Pas le meilleur match pour célébrer Emiliano Sala… Un an après la disparition tragique de l’éternel numéro 9 argentin, ses deux anciens clubs Nantes et Bordeaux avaient l’occasion, à la Beaujoire, pour la 21e journée de Ligue 1, de lui rendre hommage. Dans les tribunes, le travail a été très bien fait. Sur le terrain, en revanche, on ne peut pas dire que ce soit le cas.

On ne retiendra sans doute de ce match que les quelques minutes précédant le coup-d’envoi. À travers un tifo plaçant Emiliano Sala parmi de nombreuses figures du FC Nantes (Philippe Gondet, José Arribas, Seth Adonkor, Henri Michel, Philippe Daguillon et Jean Vincent), un silence chargé d’émotions suivi d’applaudissements et de chants dédiés à sa mémoire, Nantais et Bordelais ont dignement célébré leur ancien attaquant.

Et on peut comprendre, suite à ce vibrant hommage, que les 22 acteurs de la partie aient eu toutes les difficultés du monde à rentrer dans leur match. Seulement voilà, il semble que suite au coup de sifflet final, les Nantais n’étaient toujours pas dedans.

Car, on ne peut pas le cacher, il n’y a rien eu à se mettre sous la dent. Alignant un onze presque identique à celui des derniers matchs, Christian Gourcuff avait pourtant de quoi espérer un bon allant offensif, les Canaris ayant marqué 5 buts sur les deux rencontres précédentes (Saint-Étienne puis Lyon). Avec Moses Simon sur l’aile gauche, Ludovic Blas à droit et Imran Louza en soutien de Renaud Emond, qui connaissait sa première titularisation en championnat, Nantes avait sur le papier matière à faire. C’est derrière que le problème le plus important se posait : avec les absences de Nicolas Pallois et Molla Wagué, étaient alignés en défense centrale deux milieux défensifs de métier, Andrei Girotto et Rene Krhin. Si le premier est désormais habitué à ce poste, la question autour de la titularisation du deuxième, alors que Thomas Basila était présent dans le groupe, était réelle.

0 tir cadré

Mais la défense nantaise n’a pas eu grand chose à faire durant les 90 minutes. Tout comme la défense bordelaise. Six occasions chez les Canaris, huit pour leurs adversaires, deux tirs cadrés à zéro pour les Girondins, deux corners seulement pendant le match… Les statistiques parlent d’elles-mêmes, le rythme de la rencontre n’était pas le plus plaisant. Si les Nantais arboraient un maillot se rapprochant de celui de l’Albiceleste, on était très loin de son niveau de jeu. Pertes de balles à répétition (moins de 70 % de passes réussies), fautes évitables, dégagements hasardeux en touche…

Moses Simon et Renaud Emond ont eu beaucoup de mal à être trouvés, Ludovic Blas a peiné à être décisif, et Imran Louza, sans doute le meilleur Nantais ce dimanche, s’est battu comme il a pu mais a péché, comme ses coéquipiers, à la finition. Mehdi Abeid peut s’estimer très heureux de s’en sortir avec un carton jaune à la demi-heure de jeu, suite à un tacle sur Jimmy Briand. À dix, les Nantais auraient sans doute eu du mal à contenir des Bordelais mieux en place qu’eux, bien que légèrement endormis une bonne partie du match. Preuve en est, il aura fallu attendre l’exclusion, quelque peu sévère, d’Andrei Girotto en seconde période pour que les Girondins prennent l’avantage, sur un but de Jimmy Briand à la 86e minute.

Un but sur lequel il a devancé Thomas Basila, rentré à la place de Renaud Emond pour aider le pauvre Rene Krhin, laissé seul en défense suite à l’expulsion de son coéquipier. Ce changement est d’ailleurs le premier des deux effectués par Christian Gourcuff (Kader Bamba est rentré à la place d’Abeid à la 89e), ce qui n’a pas facilité la recherche d’un nouvel élan dans le jeu nantais.

Un vide qui fait peur

Le jeu inexistant affiché par les Nantais contraste avec les dernières sorties des Canaris, beaux vainqueurs face à Saint-Étienne (2-0), puis beaux perdants contre Lyon (4-3). La difficile transition entre les lignes pose question.

Dominés, les Jaune-et-Verts ont eu tout le mal du monde à proposer la même chose que lors des autres matchs, alors que l’adversaire était sans doute plus faible. Pas facile d’être rassuré, donc, avant le déplacement à Rennes vendredi soir. Un match que les Nantais devront effectuer sans Nicolas Pallois, toujours blessé, et Andrei Girotto, désormais suspendu.

Un rebond est évidemment souhaité pour rendre, sur le terrain cette fois, un hommage à la hauteur d’Emiliano Sala. La sixième place occupée par les Canaris est plus que menacée : Monaco, 13e du classement, n’est qu’à trois points de Nantes, et Bordeaux, avec ces trois points, est revenu très près.