Mathias, tu es formé au Havre, et c'est après un court passage par Créteil puis 6 bons mois à Beauvais que tu signes au FC Nantes. A cette époque, le club est en pleine crise et vient d’être rétrogradé en Ligue 2 pour la première fois de son histoire. Pourquoi avoir fait ce choix ? 

J’ai fait ce choix pour deux raisons. La première c’est parce que mon cousin, Yohann Arquin, jouait à Nantes à ce moment-là avec la réserve. Quand je lui ai demandé comment c’était, il m’a répondu que c’était trop bien et qu’il ne fallait pas que j’hésite. La deuxième raison c’est vraiment un choix sportif. Quand j’ai rencontré Waldemar Kita il m’a mis des paillettes dans les yeux. On s’est vu au « Plaza Athénée ». Je ne connaissais pas ces hôtels-là, il y avait des mannequins, ça brillait… c’était incroyable. Franchement quand on se parlait je n’arrivais même pas à écouter ce qu’il disait… j’allais signer à Nantes ! Il m’a dit une phrase pour me convaincre : « t’es là pour finir les matchs de Da Rocha et l’année prochaine en Ligue 1 tu auras ta chance ». Mais moi quand il m’a dit Da Rocha… pour tous ceux qui connaissent le foot, c’est une légende ! En fait FC Nantes ça rime avec Da Rocha ! C’est là que je me suis dit que c’était vraiment un truc de fou.

A la base je voulais signer à Nantes et finir ma saison à Beauvais, on était 4e du championnat, on jouait la montée. Kita et le directeur sportif de l’époque (Christian Larièpe) m’ont convaincu de venir pour faire mes premiers pas professionnels en Ligue 2. Je sentais beaucoup de confiance mais en fait ça ne s’est pas du tout passé comme ça…

 

Tu n’as finalement jamais eu ta chance en pro. Tu dois te contenter de l’équipe réserve et d’un prêt à Gueugnon. Quels souvenirs gardes-tu de ces saisons délicates ?  

En fait j’ai été déçu par rapport à tout ce qu’ils m’ont dit avant de venir. Le discours a changé dès que j’ai signé. Ils m’ont expliqué que la réserve était en difficulté et qu’il fallait que j’aille les aider dans un premier temps. Donc je m’entraine 3 jours avec la B et le coach de l’époque (Moreau) me dit que je n’ai rien à faire avec eux, qu’il faut que j’aille avec les pros… c’est là que Michel Der Zakarian me fait comprendre que ce n’était pas lui qui me souhaitait. Juste après je passe en interview… j’étais heureux mais je venais juste d’entendre qu’on ne voulait pas de moi ici ! Donc je rentre chez moi, je regarde l’interview du coach qui dit tout le contraire de notre discussion, que j’ai du potentiel… c’est là que j’ai compris ce qu’était le monde professionnel. 

A partir de ce moment, je suis jeune, je prends un coup sur la tête, je me dis que j’ai fait une erreur... et je baisse les bras. En fait, c’est le seul regret que j’ai. J’aurais dû me dire que si je cassais tout, ils ne pourraient pas le nier… mais ce n’est pas ce que je me suis dit. Je suis parti en prêt à Gueugnon, ça se passait bien, j’ai marqué un doublé pour mon premier match mais je me suis blessé pratiquement toute la saison. Quand je suis revenu à Nantes on ne voulait toujours pas de moi. J’ai donc résilié mon contrat.

 

Est-ce que tu en veux aux dirigeants de l’époque de t’avoir menti ?

Je n’en veux à personne dans le sens ou ça m’a fait passer professionnel. Financièrement, on ne va pas se mentir, c’était intéressant. Je pense qu’ils se sont dits qu’ils allaient un peu me mentir, me faire débuter avec la réserve et m’intégrer petit à petit au groupe pro. Ils voulaient peut-être me prêter en Ligue 2 ou en National, mais j’aurais préféré qu’ils me le disent directement. J’aurais pu finir ma saison à Beauvais en National et voir l’année d’après. Malgré ça, c’était une bonne expérience, j’ai beaucoup appris sur le foot à la nantaise aux côtés de Moreau ou Guyot. J’ai côtoyé la dernière génération qui jouait à la nantaise, les Sofiane Hanni, Olivier Bonnes, Vincent Sasso Loïc Nego… j’ai été avec eux et ça m’a beaucoup apporté.

