L'histoire de l'EA Guingamp

1971 : Le Saint-Brieuc Sports Chaffoteaux voit le jour

C’est dans les années 70 que le club de Guingamp est créé. En 1971, à l’initiative de Josette André, une association sportive, nommée Saint-Brieuc Sports Chaffoteaux, est mise en place à l’usine de chauffe-eau Chaffoteaux et Maury à Ploufagra. Elles sont plusieurs ouvrières à avoir découvert le sport il y a quelques mois et ont décidé de s’y mettre sérieusement. Puisqu’elles n’étaient que sept au départ, les footballeuses de l’usine ont commencé par s’affilier à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), avant de rejoindre la Fédération française de football en 1973 avec une équipe complète.

1979 : Le club découvre l’élite et prend ses marques

Les Bretonnes ont ensuite atteint la première division en 1979 et se sont installées dans ce championnat pendant de nombreuses saisons. Présidente depuis 1981, Josette André a même pris la casquette d’entraîneure à plusieurs reprises. C’est à cette période que deux rivalités historiques se sont créées, face à leurs voisines du Stade quimpérois, et face à l’ASJ Soyaux.

C’est avec le leadership d’Elisabeth Bougeard que le club a pris une autre dimension. L’EAG est parvenu à atteindre les demi-finales du championnat de France en 1987 puis en 1988 où elles ont été battues à deux reprises par Saint-Maur. Mais ces deux défaites ont sérieusement forgé le caractère des joueuses qui ne voulaient pas perdre une troisième fois.

1989 : Guingamp devient champion de France

Et le moins qu’on puisse dire c’est que les promesses des Bretonnes ont été entendues. L’année suivante, en 1989, les Guingampaises ont à nouveau pris part aux demi-finales de l’élite. Sous l’égide d’Yvan Le Quéré et avec plusieurs internationales françaises dans leurs rangs, Guingamp s’est qualifié pour la première fois de son histoire en finale après avoir battu l’AS Monaco et le Poissy JSF. Pour le dernier match, les joueuses ont affronté leurs ennemies de Soyaux. À l’issue du temps réglementaire, les deux équipes étaient au coude à coude et ont dû être départagées aux tirs au but, sacrant Guingamp.

Ce sera leur seul titre dans l’élite. En effet, l’année suivante, les Bretonnes ne parviennent pas à conserver leur titre. En 1992, pour la dernière année du tournoi, Guingamp a pris part à sa deuxième finale nationale mais a échoué à être sacré une seconde fois, battu par le FCF Juvisy.

Jusqu’à la fin des années 90, Guingamp a conservé son statut d’incontournable du championnat élite féminin tout en étant régulièrement salué en tant que meilleure attaque du championnat. Mais le club s’est ensuite plutôt installé dans le ventre mou de la compétition, jusqu’à se rapprocher dangereusement de la relégation…

2005 : Bouleversements et descente en D2

Le début des années 2000 va initier l’ère du changement à Guingamp et dans le football féminin de manière générale. Le club prend le nom de Saint-Brieuc FF en 1999, puis Stade briochin en 2003, en se rattachant au club professionnel. En quittant l’entreprise c’est la joueuse Isabelle Le Boulch qui prend la suite de Josette André à la présidence.

Au niveau national, on assiste progressivement à une professionnalisation du championnat où tous les clubs ne sont pas logés à la même enseigne. C’est le cas des Bretonnes qui ont du mal à suivre le rythme. Elles, qui pensaient avoir accès de meilleures conditions de travail en intégrant Saint-Brieuc, se sont rendues compte qu’en réalité elles ne bénéficiaient pas des mêmes infrastructures que leurs adversaires, le tout illustré en partie par leur classement, proche de la zone de relégation.

C’est en 2005 que tout a basculé. Saint-Brieuc est rétrogradé en Division 2 à l’issue d’une saison très compliquée. Mais les joueuses n’avaient pas l’intention de se laisser faire puisqu’elles n’ont passé qu’une seule saison dans le championnat inférieur. Si elles ont échoué à être titrées championnes de division 2, face au FCF Condéen, leur deuxième place a suffi à leur permettre de retrouver l’élite. 

2013 : L’EAG prend un nouvel élan

En 2011, l’EAG a pris un nouvel élan dans sa démarche de professionnalisation en intégrant le club professionnel de Guingamp pour bénéficier d’infrastructures plus intéressantes qu’à Saint-Brieuc. 

Mais c’est en 2013, avec l’arrivée de Gilbert Castel à la présidence du pôle féminin que l’équipe féminine de Guingamp est davantage prise au sérieux. Le président a assuré vouloir développer la section qui est déjà réputée pour la qualité de son centre de formation dont sont sorties Camille Abily, Eugénie Le Sommer et Griedge Mbock dernièrement.

