Dans la religion catholique subsistent sept péchés dits « capitaux » puisqu'ils recoupent les pires bassesses de l'Homme. Au nombre de huit initialement, ils ont été réduits d'une unité avant que la liste ne soit validée par le pape Grégoire Ier le Grand à la fin du VIe siècle et définitivement adoptée par l'Eglise dans un second temps. Dans l'ordre alphabétique, l'avarice, la colère, l'envie, la gourmandise, la luxure, l'orgueil et la paresse s'opposent donc aux sept vertus séparées en deux catégories : les vertus d'origine humaine et divine. 

Voilà pour ce bref moment d'histoire paré à compenser une filiale bafouée depuis maintenant une quinzaine d'années par le sommet de la pyramide nantaise pour ce qui est du football. Oui, n'ayons pas la cruauté de lorgner sur nos amis handballeurs. Pas maintenant. 

Le FC Nantes va donc accueillir un dix-septième entraîneur sous la présidence Kita après le saucissonnage du « collectif nantais » par des strasbourgeois  rentrés en Alsace le ventre plein. Les hommes de Thierry Laurey étaient pourtant saisis d'une fringale assez inhabituelle en ce début de saison mais le coach a bien différencié les deux écoles actuelles en mettant l'accent sur une confiance réciproque liant le technicien et sa direction.

 

La relaxe pour l'accusé Gourcuff

Le pauvre Christian Gourcuff, traîné en laisse par une institution en perdition, va pouvoir retourner à ses vocations canines et jouir d'une seconde retraite bien méritée et sans doute définitive. Il faut dire que son flegme insapide se nourrissait d'idées surannées, et son statut de manager, acquis il y a un an après une courte série de bons résultats, scintillait par son imposture tant il se montrait taiseux sur le banc quand bien même ses joueurs courbaient l'échine une fois encore. Mais affirmer que le successeur de Vahid - qui lui même avait pris la relève de Cardoso et ainsi de suite - doit présenter patte blanche face à cette crise qui frappe l'institution FCN, serait faire preuve d'une grande injustice. Il aurait pu se passer, toutefois, de s'initier à des grandes plaidoiries en faveur du « jeu à la nantaise » et de citer en exemple ses illustres incarnations tant il a failli dans son costume d'entraîneur et sa robe d'avocat à la pratique. La jurisprudence rennaise n'aura pas empêché la récidive. À propos de justice, la balance des responsabilités penche en très, très grande partie du côté d'une Présidence qui illustre diaboliquement les fameux sept péchés capitaux décrits ci-dessus.

Les Kita père et fils, Waldemar et Franck, Casimir et Hippolyte, sont donc toujours aux manettes. L'homme d'affaires franco-polonais, qui ne se cache plus de faire du véreux et cancéreux Mogi Bayat le directeur sportif nébuleux du club, ne veut pas abandonner la partie. Peut-être n'en a-t-il plus les moyens après la vente avortée au printemps 2019 et qui avait occasionné une nouvelle communication lunaire du club, rappelez-vous : « Waldemar Kita réaffirme son attachement au FC Nantes, à ses joueurs, à ses salariés et à ses supporters et ne laissera jamais l’avenir du club dans les mains de candidats qui n’assument pas leurs responsabilités et dont le sérieux et la crédibilité ne sont pas garantis. Le FC Nantes est une institution que Waldemar Kita continuera de construire avec passion dans la continuité des 76 ans de l’histoire du club »

Plus que de se pincer le nez pour rendre hommage à notre désormais ex-coach, il y avait de quoi se pincer tout court. Mais le luxurieux Kita, sans doute moins dépourvu quand le temps d'agrandir les pénis est venu, n'est pas le mieux placé pour attester de ce qui peut être « sérieux » et « crédible ». Ces adjectifs n'ont pas été mesure d'accompagner une seule fois la politique sportive du FCN qui, en seize entraîneurs, n'a pas remporté le moindre titre, n'a pas été une seule fois en Europe et n'a même pas participé à la moindre finale de Coupe Nationale. Inutile de dresser la liste de toutes les équipes qui ont coché au moins l'une de ces cases durant cette période. Sa gourmandise pour les « coups médiatiques », à l'instar d'un Claudio Ranieri ou l'étude de scabreux transferts (Balotelli et Lucas récemment) ne renforcent qu'un sentiment indigeste, celui de dépenser sans compter et sans penser au lendemain. Pas de plan, pas de projet, pas de projet, pas de structure, pas de structure, pas de succès, pas de succès... pas de succès – dédicace à Gérard Darmon. Échec sur échec. Le constat est simple, basique.

 

Satan, ça tangue

Un Président luxurieux et gourmand provoque un périlleux écoulement de dominos. Les péchés capitaux s'entraînent mutuellement et il apparaît très nettement aujourd'hui que le Père Kita remplit l'entièreté de cette liste infernale. Par orgueil, il n'entend pas desserrer l'étreinte et continue d'infliger de profondes sévices à l'institution, amplifiées par une enquête pour fraude fiscale qui a rebondi le jour du limogeage de Christian Gourcuff. Une perquisition pour une avarice qui pourrait se chiffrer à dix millions d'euros, tout de même. Quant à l'envie, la colère et la paresse... elles ne sont pas bien difficiles à trouver. Deux de ces termes, liés dans la religion, sont antinomiques sur le rectangle vert et ils incombent aux joueurs de créer un renversement. Cette saison, c'est bel et bien la paresse qui les caractérise et non une certaine envie qui avait permis à Michel Der Zakarian, Sergio Conceiçao ou encore Claudio Ranieri de créer l'illusion. Quant à la colère, elle est froide car exprimée à distance dans une enceinte laissée vacante par la crise sanitaire et à l'approche d'un hiver qui vient. Mais les supporters entendent demander des comptes. De vrais comptes. Pas ces horribles statistiques qui résument l'ère lamentable traversée par le FC Nantes depuis quinze ans, ni celles d'une année 2020 qui fait état de cinq victoires en vingt-deux rencontres...

La question du successeur de Christian Gourcuff - ou l'intérimaire Patrick Collot, peu importe - ne prévaut pas sur un tas d'autres découlant d'une situation qui dépasse depuis longtemps l'entendement. Les doutes et les interrogations sur la faculté de la Présidence à faire redorer les lettres de noblesse du club n'ont plus lieu d'être. Tout le monde a compris. Les représentants de notre FCN se sont englués dans les péchés pour mieux salir son passé. Maintenant, pour permettre aux passionnés de tutoyer une seule des vertus catholiques, à savoir l'espérance, les fossoyeurs doivent à tout prix renoncer au cimetière qu'ils ont bâti année après année. Oui, il est encore temps pour Kita de ne pas devenir Judas.