C'est passé inaperçu, et pourtant... Cette saison encore, les matches de Nantes sont parmi les moins prolifiques de Ligue 1 (19 buts marqués, 18 encaissés). Seules les rencontres du Stade de Reims font « pire » (17 buts marqués, 13 encaissés). Or, en coupes, la tendance est plutôt antinomique. Alors que bon nombre de spécialistes ont rappelé le triplé fou de Vincent Bessat quelques années plus tôt au même stade de la compétition et dans cette même affiche, rappelez-vous ce 16e de finale, – là encore et toujours à la Beaujoire – entre le FC Nantes et l'AJ Auxerre. Pas besoin de piocher dans ses réserves, la rencontre remonte au 23 janvier 2018. Après une « remontada » de 0-3 à 3-3, les hommes de Claudio Ranieri finissent par encaisser un quatrième but, d'Ibrahim Sangaré, pour finalement s'incliner sur le même score ayant condamné ce samedi soir une formation totalement aux abois défensivement.

Ce qui est amusant et qui a été constaté, est que la 15e attaque du championnat s'est offerte le record du plus large succès dans l'histoire de la Coupe de la Ligue – et sans doute pour toujours puisque la compétition s'achèvera à l'issue de ce dernier cru – en étrillant le Paris FC (8-0). Autre paradoxe, la 3e défense de Ligue 1 a coulé contre des Lyonnais pourtant privés de Depay et Adelaïde, blessés de longue date. Ce nouveau revers, bien qu'excusable eu égard à l'adversité, renforce un peu plus les fragilités nantaises à imposer son jeu et s'imposer quand il s'agit de jouer à la maison et de décider des événements. La preuve par les chiffres.

Les voyages, un bon bol d'air pour le FCN

Pour entamer ce bilan, autant refermer tout de suite la page lyonnaise et rappeler que la plus grosse fessée reçue par Nantes depuis sa remontée n'est pas le cinglant (5-0) administré par le PSG au Parc, et qui avait provoqué la colère noire d'un Filip Djordjevic outré par l'attitude de ses coéquipiers davantage concernés par l'échange des maillots. Non, c'est bien un match à domicile. Un funeste jour d'automne qui sonna le glas d'un René Girard jamais parvenu à imposer son style, ni aux joueurs ni au public et encore moins à sa direction. Une défaite 0-6, digne des nombreux matches de Rafael Nadal à Roland-Garros. Passé ce petit rappel, force est de constater que si le FCN n'a pas gagné de titre depuis si longtemps, et que le club n'a pas goûté au doux parfum de l'Europe depuis quinze ans, c'est parce qu'il pâtit de performances insuffisantes chez lui. En incorporant le bilan de cette mi-saison 2019-2020, Nantes a déjà concédé 42 revers à domicile en Ligue 1 depuis sa remontée. 42 revers en 124 rencontres, soit 34% de ses matches. Les victoires, au nombre de 53, affichent un taux de succès de 43%. La balance penche à peine du bon côté. Sur les six saisons pleines disputées entre 2013 et 2019, Nantes s'est positionné entre la 9e et la 15e place au classement « domicile ». Ses déplacements convenables ont permis à chaque fois au club ligérien de ne pas voir le spectre de la descente se montrer trop menaçant. Depuis le début de la salve 2019-2020, les hommes de Gourcuff ont déjà remporté cinq matches hors de leurs bases, dont quatre en Ligue 1.

Au-delà de ce bilan très contrasté en championnat, il faut compiler six éliminations à la Beaujoire dans les deux coupes nationales depuis 2014. Contrairement au week-end dernier, ce ne sont pas toujours des cadors qui ont tranché la tête du Canari dans son propre nid. À l'exception du PSG et de Lyon, ce sont chronologiquement Nice, Nancy, Auxerre et Strasbourg qui ont mis fin au parcours des Jaunes et Verts. Quatre clubs qui ont vu l'Europe dans un passé plus récent que le nôtre. Depuis bien longtemps, le FCN est un roi déchu de sa couronne. Alors, puisque nous sommes toujours dans le mois de la galette, vive le roi !