Cette saison, la section féminine de l’EAG entame sa 16e saison consécutive en D1.

 

Les joueuses emblématiques de Guingamp

Josette André : créatrice du club où elle a été joueuse pendant 13 ans avant d’endosser les casquettes d’entraîneure et présidente. Aujourd’hui elle est toujours à Guingamp en tant qu’intendante.

Elisabeth Bougeard : cette pépite de l’attaque a longuement mené Guingamp jusqu’au sommet où elle a passé 12 ans avant d’intégrer la FFF.

Ghislaine Baron : championne de France en 1989 mais aussi défenseure internationale française, elle a été formée au club où elle a évolué pendant quatre saisons.

Isabelle Le Boulch : championne de France en 1989 et internationale française puis présidente-joueuse, elle a pris sa retraite sportive en 2002 pour prendre des fonctions plus administratives au sein du club dont elle a été la vice-présidente jusqu’en 2010.

Camille Abily : formée au Saint-Brieuc FF, l’emblématique internationale française fait ses débuts en tant que professionnelle lors de la saison 2000-2001, sa seule saison en Bretagne.

Eugénie Le Sommer : formée au club, la célèbre attaquante a éclos aux yeux de tous lors de la saison 2009-2010 sous les couleurs bretonnes. Internationale française, elle avait été sacrée meilleure buteuse (19 buts en 22 matches) et meilleure joueuse en 2010.

Griedge Mbock : la nouvelle pépite de la défense française a passé cinq années à Guingamp où elle s’est imposée. Lors de ses passages en sélection jeune, elle avait reçu les titres de ballon d’or de la Coupe du monde U17 en 2012, où la France est sortie victorieuse, et ballon d’argent de la Coupe du monde U20 en 2014.

 

Palmarès

1989 : championnes de France

1990 : 1ère Coupe de Bretagne, compétition dont l’EAG est sorti victorieux à dix reprises (1990, 1992, 1993, 1994, 1995, 1997, 1998, 1999, 2000, 2010)

2006 : vice-championnes de France de D2

 

Les joueuses à suivre dimanche

Cindy Perrault : passée par Lyon chez les U19, championne du monde U17 en 2012, vice-championne du monde U20 en 2016, Cindy Perrault a déjà acquis beaucoup d'expérience à seulement 25 ans (36 matchs en D1, 37 en D2). Cette gardienne très solide est arrivée cet été à Guingamp en provenance de Montpellier afin de prendre la succession de Solène Durand.

Manon Revelli : passée par toutes les sélections de jeunes en équipe de France, Manon Revelli a signé son premier contrat à Lyon en 2019, année où elle est également devenue Championne d'Europe U19. Prêtée par Lyon cet été pour un an à Guingamp afin de gagner du temps de jeu, cette latérale droite moderne dispose d'un gros volume de jeu, de beaucoup de tempérament et se montre très active sur le terrain.

Sana Daoudi : formée au PSG avec qui elle a obtenu son premier contrat pro en 2016, Sana Daoudi est passée par toutes les sélections de jeunes en équipe de France. Elle a notamment participé à la Coupe du Monde U20 qui a eu lieu en France en 2018. Après un prêt à l'Atletico Madrid en 2017, elle a rejoint Guingamp en 2018. Cette superbe milieu de terrain défensive, au petit format mais combattante, est très active à la récupération, très technique, avec une belle vision du jeu dont elle dicte le tempo au sein de son équipe. Elle dispose également d'une grosse capacité à transformer les ballons compliqués en opportunités. Elle cherche beaucoup à combiner, mais elle ne cherche peut-être encore pas suffisamment à se projeter vers l'avant.

Louise Fleury : arrivée à Guingamp en 2012, Louise Fleury a déjà beaucoup d'expérience malgré son jeune âge. Elle a fait ses débuts en D1 à 16 ans et est passée par les sélections en équipes de France en U19, U20 et U23 avant d'être convoquée quelques fois avec les A. Buteuse de façon régulière depuis la saison 2018/2019, cette attaquante élégante et technique a un bon sens du jeu et une belle frappe de balle.

Laurie Teinturier : avant-centre d'Issy lors de la saison 2019/2020, lorsque que le FCN a connu sa première année en D2, son club était monté en D1 à la fin d'une saison inachevée pour cause de Covid où elle avait tout de même inscrit 15 buts en 15 matchs. Elle a rejoint Guingamp cet été. Laurie Teinturier peut jouer attaquante ou au milieu sur le côté droit, grâce à sa combativité, son gros volume de courses, sa justesse dans le jeu et sa finition.

 

La dernière partie de cet article a été co-écrite avec Fabrice Harcouet.