Bonjour Ricardo, tout d'abord merci d'accepter de répondre à nos questions. Comment vas-tu ? 

Bonjour Maxime, merci de l'intérêt porté. Je suis en Turquie depuis 2015, après un passage à Bursaspor pendant trois saisons, je suis désormais à Ankaragücü où je suis arrivé en 2018. J'avais résilié l'an passé à cause de quelques soucis de versements de salaire avant de resigner par la suite en Août. J'ai donc fait une saison pleine puisque j'ai enchaîné tous les matchs. Je me sens bien, même si la saison a été compliquée puisque nous sommes relégable, il nous reste huit matchs ; cependant nous ne savons pas si nous allons reprendre la saison. Nous reprenons l'entraînement lundi 4 mai. Je suis donc, en attendant, à la maison avec la famille, les enfants. La Turquie a été moins impactée par le virus qu'en France, nous croyons donc à la reprise du championnat.

Peux-tu nous retracer un peu ton parcours de formation, tout en nous rappelant le poste que tu occupes ?

J'ai été pré-formé à Clairefontaine, à l'INF, de 13 ans à 16 ans, entre 1999 et 2002. J'étais dans la génération 1986 avec les Abou Diaby, Geoffrey Jourdren (ex-Montpellier), Hatem Ben Arfa, Sebastien Bassong. J'ai ensuite rejoint le RC Strasbourg. Je gravis les échelons petit à petit chez les jeunes avant d'intégrer l'effectif professionnel en 2004. Je joue mon premier match en pro en 2005 en coupe d'Europe face à Bâle, et la semaine d'après j'effectue mon premier match en Ligue 1 face à l'ASSE. En ce qui concerne mon poste, il faut savoir qu'en jeune j'ai généralement occupé une place offensive (ailier notamment), avant d'être formé en tant que milieu défensif à Strasbourg, et dépannant au poste de défenseur central à l'occasion. 

Tu rejoins ensuite le club de la ville historique de la Roma...

En 2006 je pars en effet en Italie, je n'avais pas encore signé mon contrat pro à Strasbourg même si je jouais de plus en plus avec l'effectif professionel, où j'ai par ailleurs effectué un match en coupe d'Europe contre l'AS Rome, qui m'a donc repéré lors de cette rencontre. Ils ont profité du fait que je n'avais donc qu'un contrat de stagiaire à l'époque pour me faire signer. A 19-20 ans je fais donc le grand saut en Italie. Luciano Spaletti me voulait personnellement, ce qui m'a convaincu de rejoindre son équipe, son club, dont je suis fan depuis tout petit, malgré la manifestation de plusieurs équipes anglaises. Lors de ma première saison, j'apprends beaucoup aux côtés de grands joueurs (De Rossi, Mexes, Totti...), je participe également à quelques matchs de Ligue des Champions. Malheureusement, je me blesse en milieu de saison (déchirure à la cuisse et éloignement des terrains pendant trois mois), ce qui m'handicape un petit peu alors que j'étais plutôt bien installé dans le groupe. 

Tu décides ensuite de partir en prêt à la fin de la saison 2006-2007 ?

En effet, que ce soit de mon côté ou de celui de la Roma, le désir était commun. Mes dirigeants souhaitaient que je parte plutôt en prêt en Italie, mais finalement Rudi Völler, aujourd'hui toujours directeur sportif du Bayern Leverkusen, m'avait repéré lors du tournois de Toulon en 2007. Ancien joueur de la Roma, il voulait absolument me récupérer et m'emmener en Allemagne, il a tout fait pour convaincre le club italien, il souhaitait même m'acheter. J'ai donc signé à 21 ans un prêt de deux ans avec Leverkusen, ce qui est assez rare à l'époque. Cependant, je tombe sur un coach qui ne me voulait pas spécialement, il y avait une équipe déjà en place, donc ça a été compliqué pour moi là-bas. Il faut savoir cependant que c'est une autre culture, une autre exigeance, il a fallu que je m'adapte mais je n'ai pas vraiment été aidé par le club puisque je n'ai réalisé aucun match, aucune minute, de mon arrivée en Juillet jusqu'en décembre, ce qui était assez frustrant. Je jouais davantage à la Roma, alors que mon souhait en allant en Allemagne était de gagner du temps de jeu par rapport à l'Italie... Je leur fais part de mes envies de départ en décembre, et je participe à deux petits matchs, mes seuls avec Leverkusen mais c'était déjà trop tard. 

