Aujourd’hui, vous êtes DTN de l’Arabie Saoudite après avoir été celui du Maroc mais vous êtes un pur produit de la formation française ?...

J’ai fait mes débuts de footballeur à l’ASPTT Caen puis à l’US Normande où j’ai joué plusieurs saisons. J’ai fait les stages « Foot Vacances » pendant plusieurs étés et c’est ainsi que j’ai pris la mesure de ce qu’était un éducateur. Je poursuivais mes études à la faculté de microbiologie alimentaire lorsque le club de l’ES Thury Harcourt est venu me proposer le poste d’entraîneur-joueur. Cela a été une grande chance pour moi. Je supervisais l’entraînement de toutes les équipes du club. Un espace d’apprentissage extraordinaire avec à la clé de bons résultats. Avec l’équipe première nous avons atteint le septième tour de la Coupe de France. C’étaient des joueurs qui travaillaient et qui ne pouvaient s’entraîner au mieux que deux fois par semaine. C’est le socle sur lequel j’ai construit mes compétences car il fallait concocter des séances dans lesquelles nous pouvions progresser tout en prenant du plaisir. Dans ce club, en trois saisons j’ai compris beaucoup de choses et passé mes premiers diplômes d’entraîneur. Mais en même temps, je n’avais pas vraiment le projet de me fixer dans le football.

A quel moment avez-vous fait le choix de faire ce métier d’éducateur ?

Après ce poste, j’ai eu la chance de découvrir le professionnalisme au FC Rouen où j’avais un ami qui était responsable administratif. L’entraîneur était Arnaud Dos Santos et Daniel Zorzetto occupait le poste de responsable du Centre de Formation. Je pensais faire un court passage dans la formation mais je suis resté six ans dans ce club, jusqu’au dépôt de bilan. C’est alors que j’ai eu un appel de Guy Lacombe qui était responsable de la formation de l’AS Cannes pour me proposer de devenir son adjoint. L’occasion pour moi de former une belle génération avec Jonathan Zebina et Sébastien Frey. Guy Lacombe a été remercié au bout de deux ans et j’ai demandé à quitter mon poste car j’étais venu pour travailler avec lui et que j’accorde beaucoup d’importance à l’humain. Ensuite, je signe comme responsable de formation au Stade Malherbe de Caen pour trois ans.  Là encore, je ne garde que d’excellents souvenirs de mon travail avec des talents tels que Mathieu Bodmer, Bernard Mendy et Benoit Costil.

Ensuite, la route est tracée et vous faites une magnifique carrière comme responsable de formation dans plusieurs autres clubs français...

En effet, j’avais trouvé ma voie dans le football même si au départ je n’avais pas de plan de carrière préétabli. J’ai enchaîné avec le poste de responsable au Havre pendant 5 ans avec des garçons comme Lassana Diarra, Anthony le Tallec, Florent Simana Pongolle et Steve Mandanda. Là encore, par fidélité je décide de partir en même temps que Jean-François Domergue. C’est important de travailler dans une relation de confiance. Ma carrière va se poursuivre comme recruteur puis directeur de la formation au Racing Club de Strasbourg pendant trois saisons.

Vous faites ensuite le choix de quitter la France pendant plus d’une décennie pour conduire un formidable projet de formation au Maroc. Puis c’est un retour en France à l’Olympique de Marseille.

J’ai passé de nombreuses années dans mon pays de naissance mais je voulais revenir en France. J’ai eu plusieurs sollicitations et j’ai fait en 2019 le choix de prendre le poste de Directeur de la formation de l’Olympique de Marseille. C’était intéressant pour moi de mettre mon expérience au service de ce club où j’ai signé un contrat à durée indéterminée. En 2022, j’ai donné ma démission à Pablo Longoria après trois saisons au club car je n’étais pas d’accord avec la stratégie. La Direction avait l’ambition de gagner rapidement des titres ce qui est tout à fait légitime et elle a fait le choix de privilégier la post-formation. La stratégie du club il faut la respecter. Cela ne me gêne pas qu’un club fasse un autre choix que celui de la formation mais il faut être clair avec les jeunes qui sont au club et ne pas leur faire perdre leur temps.

Comment expliquer qu’un grand club comme Marseille n'arrive pas à performer dans le domaine de la formation ?...

L’explication est très simple. Cela passe d’abord par une vision. Est-ce que le club a envie ou pas de donner à ses propres jeunes la chance d’éclore au sein du club ?... Si c’est le cas il faut de la patience, du travail et l’ambition de recruter des top joueurs. Ce n’est pas avec un cheval de trait que l’on peut faire un cheval de course. La qualité du recrutement n’est pas aujourd’hui à la hauteur de ce qu’est l’Olympique de Marseille. Il faut que la formation soit au cœur du projet du club.