Le FC Nantes est un club qui ne fait rien comme les autres. Sa liste de coachs utilisés depuis 2007 peut en témoigner. En 2025, en réponse à l’actuelle crise financière et dans le besoin de remplir les caisses, la famille Kita, propriétaire du FCN, décide alors de complètement chambouler son effectif. Avec les départs de cadres aux importants émoluments, l’arrivée de joueurs pour la plupart inconnus aux faibles valeurs marchandes, mais aussi et surtout le pari orienté vers la jeunesse locale. Au total, pas moins de 17 départs (retours de prêts inclus) pour 11 arrivées (Johann Lepenant exclu), pour beaucoup d’interrogations à quelques heures du lancement de la saison 2025-2026, avec la réception du Paris Saint-Germain, ce dimanche (20h45). Une saison sous le thème de la découverte donc, d’autant plus que la recrue majeure ne serait personne d'autre que son nouvel entraîneur, Luis Castro.
Le sens de la méthode, l’art de la parole
Premièrement, puisque le prix déboursé par les Kita pour enrôler le Portugais et ses quatre adjoints se situe autour de 500 000 euros, hors bonus. Faisant de l’arrivée de ce staff, le troisième plus gros investissement du mercato, derrière Lepenant et Chidozie Awaziem. Deuxièmement, parce que le Lusitanien, qui officiait depuis 2023 à l’USL Dunkerque, prône d’ambitieuses idées de jeu. Entre la volonté d’avoir la possession, de relancer à partir du gardien, la mise en place d’un pressing à haute intensité, les placements et déplacements de chaque joueur travaillés, auxquels s’ajoute une bonne dose de vidéos, l’aspect tactique se veut extrêmement pointilleux. Et sa propre description savoureuse : "Je ne suis pas un coach qui veut que les joueurs fassent parce que je leur demande mais parce qu’ils ont compris pourquoi ils doivent faire les choses." C’est donc peu dire que ses principes sont aux antipodes de ceux de son prédécesseur, Antoine Kombouaré. Et semblent plaire aux joueurs, comme Anthony Lopes qui évoquait "une belle philosophie de jeu" en réaction d’après-match à Angers (1-0).
Sa méthode une fois décortiquée, il faudra néanmoins nécessairement du temps pour qu’elle fasse son effet, le bilan de la phase préparatoire pouvant l’illustrer (1 victoire puis 4 défaites). Du temps, justement, une denrée rare dans un club où les techniciens se passent aujourd'hui le relais à une importante fréquence. Mais sous le mandat de Waldemar Kita, deux homologues ont tiré leur épingle du périlleux jeu de l’entraîneur : Sergio Conceicao et Antoine Kombouaré, encore lui. S’ils ne se rejoignent pas par leurs préceptes tactiques, ce sont bien leurs fortes personnalités qui leur ont permis de résister à l’impatient président. Un atout notoire chez Luis Castro, qui se dégage facilement lors de ses déclarations. A l’image de celle concernant les rumeurs de départ de Matthis Abline vers le Paris FC, au sortir de la rencontre face à l’équipe francilienne, samedi dernier (2-3) : "Un joueur qui reste ici, il aime le club et veut jouer avec le club. Le club est toujours plus important que le joueur. Ce n’est pas valable que pour Abline mais pour tout le monde. Si un joueur n’aime pas Nantes, le club et ne veut pas être avec nous, j’espère que quelqu’un l’achètera".
Enfin la voie de la raison du côté des dirigeants ?
Une déclaration qui va dans le sens de l’institution nantaise et qui démontre que Castro ne représente pas seulement une vision du football mais aussi son club. Ce vendredi, le tacticien de 45 ans n'a d'ailleurs pas manqué de mettre en avant cet honneur "d’entraîner Nantes" et non pas de recevoir le PSG, champion d’Europe en titre. De la communication en bonne et dûe forme, certes, mais qui diffère de celle de Kombouaré qui, lors de sa présentation, en 2021, avait avoué ne "jamais avoir rêvé d’entraîner" son club formateur. Quelques mois sont passés et beaucoup de choses ont donc changé du côté des Jaune et Vert. Tant de signes positifs même si les supporters savent que le maintien ne sera pas plus simple à obtenir par rapport aux saisons précédentes au vu de la composition de l’effectif. Et surtout, que tout dépendra du degré de patience de la présidence, qui picore autant d’entraîneurs qu’un canari ne mange de graines. Il faudra donc, si elle souhaite voir son choix payer, que la direction change aussi bien ses méthodes qu’elle n’a changé de joueurs. Et ne s’impatiente pas dès le premier match - pour lequel son nouvel homme fort est suspendu. Toujours est-il que l’on peut avoir l’espoir d’être surpris par un club qui ne fait rien comme les autres.