Nous arrivons donc à ton retour dans l'hexagone. Pourquoi Nantes ?

J'avais envie de revenir en France, de me remontrer dans le marché français. Je voulais aussi à l'époque retrouver les espoirs. Nantes et Kita se sont manifestés, malgré le fait qu'ils étaient en Ligue 2 le projet était intéressant. Le président, qui venait tout juste d'arriver, avait une grosse ambition. J'ai donc insisté auprès de la Roma pour partir en France alors qu'ils souhaitaient que je parte dans un autre club Italien. 

Comment s'est passée ton arrivée au FC Nantes, alors - comme tu l'as dit - en Ligue 2, et ce que tu en retiens ?

Avant toute chose, je préfère le dire : mon passage à Nantes est l'un, si ce n'est le seul regret de ma carrière. J'arrive en Janvier 2008, je suis l'une des premières recrues de Kita, qui avait déjà recruté Djordjevic, Babovic cet hiver là. Nantes avait déjà une équipe bâtie pour la remontée et était à ce moment là dans le haut du classement aux côtés de Le Havre. Der Zakarian gérait bien un groupe sein avec de l'expérience symbolisée par Nicolas Gousset, Tony Heurtebis, Yoann Poulard, ou encore De Freitas. Nous montons donc sans grosse difficulté, je marque par ailleurs mon premier but, le premier également de ma carrière, lors de mon premier match. Il reste l'un de mes meilleurs souvenirs à Nantes, c'était à Brest sur un coup de pied arrêté. J'inscris ensuite deux autres buts en quinze matchs. Avec modestie, je trouvais que j'étais plutôt assez au dessus de la Ligue 2 à ce moment

Là, j'avais connu deux gros clubs auparavant je sentais que je pouvais jouer en Ligue 1. 

Arrive donc la montée en Ligue 1, et un été mouvementé... cela présageait une saison compliquée ?

Le premier souci qui s'est posé, c'est que nous savions dès la fin de saison en Ligue 2 que le coach Der Zakarian était fragilisé avec Waldemar Kita. C'était un secret pour personne, ils ne s'entendaient pas, ils étaient en conflit, et le président voulait déjà prendre un coach de plus grande envergure. Der Zakarian était cependant toujours là, et avant de commencer la saison en Ligue 1 il était déjà sur la scelette. 

Ensuite, le recrutement. Il a été fait un peu n'importe comment, il y avait déjà les joueurs de Ligue 2 qui montaient, et on rajoute une demi douzaine voire une douzaine de joueurs. L'effectif devient alors pléthorique. Personne n'avait vraiment sa place dans le groupe à ce moment-là, ce qui était compliqué. Nous repartions tous de 0. Que ce soit les joueurs de Ligue 2 qui étaient encore là, comme les nouvelles recrues comme Gravgaard, Djamel Abdoun, Douglao, etc. qui étaient des nouveaux joueurs connus, inconnus, parfois surcôtés. C'était donc un recrutement assez bizarre et la mayonnaise n'a pas pris. Je me retrouvais un peu entre les deux, car j'avais connu la remontée avec le groupe la saison passée, mais j'étais aussi un peu un nouveau. 

Tu parlais de regret tout à l'heure ?

Même si en Ligue 2 j'étais un cadre de l'effectif à 22 ans, cela ressemble un peu à un "et si...", car si j'avais réalisé avec Nantes une bonne saison en 2008-2009, je pense que ma carrière à 99% aurait pris une autre tournure. J'étais un espoir et un cadre d'une équipe historique très attendue, et les gens attendaient aussi beaucoup de moi. Mais je n'ai pas été bon cette saison-là, il y avait sûrement aussi d'autres facteurs : les joueurs autours, le système de jeu de l'époque, j'avais un caractère introverti donc je devais me montrer davantage mais quand on a des taulliers devant comme Da Rocha, Bagayoko, Capoue, puis Alonzo ensuite, je me considérais alors comme un petit jeune et non comme un cadre.