 

C’est donc en 2010 que tu quittes le FCN pour la 3e division espagnole. Tu y connaîtras 3 clubs différents (Orihuela, Atletico Baleares, Hurancan Valencia) et obtiendras plus de temps de jeu. Après une brève parenthèse aux Golden Lions (Martinique), tu signes au Tcherno More de Varna, en D1 Bulgare. A ce moment-là, en 2014, tu as 26 ans… comment un jeune français de cet âge peut appréhender le fait d’aller jouer en Bulgarie ? 

En fait c’est simple. Il y a une chose que l’on néglige beaucoup nous les français, c’est que c’est une première division. On pense que le foot se limite aux 5 grands championnats. C’est très bête mais quand je suis arrivé en Espagne je voyais des joueurs qui disaient « Regarde ! J’ai une offre en Slovaquie ! »  Moi je leur répondais que je n’irais jamais là-bas. Avec le temps, je me suis rendu compte qu’une D1, ça reste une D1. Même si le niveau est moins élevé, quand tu es bon dans une D1, les gens se disent « il est bon dans le meilleur niveau de ce pays ». Je ne saurais plus te dire quel joueur est parti en Thaïlande, mais il a tout cassé et il s’est retrouvé égérie de Adidas… donc moi quand j’ai eu deux offres de Bulgarie j’ai réfléchi. Quand j’ai eu le Tcherno More au téléphone ils m’ont expliqué qu’ils étaient un club stable, que je serais payé tous les mois - parce que c’est surtout ça qui fait peur au final - mais surtout qu’ils veulent jouer l’Europe. Alors moi je me dis « mais ils sont fous… il y a combien de clubs bulgares qui jouent la Coupe d’Europe ? » Les préliminaires, ça leur suffisait, les supporters seront contents. C’est comme ça que je me suis retrouvé là-bas, je me suis dit allez, si ça marche ça marche… si ça ne marche pas j’aurais au moins essayé. 

Après Nantes j’ai douté, mais partout où je suis passé personne ne comprenait ce que je faisais avec eux… personne ne comprenait pourquoi ça n’avait pas marché en France. En Espagne j’ai été dans deux clubs où on a failli monter. J’ai failli signer en D2 mais je ne pouvais pas car j’étais sous contrat. C’est pour ça que je suis retourné en Martinique. A un moment, je me suis dit « j’arrête le foot, s’il m’arrive toutes ces galères c’est que ce n’est pas pour moi ». J’ai signé un papier comme quoi je ne pouvais pas être embauché par un club pro et je suis parti aux Golden Lions. C’est pour ça que quand j’ai eu des propositions en Bulgarie, je me suis dit que peut-être que ma chance avait tourné. Peut-être que cette fois c’etait le bon départ. Je me retrouve donc dans une D1, ça se passe super bien. Je ne regrette pas, je pense que c’est le meilleur choix de ma carrière ! 

 

Ce choix à première vue surprenant va en effet vite s’avérer payant. Au terme d’une belle saison sur le plan personnel, tu disputes la finale de Coupe de Bulgarie contre le Levki Sofia et offre la victoire à ton équipe en prolongations… le premier titre du club depuis 1938 ! Quel souvenir en gardes-tu aujourd’hui ?

