Guillaume Champeau, directeur juridique de Clever Cloud, acteur engagé du numérique, fondateur du magazine Numerama.com, passionné par les questions d’éthique et les recherches d’alternatives aux géants du web, est suivi par plus de 62.000 personnes sur l'ex-Twitter. D’ailleurs, si tous les intervenants étaient comme lui, posés, cultivés, ouverts au débat, constructifs, polis, nul doute que le réseau devenu jouet du milliardaire fou Elon Musk ne serait pas devenu l'immonde marigot que l'on connait aujourd'hui. Nous avons toutefois trouvé une faille chez Guillaume : un amour immodéré pour le FC Nantes.

Bonjour Guillaume. Comment est née ta passion pour le foot et pour le FC Nantes ?

Je suis né à Nantes, et j'étais adolescent quand l'équipe de Coco Suaudeau a été championne de France en 1995, puis demi-finaliste de la Ligue des Champions. Et j'ai vu deux ans plus tard des noms comme Didier Deschamps, Marcel Desailly ou Christian Karembeu soulever la Coupe du monde. Forcément, ça forge une fierté d'être Nantais et d'avoir un tel club. A l'époque je suivais ça à la TV et à la radio, je n'avais jamais été au stade. Ensuite je suis parti faire mes études et je me suis éloigné du club mais quand je suis revenu sur Nantes j'ai commencé à aller voir des matchs à la Beaujoire et là je suis devenu de plus en plus accro.

Quelle est ta définition du Jeu à la Nantaise ?

Pour moi c’est du football où une belle passe est plus recherchée qu’un beau but ou un beau dribble. C’est du jeu quasi instinctif basé sur une très bonne entente entre les partenaires, où la vitesse d’exécution recherchée implique de constamment prendre les espaces et de jouer le plus possible à une touche de balle. C’est aussi une philosophie basée sur la formation, où le résultat n’est pas l’objectif mais la conséquence d’une cohérence d’ensemble.

Que penses-tu de l’arrivée des technologies dans le football, notamment dans le domaine de l’arbitrage ?

Plutôt du bien pour le sport professionnel où il est important d’être aussi équitable que possible. Il reste des problèmes et des incompréhensions mais j’ai quand même le sentiment qu’on a beaucoup moins de protestations depuis la mise en place de la VAR, et que globalement les résultats des matchs sont moins contestés qu’avant. Et ça retire de la pression sur les arbitres qui ont le droit de se tromper sur le moment sans que ça ait des conséquences irrémédiables. Je serais pour aller plus loin en permettant aux spectateurs d’entendre ce que disent les arbitres vidéo lorsqu’ils analysent les images, que l’on puisse mieux comprendre leurs décisions.


Tu es également sensible à la notion d’éthique. Penses-tu que l’éthique se porte bien dans le monde du football professionnel ?

(Rires) non. Je ne suis pas du tout spécialiste mais ce que je lis et entends notamment sur les transferts est tout sauf éthique, et je suis sûr que je ne connais pas la moitié des pratiques à la légalité plus que douteuse. Le FC Nantes est d’ailleurs mis en examen dans une affaire de commissions d’agents. Et il suffit de regarder les scandales autour de la Fédération française de football pour voir que l’éthique a encore beaucoup à progresser, sans parler de l’argent de grandes puissances étrangères qui vient totalement déséquilibrer l’équité du championnat…

Tu deviens président du FC Nantes dès demain. Quelles sont tes premières mesures ?

Je fais revenir Pierre Aristouy en présentant les plates excuses de l’institution, et en lui donnant autant que possible les mains sur le mercato pour qu’il compose un effectif qui lui permette à la fois d’obtenir le maintien la première année et d’intégrer des jeunes dans un projet plus ambitieux sur 3 ans. Je demande à la Brigade Loire si elle a des besoins pour encore mieux animer le stade. Je commande un audit de la formation pour comprendre pourquoi elle n’arrive pas à mieux travailler avec les entraîneurs des équipes premières quels qu’ils soient.

Quels sentiments t’inspire le FC Nantes de ces dernières saisons ?

Un sentiment de stagnation et de gâchis, que ne vient pas effacer la victoire et la finale en Coupe de France. On a l’impression que c’est impossible d’améliorer une équipe d’une saison sur l’autre avec Nantes. À chaque mercato on sait qu’on va recruter des joueurs dont on n’a pas besoin et en laisser partir ceux qu’il faudrait garder. J’ai eu un espoir de renouveau quand Aristouy a été conservé après le maintien, mais dès cet été on a compris qu’en fait rien ne changerait, et son éviction me déprime. Les Kita ne feront jamais rien dont on peut être fier avec notre club. Peut-être qu’on gagnera des titres mais ce ne sera pas en respectant la philosophie historique du club.