D'ailleurs, c'est ce que me disait Elie Baup : "je veux retrouver le Faty de la Roma, la Faty que j'ai vu à Toulon". Ce dernier était en plus quelqu'un qui appréciait beaucoup les jeunes. Quand j'arrivais pas à faire les matchs qu'il fallait, il venait me voir, il me disait "si tu as un problème dis-moi, si tu veux le brassard de capitaine pour que tu sois bien dis-moi, mais j'ai besoin que tu sois performant". Lors de la seconde partie de saison, j'ai beaucoup moins joué, et malheureusement ça reste le point noir de ma carrière. Si on avait déjà réussi à se maintenir, et si j'avais fait une saison normale, ma carrière aurait été différente car on arrive en 2010, à 23 ans. 

Ensuite, on descend, les trois millions d'euros de l'option d'achat qui était à l'époque déjà excessifs pour Nantes ne sont donc pas levés. C'était pas l'intérêt de Nantes de me garder à ce prix, et ce n'était pas mon intérêt non plus de repartir en Ligue 2. Mais ça reste une cicatrice, j'ai toujours eu de bons rapports avec les supporters même si sur la fin c'était compliquée avec les débuts de tensions avec Kita. A 33 ans, aujourd'hui, on arrive à faire la part des choses, je sens qu'à ce moment là j'étais plus observateur qu'acteur, je n'ai donc pas été malheureusement un vrai leader, et c'est ce que j'aurais dû être malgré mon jeune âge à l'époque.

Comment étaient tes rapports avec la direction lors de ton passage à Nantes ?

Quand je suis arrivé, j'ai toujours eu de bons rapports avec Franck Kita notamment, qui était jeune. On discutait souvent, il apprenait le métier auprès de son père. Même avec le président, j'ai toujours eu de bons rapports également. De plus, comme j'étais l'une des premières recrues de son ère, c'était aussi assez particulier. L'administration, le personnel : j'ai toujours eu de bonnes relations. En même temps, je me considère comme quelqu'un de cool (rires), assez accessible. Je n'ai jamais eu de problème dans les clubs en général. En plus, Nantes est le club préféré de mon père, qui prenait toujours du plaisir à venir à la Jonelière et rencontrer le personnel et les dirigeants. 

Tu l'as évoqué déjà tout à l'heure, qu'est-ce qui n'a réellement pas réussi à Nantes lors de la saison 2008-2009 ?

Au niveau des transferts, à cette époque là, forcément je n'ai pas trop d'avis là dessus car je laisse agir les gens qui font leur travail, je ne suis pas dans la position de juger si c'était bien ou pas, mais quand tu vois les joueurs arrivés, comme Gravgaard, et que tu regardes leur CV, tu peux dire que ça peut être quelque chose de solide. Quand tu vois des jeunes arriver, tu te dis que bon ça peut être pas mal. Mais au niveau de l'effectif, on était beaucoup. On constatait déjà que ça allait être un problème. Quand tu arrives dans une équipe de 34-36 joueurs vraiment confirmés, tu te dis que ça va coincer quelque part. Un joueur par exemple comme Dossevi, qui avait plutôt réalisé une assez bonne saison en Ligue 2, et qui se retrouve après à la cave, alors qu'il avait pas mal de potes dans le vestiaire ainsi qu'un certain poids, c'est compliqué. Finalement, ça partait un peu dans tous les sens. 