Ça c’est un souvenir… Pour être simple, j’ai toujours dit que je voulais devenir footballeur professionnel. Je ne cherche pas à être une star, mais j’ai toujours voulu laisser mon empreinte, qu’au moins quelque part on se souvienne de moi. Ce rêve-là je l’ai réalisé… là-bas je suis considéré comme une légende ! Il y a même pas 10 minutes j’ai reçu un message dans lequel on me demandait quand est-ce que je revenais jouer là-bas ! Je suis retourné au stade voir un match, le public s’est levé pour m’applaudir… c’est juste inoubliable. J’arrive là-bas, je fais une grosse saison, je marque le but vainqueur en finale… l’année d’après on gagne la Super Coupe contre Ludogorets, en Coupe d’Europe c’est moi qui marque… c’est les deux ans de ma vie ou je suis – entre guillemets – une star. Je pourrais dire que je l’ai vécu. Je ne vais pas non plus dire que je sais ce que c’est, je pouvais marcher dans la rue, mais ça fait plaisir de savoir que quelque part – même si ce n’est pas dans mon pays – je suis quelqu’un. Quand ma mère est venue et qu’ils lui ont dit « Merci d’avoir enfanté Mathias », elle a pleuré. Mon père pareil, quand il venait là-bas, les gens lui faisaient des câlins comme s’ils le connaissaient depuis toujours. Ça fait plaisir, tu rends tes parents fiers. Ces deux saisons là je ne les oublierai jamais… c’est un club qui est rentré dans mon cœur.

 

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Tu as côtoyé Claudiu Keseru au FC Nantes, il joue désormais au Ludogorets… est-ce que tu as eu l’occasion de l’affronter ?

Ouais ouais on s’est recroisé en Bulgarie ! A chaque fois je marquais en plus (rires) ! Claudiu aussi ne comprenait pas pourquoi ça n’a pas marché pour moi à Nantes. Il me disait qu’il fallait que je signe à Ludogorets… après il y a plein de choses que l’on maîtrise pas dans le foot, mais ça fait plaisir parce que ça vient de Claudiu Keseru quand même ! J’ai une super anecdote en plus avec lui. La première fois que je l’ai vu, je savais que c’était un roumain et je lui ait dit « toi Keseru, moi Mathias ». Il m’a regardé et il m’a dit « Non mais moi je parle français » … j’étais mort de rire mais je ne savais plus où me mettre !

 

Au terme d’une deuxième saison réussie sur le plan personnel tu pars pour le Dinamo Tbilissi en Géorgie. Une expérience qui tourne court puisque tu ne disputes que 2 matchs puis rompt vite ton contrat. Quelles-ont été les raisons de ce départ prématuré ?

Là j’ai fait une erreur. J’avais beaucoup de propositions… à ce moment-là j’aurais pu revenir en Ligue 2 mais je me suis dit que la France m’avait tourné le dos une fois et que je n’allais pas y retourner. J’étais suivi par l’Udinese notamment, aussi par quelques D1 turques et un club de Championship mais tout ça sans avoir d’offres concrètes. A Tbilissi, comme à Nantes, on m’a vendu du rêve. Là-bas on m’a dit que Tbilissi était le seul club de l’est à avoir gagné une Coupe d’Europe (Coupe des vainqueurs de Coupe en 1981), qu’ils voulaient redorer le blason du club, atteindre les poules en Europe chaque année. Ils me disent qu’ils comptent construire une grosse équipe et que je fais partie du projet. A ce moment-là, ils m’ont même donné des noms de joueurs de Ligue 1 ! Moi j’y ait cru. Je me suis dit que j’aller jouer régulièrement en Europe, contre des gros clubs… enfin réaliser mon rêve ! C’est pour ça que je suis parti là-bas.

Au final, personne n’est venu à part un gardien français, Anthony Scribe et quelques joueurs géorgiens qui ont joué l’Europe… mais rien d’exceptionnel. Ils nous ont donné des gros salaires, mais si on ne se qualifiait pas on dégageait. Quand on a été éliminé il y a eu des problèmes de paiement… ils voulaient nous faire craquer ! Quand j’ai senti ça j’ai décidé de partir. Je ne voulais même pas mes sous, je sentais que ça allait être une saison galère. J’aurais dû signer au CSKA Sofia mais ça ne s’est pas fait au dernier moment… j’étais dégoûté. Je suis donc reparti dans un petit club bulgare. J’aurais pu revenir à Varna mais je n’avais pas envie. J’ai signé parce qu’ils m’ont tout simplement dit « aide-nous à sortir de la zone de relégation et en décembre on te laisse partir libre ». C’était un bon compromis et ça s’est bien passé. J’étais meilleur buteur du club, on est sorti de la zone rouge en décembre donc j’ai pu partir. C’est là que je suis allé au Kazakhstan.

