Juin 2009. La saison qui vient de s’achever a été particulièrement difficile. Remontés en Ligue 1 la saison précédente, les Nantais sont de nouveau relégués en ligue 2 dans « un climat de décadence » que les anciens du club dénoncent dans la presse locale. « Le président a eu l'audace de racheter ce club mais il n'a vraisemblablement pas su mettre les hommes en place. Il y a ce que tu achètes, mais après, le truc, il faut le faire fonctionner ! » - JC Suaudeau 1/06/2009 *1 .

« Je suis peiné pour les gens qui ont construit ce club et l'ont amené au sommet. Je pense que certaines personnes sont responsables de cet échec. Je suis persuadé que ce groupe avait les moyens de se maintenir, seulement il faut que chacun reste à sa place, à un moment donné le sportif doit pouvoir travailler les mains libres. Le FC Nantes a la force pour se relever, il suffit de trouver les bonnes personnes et de revenir à la base, en l'occurrence la formation. » Michel Der Zakarian 25/05/2009 *2.


« Si je n’y arrive pas, pourquoi voulez-vous que je reste ? » Waldemar Kita.


La saison a été particulièrement difficile pour Waldemar Kita, propriétaire du club depuis deux ans. Rendu irascible par la situation, comme le relate David Baisné en août 2009 dans le mensuel Le Foot Nantes *3. Le Franco-polonais a perdu ses nerfs à plusieurs reprises et fait quelques sorties médiatiques du plus mauvais effet. Dans les tribunes, la colère gronde (déjà). Pour autant le président nantais est optimiste. Il dit s’être remis en cause et lance sa conférence de presse de rentrée par « Place au football et place au jeu. (…) Mon rôle aujourd’hui dans le club, c’est de voir de quelle façon je peux organiser le groupe et déterminer la philosophie qui sera appliquée dans les mois à venir  (…) On va se donner tous les moyens pour que les jeunes réussissent… ». Entouré de sa garde rapprochée - comme l’écrit David Baisnée - le FC Nantes est alors entièrement dirigé par des gens choisis par son propriétaire. « Si je n’y arrive pas, il ne faut pas être têtu et suicidaire… clame d’ailleurs WK. Quand je suis arrivé, il y a deux ans, j’avais dit que je me donnais trois à cinq saisons. Si je n’y arrive pas, pourquoi voulez-vous que je reste ? ».

 

2009-2010 : une saison encore plus noire

Malgré toutes les déclarations du début de saison, 2009-2010 sera l'une des plus noires de l'histoire du FCN, pourtant favori à la remontée en Ligue 1. Le club termine finalement à une piètre quinzième place, à seulement deux points du premier relégable (l'EA Guingamp). Les supporters désabusés réclament le départ du président Kita, dont la gestion du club est fortement remise en cause. L’année suivante, le FC Nantes frôle la descente en National. Il faudra attendre la saison 2012-2013 et le retour de Michel Der Zakarian au poste d'entraîneur, artisan déjà de la dernière montée du club, pour que le FC Nantes retrouve l’élite.

 

12 ans de mots et de maux

Juin 2021 : bis répétita. Le FC Nantes vient de s’incliner à domicile contre l’équipe de Montpellier, coachée par ce même Michel Der Zakarian, celui-là même qui ramena le FC Nantes deux fois de l’enfer. Nantes devra jouer les barrages. L’équipe entraînée par un autre Nantais de coeur, Antoine Kombouaré, échappe à la descente en ligue 2 après une défaite en barrage contre Toulouse à domicile. Douze ans se sont écoulés depuis la dernière descente en ligue 2. Waldemar Kita est toujours là, et ses mots n’ont rien changé. La rupture est consommée avec l’ensemble des grandes associations de supporters mais aussi avec la ville. Le jeu collectif est du côté  des supporters et d’une partie monde économique local, avec Le Collectif Nantais emmené par Philippe Plantive, dirigeant de Proginov, et un certain Michael Landreau. 

Aout 2021 : la conférence de presse de Kita Fils ressemble à s’y méprendre aux précédentes du papa. Un mauvais remake, comme tous les remakes. Sans grande nouveauté au scénario. Les années passent et les erreurs du passé ne servent pas le futur.  Les spectateurs ne s’y sont pas trompés : ils ne sont que 12 000 spectateurs pour la première. Et la Brigade Loire à l’extérieur, un autre symbole. Seule consolation, le maintien au poste d’entraîneur d’Antoine Kombouaré.

* Un remake du film éponyme de Robert Zemekis sorti en 1985 et l’histoire d’un jeune homme Marty McFly qui retourne dans le passé pour tenter de changer le futur. Toute ressemblance avec des personnages actuels étant bien évidemment purement fortuite.

*1 Jean-Claude Suaudeau : « Les papys avaient raison » (propos recueillis par Jean-Yves Queignec), Presse-Océan 28/05/2009

*2 Michel Der Zakarian,  Ouest-France 25/05/2009