La seconde chose était que nous avions un président qui promettait pas mal de choses, qui était assez ambitieux dans son discours, et même dans ses actes puisqu'il a fait de gros transferts, a donné de gros salaires à des noms. Donc que ce soit au niveau des joueurs ou des supporters il y a forcément de l'attente. Mais malheureusement, la chose qui n'a pas fonctionné c'est que ça a été mal managé, car avec les joueurs qu'on avait, si on arrive à trouver un bon management, en montant un groupe ambitieux et solidaire, et qu'on arrive à faire la part des choses, on peut enchaîner les bons résultats. Maintenant, voilà, dans le football ce n'est pas une addition de noms et de nombres, et l'histoire l'a montrée à bien des reprises. Nous pouvons aussi rajouter le fait que, comme le coach Der Zakarian était fragilisé -  il se fait licencier au tout début de saison -, la préparation a été tronquée, on perd donc du temps au niveau du championnat, on le commence vraiment qu'en Septembre avec Elie Baup.

Un mois d'Août véritablement gâché, c'est bien ça ?

Oui, il n'a pas servi à grand chose. De plus, le nouveau coach qui arrive l'avait bien dit, il était habitué à avoir des effectifs réduits, même quand il était à Bordeaux et qu'il avait joué la coupe d'Europe, il se basait sur 18 joueurs et 3-4 jeunes. Alors le fait qu'il se retrouve avec un groupe de 30-35 joueurs ça ne l'a pas non plus très satisfait, mais il a fait le maximum dans une saison aussi erronnée par des affaires extra-sportives, comme l'affaire Babovic et Abdoun avec la bagarre à l'entraînement. Des soucis externes donc, mais aussi des soucis d'acclimatations pour certains joueurs comme Douglao ou Gravgaard alors que c'était des joueurs qui jouaient. Tout cela a fait que finalement, à la fin, ce fut une saison plutôt tordue. 

Que pensais-tu de l'énervement de la part des supporters nantais ?

Vu de l'extérieur, moi, je pouvais comprendre leur mécontentement. Il me semble à l'époque qu'il y avait aussi le changement de logo qui avait fait jazzer. Il y avait aussi des mesures qui ont été prises avec les supporters qui n'ont pas plu. Kita était tout nouveau, il manquait d'expérience, il a vu les choses en grand trop vite, il a dépensé très vite et un peu maladroitement, il l'a reconnu d'ailleurs par la suite. Mais dans le football ça pardonne pas, car la vérité reste le terrain. 

Quand tu parles de vérité sur le terrain, tu penses à quoi ? 

C'est marrant car sur Twitter, il y a quelques temps, il y avait eu un "thread" très intéressant sur la dernière décennie du FC Nantes. Il y avait d'ailleurs le classement des joueurs avec le plus de temps de jeu, je crois que Papy Djilobodji, qui est un très bon ami à moi, était dans les premiers. Et je trouve que ça a très bien mis en relief la direction que le club prend : beaucoup de recrues, donc peu de temps de jeu par joueur finalement. En 10 ans, potentiellement, tu as 300 matchs, et il y a des gars qui ne font même pas 150 matchs, donc ça prouve qu'il y avait beaucoup d'instabilité à Nantes. 

Finalement, le FC Nantes a-t-il abandonné son identité ?

Dans le football moderne, c'est très compliqué de retrouver des choses du passé. Pour retrouver par exemple le jeu à la nantaise, il faut les personnes pour le faire (joueurs, personnel, administration...), il faut la présence d'une vraie culture de ça. A l'époque, il y avait des Suaudeau, des Denoueix, qui venaient de la Maison Jaune, donc le football à la nantaise était bien retranscrit. Mais maintenant c'est vrai que c'est des Ranieri avec leur propre mentalité, ce qui est bien aussi, je ne critique pas, ça partait dans plusieurs directions, avec des joueurs qui arrivent d'Amérique du Sud, d'Afrique, donc ils ne sont pas forcément au courant du jeu à la nantaise même si ce sont des bons joueurs, surtout quand celui-ci est basé sur le collectif.