 

Tu arrives donc début 2017 au FC Kaysar Kyzylorda, fraichement promu en 1ere division du Kazhakstan. Tu contribues aux deux belles saisons du club qui ne passe pas loin d’une qualification en Coupe d’Europe. Une belle expérience ?

Alors là je ne vais pas mentir… j’y suis d’abord allé parce que financièrement c’était incroyable ! Le coach était bulgare, c’est lui qui m’a appelé et qui m’a fait comprendre que j’étais le joueur qu’il voulait. A partir du moment où il me dit ça et que je vois que c’est concret, je signe. Je ne voulais pas refaire la même erreur qu’à Nantes ou Tbilissi. La première année l’objectif était de finir dans les 6 premiers, on termine 6e, je suis meilleur buteur de l’équipe, les supporters m’adorent donc je décide de prolonger l’aventure. On devait terminer dans les 5 premiers, on finit 5e ! J’aurais pu re-prolonger là-bas mais je voulais me tester dans un meilleur championnat et c’est pour ça que j’ai choisi la Corée.

 

Nous voilà donc en 2019. Tu joues désormais sous les couleurs du Seongnam FC en Corée du Sud. Tu découvres cette saison ton 6e championnat, quelles sont tes premières impressions ? 

C’est vraiment différent de tout ce que j’ai connu ! Ici ça court vraiment beaucoup (rires)… mais c’est un bon niveau. Ça fait longtemps que je n’ai pas vu le niveau en L1/L2 en France mais ça ne paraît pas loin. Il y a des très bon joueurs… d’ailleurs j’ai cru voir que l'un d'entre eux va signer à Bordeaux (Hwang Ui-Jo)… franchement je suis agréablement surpris c’est vraiment très professionnel. Après par contre c’est très militaire et ça j’ai du mal à m’y faire. Leur culture est vraiment dure. J’ai l’impression d’être toujours au club. Le matin on arrive à 9h, le soir je rentre chez moi à 19h et on ne sait même pas pourquoi parce que des fois il n'y a même pas entrainement l’après-midi. Quand le coach te dit quelque chose tu n’as pas le droit de donner ton avis. Quand on fait des déplacements, pas le droit au téléphone, pas le droit de regarder un film… à la limite on peut écouter de la musique mais il ne faut vraiment pas sortir le téléphone pour changer de son ! Et puis dès qu’on perd un match, c’est la fin du monde. En fait c’est un stress permanent et c’est pour ça que j’ai du mal.

 

Le Seongnam FC est le club le plus titré du championnat coréen (2 ldc / 7 championnats). Après des années difficiles et un passage en D2, l’équipe est désormais stabilisée en K-League… Ca rappelle un peu le parcours du FC Nantes non ? 

Par rapport à Nantes c’est différent. Quand j'y suis arrivé, Kita venait juste de racheter le club. D’un côté il y avait les nantais, de l’autre les « Kita ». Je me rappelle, et ce n’est pas pour être méchant avec le staff en place à ce moment-là, mais on me mettait dans le clan de Kita. Moi je n’étais dans aucun camp… mais j’étais une recrue de l’ère Kita donc c’était un peu la guerre. Je pense que ce que le président a mal fait c’est qu’il est venu et qu’il a voulu imposer sa façon de faire. Il disait que dans 5 ans on serait le nouveau Lyon. Ils ont laissé de côté le centre de formation, le jeu à la nantaise… tout ça n’a pas plu aux supporters mais surtout à tous les nantais présents au club. C’était une philosophie et le président a tout voulu changer du jour au lendemain. Je me souviens des joueurs… les Da Rocha, ils étaient dégoutés de ce qu’il se passait au club.

