Jean-Yves a 18 ans lorsqu'il assiste à son premier match des Canaris, à Marcel-Saupin, le 27 janvier 1974. Originaire de Saint-Michel-en-l'Herm, en Vendée, le jeune homme est témoin d'une victoire convaincante de Nantes face à Saint-Étienne (3-1), grâce à des buts de Maas, Amisse et Michel. Pour arriver au stade avec ses amis, ils prennent d'abord la mobylette, puis le train pour aller de Luçon à la cité des Ducs. « C'était une expédition ! »
Jusqu'à sa retraite il y a presque quatre ans, le supporter, peintre en bâtiment toute sa vie dans l'entreprise qui porte son nom à La Roche-sur-Yon, se constitue une collection faramineuse sur le club. Avec sa femme, ils sont abonnés depuis 1992 à la Beaujoire. « Je ne sais pas exactement combien j'ai de pièces. Des milliers, c'est certain. »
Maillots, billets de rencontres, photos d'époque, fanions, posters, ballons, écharpes... Dans son garage devenu musée, tout est à l'effigie du FC Nantes. Jean-Yves aura bientôt fini de collectionner tous les France Football, de 1946 à aujourd'hui, qu'il trouve aux quatre coins de la France sur eBay ou grâce à des sites de collectionneurs. « Je numérise tout pour garder une trace. Ça prend pas mal de temps, mais j'aime ça ! »
Son souvenir le plus fort contre Metz en 2005
Le Yonnais a connu les épopées européennes des Jaunes et Verts, les titres de champions de France, les victoires en Coupe de France, les séries d'invincibilité nantaises. Mais son souvenir le plus marquant reste le match contre Metz, le 28 mai 2005. « C'est celui-là qui est le plus fort. On avait de grandes chances de descendre en Ligue 2, et au final on s'est maintenu. » Un coup de casque de Mamadou Diallo sur un centre de Nicolas Savinaud délivre le peuple nantais ce jour-là.
Aujourd'hui, Jean-Yves suit toujours l'actualité du club, mais comme de nombreux supporters, il est attristé par la phase compliquée que traverse le FC Nantes. « À l'époque, on avait le cœur qui battait dès le matin, ou la veille même. Il y avait ce stress, cette appréhension, même encore récemment à la Beaujoire. Mais ce n'est plus pareil maintenant... »
Dans l'idéal, le Vendéen aimerait que des repreneurs locaux rachètent le club, mais la crise actuelle l'amène à penser que ce sera compliqué, à court terme. « Si on se faisait racheter par un fonds d'investissement, ça ne veut pas dire que ce serait mieux. Quand je vois Lille, heureusement qu'ils ont été repris, sinon c'était la cessation de paiement. »
Der Zakarian, un « meneur d'hommes »
Concernant l'arrivée de Raymond Domenech en tant qu'entraîneur du club, Jean-Yves soupire. « Lui ou un autre... Il se fout de ce qu'on pense de lui. Il vient dans une poudrière, il le sait. C'est un pédagogue, il s'est mis du côté des journalistes. Mais je pense qu'il peut se mettre les joueurs dans la poche pour six mois. »
Pour lui, le FC Nantes joue le maintien chaque saison, comme depuis de nombreuses saisons. Il pointe notamment du doigt le manque de combativité de certains joueurs. « Si on donnait l'impression de toujours être au taquet, ça se passerait beaucoup mieux. Aujourd'hui, les joueurs baissent les bras, ils n'ont pas de physique. Si techniquement on est moins bon, il faut compenser par autre chose. »
La semaine dernière, Nantes est allé cherché un point sur la pelouse de Montpellier, entraîné par Michel Der Zakarian, ancien de la maison jaune. « Avec lui, ce n'est pas forcément un jeu exceptionnel, mais c'est efficace. C'est un meneur d'hommes. Les années où il était à Nantes, on n'a jamais eu très peur de descendre. Ce qu'il fait à Montpellier, dans un entourage familial comme Nantes à l'époque, c'est bien. »
« Fier » de sa collection
L'homme de 64 ans, grâce à sa collection, a notamment contribué à développer le site FCN Muséum. « Ce ne sont que des photos. On est surtout deux à y avoir participé. » Pour obtenir ses pièces de collection, Jean-Yves a investi beaucoup d'argent, « étalé sur des années. »
Lui manque-t-il quelque chose dans son musée ? « Des programmes de Coupe d'Europe, oui. Mais j'ai déjà beaucoup de choses. Ce qui m'aurait intéressé, c'est d'avoir les dédicaces de tous les joueurs qui ont joué en D1. J'ai quelques pièces, comme une carte postale de la première équipe professionnelle à Nantes, signée par tous les joueurs, sauf un. Je suis en contact avec son petit-fils d'ailleurs. »
Le Vendéen se dit « très fier de cette collection. » Installé depuis deux ans dans sa nouvelle maison, Jean-Yves a entièrement réaménagé le garage pour créer son petit endroit de paradis. « J'aime recevoir des gens ici, c'est aussi le but de partager ma passion pour le FC Nantes. »