D'ailleurs, quand on me parle d'identité, ça me rappelle un peu l'Ajax : le club a été connu pour son jeu, avec Cruyff, mais après la génération Kluivert dans les années 90 ils se sont un peu perdus, ils ont commencé à faire pas mal de recrues et pendant 10-15 ans ils n'ont pas été terribles du tout. Il y a eu ensuite une remise en question, des anciens joueurs sont revenus, ils sont revenus aux fondamentaux avec notamment le plan Cruyff, ils ont retrouvé les joueurs du centre, et prennent quelques jeunes en leur faisant absorber le jeu "à l'Ajax". Ils sont revenus à leur racine, alors est-ce que Nantes peut revenir à ça ? Je ne sais pas, mais c'est un peu ma pensée. Tout va dépendre de la direction que Nantes va prendre. Après ce virus, plein de questions se poseront un peu partout. Ce serait bien pour Nantes de retrouver un jeu intéressant, car les premières places en Ligue 1 avec Paris, Lyon, Marseille, etc. pour l'instant c'est compliqué, mais c'est possible de faire de belles choses avec une stratégie de formation, avec un jeu qui peut faire plaisir aux supporters car je pense que plus que les résultats, l'identité d'un beau football reste importante surtout qu'à Nantes le public est exigeant. A mon sens, il faudrait davantage se concentrer sur cette idée de ramener du spectacle à la Beaujoire, de former des joueurs avec une identité de jeu, et les résultats suivront.

Et comment vois-tu le FC Nantes maintenant ?

Gourcuff est arrivé, même si c'est pas un Nantais de base, il a été éduqué dans un style de football qui pouvait parfois ressembler au jeu à la nantaise. Ce qu'il a fait à Lorient par exemple. Les données économiques actuelles font que désormais il va sûrement falloir faire confiance aux jeunes de formations, et là c'est ce qui se passe à Nantes : l'alliage Gourcuff et formation peut permettre d'avoir quelque chose d'intéressant sur le terrain et à la Beaujoire. Après malheureusement, il y a des joueurs comme Veretout, Rongier qui partent assez vite, c'est la loi du marché, quand un joueur fait 2-3 bonnes saisons dans un club formateur il part très vite. J'ai aussi vu que Touré pourrait partir. Donc voilà, si avec Gourcuff il y a un projet sur le long terme, avec des joueurs qui s'installent, il se peut qu'il y ait le retour d'un football intéressant à Nantes. Même si Gourcuff est arrivé à mon sens un peu avec cinq ans de retard, puisque ça aurait pu très bien marcher dans le passé. Mais je pense que Kita s'est beaucoup cherché, a écouté beaucoup de personnes, mais à un moment donné il faut se poser les bonnes questions et savoir où on avance. J'espère qu'avec Gourcuff, Nantes fera quelque chose de bien. 

Un avis sur le président Kita avant d'enchaîner sur la suite de ta carrière ?

Je ne l'ai pas rencontré tout de suite avant mon arrivée, je l'ai eu au téléphone, puis j'ai vu Claude Robin avant Waldemar Kita. Je l'ai trouvé très sympathique, il avait beaucoup d'ambition, et voulait tout révolutionner dans le club. Personnellement je voyais ça d'un bon oeil car tu sentais son envie de s'investir pour le FC Nantes, mais il était tout nouveau dans le football, ce club est en plus très particulier, il a fait preuve un peu d'inexpérience car il a beaucoup dépensé au départ pour rien finalement. J'ai toujours estimé qu'il voulait vraiment faire progresser le club, en faire un top club, mais jusqu'à présent il veut le faire à sa sauce, à sa manière mais à Nantes c'est particulier car il y a une histoire, un ADN. Le faire ailleurs, ça aurait peut-être marché, mais ici ça fait grincer des dents forcément. Mais je ne doute pas du fait qu'il voulait faire de Nantes un grand club, même s'il a écouté beaucoup de personnes autour, comme Bayat, et ça n'a pas toujours été bénéfique pour lui.

Le mot de la fin sur le FC Nantes ? 

C'est un goût d'inachevé...

Tu ne restes pas longtemps en Italie après ton départ de Nantes...