Je pense qu’on ne peut pas vraiment comparer parce que ce qu’il s’est passé ici c’est le contraire. C’est quelqu’un de très riche qui dirigeait, le club gagnait car il y avait de meilleurs joueurs. Malheureusement, le président est décédé et son fils ne s’intéressait pas du tout au foot donc il est parti. Ça a tout changé. Les supporters se sont battus pour ne pas que le club disparaisse, et au final c’est la ville qui a repris le club. Je ne pense pas que l’on puisse comparer car à Nantes, Kita est venu et il a changé une culture alors qu’ici c’est la culture qui a sauvé le club. Après moi je vais le dire, Kita ce n’est pas un mauvais président. Il veut le bien, il a de bonnes intentions, mais il s’y prend mal. C’est un gagneur, il veut faire les choses bien. A la base il voulait faire quelque chose de grand à Nantes, mais dans un club comme celui-là il y a des choses à respecter, ce qui n’a pas forcément été le cas.

 

Avec du recul sur ton expérience, est-ce que tu conseillerais au jeune Mathias Coureur de 2010 d’aller tenter sa chance dans les Pays de l’Est ?

Je lui dirais que s’il aime le foot, si vraiment il veut exercer ce métier, il faut y aller. Par contre s’il ne veut pas se prendre la tête non. Moi, à la base - ça s’est calmé avec le temps - mais je suis un vrai amoureux du foot, je voulais absolument vivre du football et jouer tout simplement. J’étais conscient que c’était un risque, que des fois dans les pays de l’Est on n’était pas payé, mais j’ai eu de la chance, hormis en Espagne et à Tbilissi, ça ne m’est jamais arrivé. Après je ne vais pas cacher que j’ai des amis qui n’ont pas eu cette chance-là.

 

Est-ce que la langue t’a posé problème ?

Ah non vraiment pour moi c’est un kiff ! Aujourd’hui je parle espagnol, je me fais comprendre en anglais mais aussi en russe grâce au Kazakhstan. Ce qui est trop marrant c’est que je suis tombé sur des Russes qui étaient perdus à Paris dans le métro, j’ai pu les aider ! Je suis aussi tombé sur des Kazakhs à l’aéroport qui avaient raté un avion, pareil. Pour moi c’est enrichissant et ça te fait grandir vite. Quand tu arrives dans un pays où il faut te débrouiller seul ce n’est pas comme le FC Nantes ! Tu dois chercher ton appart tout seul, il faut le trouver, réussir à ne pas se faire arnaquer… c’est pas évident. Mais moi j’adore, ici (en Corée), quand j’ai pris le métro la première fois je l’ai fait pour me perdre… pour kiffer quoi ! Donc je vais dire que la langue au début ça gène, mais on arrive toujours à s’y faire. De toute façon tu es obligé de faire l’effort pour comprendre tes coéquipiers sur le terrain. Tu n’as pas forcément besoin d’apprendre la langue, mais si tu vas dans une boulangerie et que tu ne sais pas demander du pain, tu ne peux rien faire !

 

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On imagine tout de même qu’il y a eu des moments difficiles, peut-être même des moments de solitude…

Ici oui parce que les Coréens ne parlent pas trop anglais, je suis souvent seul. En Espagne, en Bulgarie et au Kazakhstan j’étais avec des Français, j’ai souvent eu cette chance-là donc ça allait. Après c’est vrai qu’ici c’est un peu plus compliqué.

 

A 31 ans et après avoir connu tant de destinations, y’a-t-il un championnat que tu ambitionnes de découvrir ? 

J’aurais bien aimé aller jouer en Thaïlande ! On y a été en pré-saison et j’ai adoré, j’ai eu de bons échos, les stades sont pleins… autrement la Malaisie car je trouve que c’est un beau pays. Sinon j’ai été en vacances en Colombie, j’ai eu la chance de voir la finale du championnat, et là j’ai vraiment senti que c’était un pays de foot ! Après sinon j’aurais bien aimé jouer en Afrique pour retrouver – entre guillemets – mes racines et apprendre du continent africain. 

