Marcel Desailly et les Bleus, c’est une histoire d’amour, mais aussi de conflits, longue de 116 sélections,quatre ans de capitanariat et commencée un mois d’août 1993 pour se terminer 11 ans et plusieurs titres majeurs plus tard. Formé au FC Nantes, Desailly a effectué ses débuts pour les Canaris en 1986. D’abord doublure puis titulaire en défense centrale, Desailly explose aux yeux du public français lors de la saison 1991-1992, particulièrement réussie. À tel point que l’Olympique de Marseille, champion de France pour la quatrième fois d’affilée, signe le défenseur central durant l’été, où il retrouve son coéquipier au centre de formation nantais, Didier Deschamps. Après une nouvelle saison réussie dans la ville phocéenne, marquée par la victoire en Ligue des champions le 26 main 1993, face à l’AC Milan (1-0), Desailly s’ouvre les portes de l’équipe de France. Appelé pour la première fois en août 1993 en équipe de France, le défenseur central deviendra petit à petit un incontournable des Bleus.

 

Un raté pour débuter

Chaque belle histoire ne commence pas forcément par la gloire, et celle de Desailly sous le maillot bleu en est la preuve. Le défenseur de l’OM débute avec l’équipe de France lors des quatre derniers matches de qualification pour la Coupe du monde 1994. Appelé par Gérard Houllier, qui le titularise directement en tant que latéral droit, Desailly dispute notamment l’ultime match de qualification face à la Bulgarie au Parc des Princes, et honteusement perdu (2-1). Cette défaite, concédée à la dernière minute, élimine la France de la course à la Coupe du monde 1994 et est considérée comme une des pires défaites de l’histoire des Bleus. On a connu meilleur début en sélection.

 

Les années glorieuses

Malgré l'élimination face à la Bulgarie, Desailly enchaîne les convocations en équipe de France et se montre rapidement indispensable. Sous les ordres d’Aimé Jacquet, successeur de Gérard Houllier après le fiasco de 1994, il forme depuis 1996 un duo de choc en défense centrale avec Laurent Blanc, épaulé sur les côtés par Lilian Thuram et Bixente Lizarazu. Malgré leur solidité défensive, les Bleus s'inclinent lors de l’Euro 1996 aux tirs au but face à la République tchècque. Un mal pour un bien puisque Desailly et ses coéquipiers s'offrent le plus beau des trophées deux ans après.

Lors de la Coupe du monde 1998, Desailly signe une compétition de haute volée, rarement pris à défaut. Les Bleus n’encaissent que deux buts pendant toute la compétition ! Le défenseur central s'est même offert une sortie remarquée : lors de la finale face au Brésil, Desailly est exclu peu après l’heure de jeu pour un second carton jaune. Plus de peur que de mal pour l’équipe de France, qui s’impose tout de même 3-0 et remporte la première Coupe du monde de son palmarès.

Deux ans plus tard, les Bleus ont à nouveau rendez-vous avec l'histoire. Fort de leur défense impénétrable, menée par Desailly, les joueurs de Roger Lemerre gagnent également l'Euro 2000 et réussisent un doublé historique, non sans trembler face à l’Italie en finale (2-1 ap). Desailly est nommé capitaine de l’équipe de France après la retraite de son coéquipier Didier Deschamps juste après la compétition. Sous sa conduite, les Bleus gagnent un an plus tard la Coupe des Confédérations, le troisième trophée majeur de l’ex-Canari sous le maillot tricolore. En demi-finale, Desailly inscrit même le but de la victoire face au Brésil, de la tête sur un coup franc de Youri Djorkaeff (2-1). 


Fin de carrière sous les critiques

Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Si Desailly a connu de grands succès avec les Bleus, sa fin de carrière sous le maillot tricolore est plus tumultueuse. 

Alors qu’elle a été au sommet des débats au niveau international pendant quatre ans, l’équipe de France déjoue piteusement lors de la Coupe du monde 2002. Les Bleus, avec Desailly en défense centrale, ne gagnent aucun de leurs trois matches de poules et sont éliminés dans un échec retentissant. Les hommes de Roger Lemerre perdent face au Sénégal (1-0) et le Danemark (2-0) et concèdent le match nul face à l’Uruguay (0-0). Desailly est particulièrement critiqué après la compétition, notamment à cause de son attitude, jugée non conforme à son rôle de capitaine.  Des critiques dures à digérer pour l’ex-Canari. Le Monde, entre autres, est particulièrement sévère avec Desailly : “Il n'a rien en commun avec les jeunes de l'équipe de France, les Djibril Cissé, les Thierry Henry. Il déambule, seul, dans les couloirs du Sheraton, achète des bouteilles de vin pour garnir sa cave. Tient-il seulement le discours mobilisateur dont ses troupes ont besoin ? Parle-t-il réellement de tactique avec son coach ? En vérité, il n'a rien d'un capitaine des Bleus”

Deux ans plus tard, l’équipe de France et Desailly veulent se faire pardonner lors de la Coupe d’Europe 2004 au Portugal, dont elle est la tenante du titre. Alors qu’elle était humiliante en 2002, l’élimination devient cruelle en 2004 lorsque les Bleus sont sortis en quarts de finale par la Grèce (1-0) et Desailly rate une nouvelle fois son grand rendez-vous. Touché lors d’un match amical face au Brésil en mai, Marcel Desailly rate le premier match légendaire des Bleus face à l’Angleterre (2-1). Mais le capitaine revient pour le suivant, le match nul 2-2 face à la Croatie. Le défenseur vit un véritable calvaire pour son retour sur les terrains et est coupable de plusieurs erreurs défensives et directement fautif sur le second but croate. Sa mauvaise prestation lui coûte cher puisque  le sélectionneur des Bleus, Jacques Santini se passe de ses services pour les premiers matches, marquant ainsi la fin de la carrière chez les Bleus de Marcel Desailly.

Critiqué sur la fin de sa carrière, Marcel Desailly a tout de même grandement participé aux glorieuses années de l’équipe de France entre 1998 et 2002, amenant avec lui trois trophées majeurs dont une première Coupe du monde. L’ancien Nantais est devenu peu à peu un des meilleurs défenseurs tricolores de l’histoire et son nom restera encore longtemps dans les mémoires françaises.