Arrivé en 2019, à la place de Vahid, l'ancien lorientais ne s'est pas éternisé dans la cité des ducs. Pour cause, un début de saison presque catastrophique, avec une 14e place presque surprenante et chère payée.

Celui qui pouvait prétendre apporter un peu de stabilité dans un club mal mené depuis de nombreuses années, et qui pourtant avait annoncé en octobre 2019 son rôle élargi à un poste de « manager général » à l'anglaise. Cette promotion pourtant synonyme de confiance, sera brisée un an après entre le président du FC Nantes et l'homme de 65 ans, lors du début de saison le plus compliqué et insipide depuis la remontée en ligue 1. 

La grande question n'est plus vraiment de savoir qui sera le 16ème entraîneur élu sous la présidence de la famille Kita pour les supporters, mais bel et bien de savoir qui sera le dernier à subir ses fossoyeurs. Aujourd'hui, la valse n'a que trop duré, et le silence qui repose désormais depuis quelques mois à la Beaujoire résonne comme un cri de détresse, de colère.

Laurent Blanc, Patrick Vieira, ou encore René Weiler. Les têtes qui commencent à sortir pour savoir qui sera aux commandes sur le banc des canaris, quand bien même les supporters préféreraient entendre d'autres noms, pour remplacer une personne au poste de prestige détenu par Waldemar Kita, laisseraient presque indifférents les principaux suiveurs de l'octuple champion de France. Et, finalement, les boîtes d'intérims pourraient presque y voir un certain bénéfice à proposer leurs clients, la durée de vie des coachs étant considérablement réduite, leurs CV étant significativement différents.

Quoiqu'il en soit, il est désormais impossible pour un entraîneur d'enchaîner de mauvais résultats, au contraire de ce qui peut se faire ailleurs, comme en témoigne notamment la situation de Thierry Laurey à Strasbourg, dernier adversaire du FC Nantes, le bourreau de Christian Gourcuff, bien que si le résultat avait été inversé, le condamné l'aurait été tout autant. Le meneur de l'équipe alsacienne a réagi en conférence de presse d'après-match ce week-end, par une phrase symbolique « il y a des dirigeants qui paniquent et d'autre qui font confiance. Moi, j'ai la chance d'en avoir un qui fait confiance. », du côté de Gourucff, c'est de l'autre côté qu'il faut regarder. Michel Der Zakarian, qui détient la palme d'or de l'entraîneur ayant tenu le plus longtemps avec la direction actuelle, en passant par René Girard, Ranieri, Conceicao, Cardoso(...), et désormais Gourcuff. La liste ne cesse de s'accroître, les matelots continuent à abandonner le navire.

 

En pleine période de crise sanitaire, la maladie du club ne connaît pour l'instant aucun remède. Comme un bateau naviguant à contre courant, il peine à avancer, à progresser, à atteindre l'objectif qu'il s'était fixé, si les acteurs s'en rappellent...

Mais finalement, quel est cet objectif ? Difficile de l'apercevoir, quand un capitaine décide d'avancer en plein brouillard, en faisant confiance à un seul homme : Mogi Bayat. L'agent belge, ou encore le « directeur officieux » du FC Nantes, s'occupait déjà des principaux transferts du club, que ce soit au niveau des arrivées ou des départs. Désormais, il s'occupe de celui qui les dirigera. Peut-être qu'un jour, il prendra même la place de celui qui fait couramment appel à lui, c'est de famille après tout, Mehdi, son frère, étant administrateur délégué de Charleroi (Belgique). Un désir de pouvoir qui ne cesse de grandir avec le temps. Le protégé de Waldemar et Franck Kita occupe une place de plus en plus importante, et devient presque essentiel.

Les entraîneurs se suivent et ne se ressemblent pas, quand Michel Der Zakarian, René Girard, Ranieri, Conceicao, Cardoso ou encore Vahid qui s'étaient croisés dans les couloirs parisiens, il est certain que tous ces hommes n'auraient pas parlés la même langue, ni le même football. Christian Gourcuff n'échappe pas à la règle. Une philosophie de jeu constamment différente, une perception des jeunes du centre régulièrement remise en question, des ambitions qui changent tous les six mois quand l'un d'entre eux est remercié. Gourcuff avait pris la place de Vahid en prônant un semblant de « jeu à la nantaise », idéalisant ses exemples Raynald Denoueix, ou encore Coco Suaudeau, mais Vahid avait pris lui même la suite de Cardoso en annonçant une toute autre vision du football que ce dernier qui avait été un véritable échec, un de plus. Les similitudes entre ces trois hommes sont rares, les trois derniers de la liste, dont la probable perception d'un football dépassé, ou d'un manque de moyens criant, car oui, pour imposer son style de jeu, il faut pouvoir choisir les joueurs qui pourront reproduire ce que leur entraîneur leur demande.

Il est probable que parmi ces seize noms, aucun d'entre eux ne laissent entendre qu'il y a pu construire son équipe, à travers des mercatos souvent éprouvants, responsables même d'une plaie impossible à soigner amenant régulièrement une séparation prématurée avec la direction.

Éprouvant, c'est sûrement le maître mot de certains joueurs, qui comme Nicolas Pallois, arrivé en Juillet 2017, a été sous les ordres de quatre des seize derniers coachs nantais. Comment trouver une cohérence sportive, sans stabilité à tous les niveaux ? Si les supporters ne comprennent pas, il est certain que les principaux acteurs sur le terrain sont davantage perdus. Quand en été, on leur demande de produire un football différent de celui qu'on leur apprendra quelques mois plus tard, avant de changer pour une troisième fois avant le début d'une seconde saison. Difficile de progresser dans cette situation, y compris pour les jeunes qui en temps normal sont promus quand l'entraîneur s'impose et impose une philosophie qui lui est propre, dans un collectif bien rodé. Pour cela, il faut du temps, mais celui-ci est devenu un luxe, et est il inenvisageable pour celui qui reprend les rênes de l'équipe d'intégrer des jeunes quand les résultats passent avant toute chose. Désormais, les questions sont nombreuses, se demandant si leur avenir est encore dans leur club formateur, ou si la coque n'est pas plus belle ailleurs...

Le navire est depuis bien longtemps tourmenté par les vagues déchaînées de l'océan, cela fait treize longue années qu'il a quitté le rivage, avec un équipage partagé entre valeurs d'antan et idées novatrices. Le contexte ne prête pas à l'entraide, quand les ambitions personnelles prennent le dessus sur l'ambition collective, pour sauver ce qui reste en prenant compte ce qu'on a perdu, quand le silence des anciens déçoit, préférant sauter par dessus bord que de s'exprimer avant que le club ne sombre définitivement. Aujourd'hui, le bateau est toujours loin de poser son ancre, toujours loin des terres, il se rapproche petit à petit des fonds marins, on commence même à se demander si le capitaine ne préfère pas couler son navire plutôt que de laisser la barre à quelqu'un de plus qualifié...