Maintenant, franchement, à 31 ans l’idée c’est de rentrer jouer en France. Ça fait presque 10 ans que je suis parti, je n’ai pas construit de famille, je ne suis pas souvent avec mes parents… je ne sais pas si c’est parce que je joue moins ici mais je me sens seul. J’ai envie de profiter de ma famille… même entendre du français ça me manque ! Partout où je vais, je kiffe, mais au bout d’un moment, la France me manque. J’aimerais bien revoir un vestiaire français. Je ne demande pas grand-chose, je suis prêt à signer en N3 ! Je pense pouvoir jouer en Ligue 2 ou National mais je n’ai même pas envie de ça. Si c’est le cas tant mieux ! Mais j’ai vraiment envie de rentrer en France, de profiter de mes dernières années de foot sans être stressé.

 

On va brièvement revenir sur Nantes, est-ce qu’il y a un joueur qui t’a marqué lors de ton passage au FCN ? 

Oui ! Alors moi c’était plus les jeunes. Sofiane Hanni, Adrien Trébel, Olivier Bonnes, Loïc Négo… j’aimais aussi beaucoup Kévin Barré ! Après la première fois que j’ai vu Klasnic, c’était phénoménal ! Je me suis dit ce n’était pas possible, qu’il allait finir à 30 buts. J'ai aussi cotôyé William Vainqueur qui était très talentueux. Aussi, ce n’est peut-être pas le joueur qui m’a impressionné mais plutôt son professionnalisme, mais Tony Heurtebis c'était quelque chose. C'était également le cas chez Steven Thicot, très professionnel. Sinon, pour moi Djamel Abdoun avait vraiment beaucoup de talent, il a fait une bonne carrière mais je pense qu’il aurait pu faire mieux.

 

Quelle image le FC Nantes a-t-il à l’étranger ?

En Espagne, a l’Atletico Baleares, mon coach était argentin. Il y a beaucoup d’Argentins qui sont passés par Nantes donc il avait une très bonne image du club. Il a joué avec Nestor Fabbri, il disait que Nantes était un club vraiment spécial. Je lui expliquais que c’était un club à part pour sa façon de jouer et de former, que quand ils achetaient quelqu’un, c’était un joueur qui pouvait vraiment s’ancrer dans le collectif. Il aimait jouer au ballon donc il avait une bonne image du club. Mon passage au FCN m’a beaucoup apporté. Quand je suis arrivé à Orihuela, on me demandait si j’avais déjà joué en Espagne, ça faisait plaisir !

Dans les pays de l’Est les gens sont plus attirés par les gros. Si le gros du moment c’est Paris, ils s’intéressent à Paris. Par exemple, ils connaissent tous Lyon. Je leur disais que ce n’était pas le club le plus populaire mais ils répondaient qu’ils étaient toujours en Ligue des Champions. Par contre dès que tu dis que tu viens d’un club de Ligue 1 ils sont à fond dedans, ils se disent « ah ouais quand même ».

 

Pour finir, est-ce que tu suis encore ce qu’il se passe à Nantes, et quel regard portes-tu sur ce qu’est devenu le club ?

Oui bien-sûr, comme tous mes anciens clubs ! 

Je trouve que le club a gagné en stabilité par rapport à l'époque où j’y étais… mais ce n’est toujours pas stable, ça tremble encore ! Récemment j’ai cru voir que Vahid n’était pas content, il s’en est pris ouvertement à Kita… on a l’impression que c’est des choses qui ne se passent que à Nantes. Le problème c’est que tout le monde dit haut ce qu’il pense pour ne pas avoir les supporters à dos. Après, l’histoire qui fait mal c’est Sala, ça a encore entaché le FC Nantes. A la base Nantes c’est un club à part de la Ligue 1, c’est familial. Avant c’était tellement dur d’aller jouer ailleurs quand tu en sortais… aujourd’hui c’est devenu un club comme tout le monde, un club business alors qu’avant on n’avait pas cette image-là de Nantes. Il y a toujours eu ce côté business, mais ça ne se ressentait beaucoup moins. Ce serait bien que le FCN s’appuie de nouveau sur le centre de formation, son identité a été bâtie comme ça et c’est le genre de chose qu’il ne faut pas toucher. 

 

L'ensemble de l'équipe de La Maison Jaune tient à remercier Mathias de sa gentillesse et de sa disponibilité pour cet entretien !