Ma mémoire a refusé de se souvenir de mes matches de football. Comme joueur et comme entraîneur. Pourtant je me rappelle par exemple des paroles des chants des supporters stéphanois qui disaient :  « Cuits, cuits, les canaris sont cuits ». Sans réussir à mettre une mélodie dessus. 

Ce qui reflétait bien qu’il y avait une vraie rivalité entre les meilleurs dans les années 70. Soit les verts de Robert Herbin ou les jaunes de José Arribas. Comme j’ai joué de 1975 à 1976 aux Girondins de Bordeaux avec Claude Arribas, j’aurais pu me tuyauter sur le fameux jeu à la nantaise. Ce que je n’ai probablement pas fait.

Pourtant, si j’en crois Football 65, cité par Wikipedia: « José a façonné l'équipe de Nantes à son image : celle de la loyauté, de la correction, de l'amour de l'offensive, du beau jeu et de la modestie, armes qui lui ont permis de sortir de l'ombre et de se faire une place de choix dans le Football français ».

Je me remémore quand même un match à Marcel Saupin. Joué contre Patrice Rio, un monstre de 1,82m (je croyais qu’il était beaucoup plus grand…). J’ai même gagné un ou deux ballons de la tête suite à un dégagement de gardien (ce qui prouve bien que ce n’était pas un géant…). Par contre, une réminiscence entêtante et cuisante me revient de ce match emmené par les footballeurs guidés sur le terrain par Henri Michel. Je pressais à gauche, le ballon partait à droite. Je pressais à droite, le ballon partait à gauche. Je courais dans le vide. Du début à la fin. Avec toujours moins d’intensité. Je découvrais à mes dépens le fameux « Jeu à la Nantaise » fait de vitesse, technique et intelligence.

Malgré ses succès chez les canaris, Jean Vincent, qui a lancé ma carrière au FC La Chaux-de-Fonds et que je ne remercierai jamais assez, n’a jamais paru légitime au FC Nantes. Miroslav Blazevic, que j’ai subi une fois en équipe nationale suisse, non plus. 

L’orthodoxie du « Jeu à la Nantaise » a été reprise par Jean-Claude Suaudeau pendant longtemps et améliorée 4 ans par le perfectionniste Reynald Denoueix. Depuis les présidents du FC Nantes ( il fut un temps où l’on parlait plus de l’entraîneur et du directeur sportif Robert Budzinski que de Monsieur Fonteneau) ont tous recherché un profil qui collait au football à la nantaise. Sans grand succès. Ce qui donne 23 coaches de 2001 à 2021. Ce qui rend l’insuccès évident.

Comme entraîneur, j’ai toujours regardé du côté de Coco avec envie. J’aurais toujours voulu l’imiter. Mais l’éducateur en moi voyait une réponse fondamentale. Hors canaris, les réussites internationales couronnaient Desailly, Karembeu, Kombouaré ou Deschamps, des costauds aux qualités physiques exceptionnelles. Et non celles qui me faisaient rêver chez les canaris, les Loko, Ouedec, Pedros ou N’Doram. Je lui ai volé « sa cage à foot », pas son « Jeu à la Nantaise ».

J’ai toujours suivi la carrière d’entraîneur d’Antoine Kombouaré avec attention, voire avec une pointe de jalousie. J’admirais son charisme, sa présence, son humanité et son énergie. La voie de Coco Suaudeau me paraissait plus facile à imiter avec mes qualités et mes défauts. Ses débuts avec la réserve du PSG interrogent, son arrivée à Strasbourg en première division aussi. Sa carrière démarre vraiment à Valenciennes. Il prend de la place. S’impose. Au point d’être engagé et débarqué par le PSG après l’arrivée des « quataris ». J’adore encore Ancelotti, mais je ne comprenais pas le limogeage d’Antoine. Que faut-il donc faire pour rester en place ? Telle est ma question. Qui reste sans réponse. 

Son passage à Lens ne me parle pas. Sa fin à l’En Avant Guingamp si. C’est le début de l’enfer. Il devient pompier de service. À Dijon il finit 18e et  démissionne. À Toulouse, il ne termine pas la saison. Point final. Plus personne ne croit en lui. Mais lui sait qu’il possède toutes les qualités pour être entraîneur.

Il sauve le FC Nantes, enfin débarrassé du carcan du «  Football à la Nantaise ». Et gagne la Coupe. La 4ème, après 22 ans d’attente. Et peut gagner un deuxième trophée en 3 ans de travail en remportant une nouvelle finale de Coupe de France.

Désolé, mais le 29 avril, je serai supporter du Toulouse FC. Pour conforter mon histoire personnelle. Pour l’entraîneur du TFC Philippe Montanier (et ex-nantais) que j’ai coaché 3 ans au Stade Malherbe de Caen. « Allez Tanier! »