En effet, je suis reparti à Rome, j'ai fait une saison avec Ranieri avec peu de temps de jeu. Et je décide alors de quitter le club, mais en Ligue 1 je n'avais pas beaucoup de contacts concrets malgré des intérêts. C'est l'Aris Salonique, en Grèce, qui s'est manifestée très rapidement pendant l'été 2010 avec Hector Cuper qui m'a appelé personnellement, qui me suivait depuis l'Italie. C'est un club intéressant en Grèce, qui jouait l'Europe. Je suis donc parti rejoindre le groupe, j'ai eu pas mal de temps de jeu, ça se passait très bien, avec une saison magnifique. On avait joué contre l'Atlético Madrid qu'on avait battu, on a aussi joué Manchester City. J'ai commencé à avoir des offres intéressantes, comme l'Olympiakos, mais le club ne voulait pas me lâcher, ils demandaient pas mal d'argent pour me récupérer. Je repars donc pour une seconde saison, moins positive car la crise a frappée de plein fouet le football grec, nous avons donc eu des problèmes de salaires, s'additionnant au départ de pas mal de joueurs et de Cuper. Je décide à la fin de la saison, en 2012, de quitter le club.

Tu reviens alors en France, une nouvelle fois...

Je pars pour Ajaccio, où je participe à deux belles saisons. Mais je me suis rompue le tendon d'achille, j'ai été écarté des terrains pendant six mois. J'ai beaucoup aimé la Corse, le club d'Ajaccio était familial, loin des préjugés que les continentaux peuvent avoir. Première saison, on se maintient, avec des joueurs intéressant comme Ochoa. A la fin de ma seconde année, on descend aussi avec Ajaccio, le Standard se manifeste alors, mon club voulais récupérer un peu de sous tandis que plusieurs clubs français souhaitaient me récupérer gratuitement. Je m'en vais en Belgique, je fais une saison là-bas alors que je souhaitais en faire plus, mais à la fin il y a eu pas mal d'instabilité même si nous terminons troisièmes. 

Ensuite, c'est le grand départ pour la Turquie, pays dans lequel tu évolues toujours aujourd'hui.

Bursaspor se manifeste, et moi à 29 ans j'avais des offres de pays exotiques, dans des pays du Golf ou aux Etats-Unis, mais j'accepte de partir en Turquie en 2015. Je reste donc trois ans à Bursaspor, nous stagnons un peu en milieu de saison ce qui est un peu dommage car c'est un club un peu à part, après les trois grosses équipes, avec Trabzonspor. Je pars ensuite à Anka en 2018, et je me sens bien. A mon âge, je continue à jouer. Même si j'avais espéré faire une meilleure carrière, j'ai pas d'autres regret particulier cependant. Ce sont des choix, et des blessures qui font que ma carrière n'a pas forcément été à la hauteur des attentes. Mais je suis toujours bien à 33-34 ans, pas mal de joueurs à mon âge ont du mal à poursuvire leur carrière, ou jouent dans des divisions inférieures. J'enchaîne les matchs, la santé est toujours là, le championnat turc reste vraiment pas mal, qui me correspond bien et qui me donne du plaisir. Je me sens aussi bien dans ce pays. Même si avec le virus, il y a toutes les cartes qui se redistribuent dans tous les clubs, dans tous les pays, nous verrons bien ce que demain sera fait. J'arrive à un âge où je peux vraiment jouer partout, je peux très bien revenir en France ou partir dans des pays plus exotiques, mais pour l'instant je me prends pas trop la tête. Je pense que ici nous allons continuer à jouer, et continuer à prendre du plaisir jusqu'à la fin de saison, puis nous verrons ce qui se passera par la suite. 

Enfin, aurais-tu aimer découvrir un autre championnat dans ta carrière ? Un autre club ? 

J'aimais beaucoup l'Angleterre. J'ai eu l'opportunité d'y jouer avant mon départ à la Roma, plusieurs équipes se sont manifestées à l'époque, mais j'étais jeune, je pensais pouvoir décrouvrir la Premier League plus tard dans ma carrière, avec mon physique je pense que ça l'aurait fait. Dans un club comme Arsenal, que j'aime beaucoup par exemple, comme beaucoup de joueurs français finalement...

Nous remerçions grandement Ricardo Faty pour sa disponibilité, son enthousiasme, et pour ses réponses sans langue de bois. Nous lui souhaitons une très belle suite à sa carrière.