Effectivement, ces dernières années, à Nantes, nombreux sont les jeunes annoncés prometteurs qui n’ont pas ou peu eu l’opportunité de démontrer leur talent. À commencer par Thomas Basila et Batista Mendy, deux grands espoirs des générations 99 et 2000. Faute de temps de jeu accordé en senior, ils devraient partir libre en fin de saison. Le premier d’entre eux avait pourtant démarré sur les chapeaux de roues en Ligue 1, avec une prestation XXL face à l’Olympique Lyonnais, qui lui avait valu la distinction d’homme du match. Baladé sur le couloir droit l’an dernier, Basila a surtout vu les arrivées de Molla Wagué et Jean-Charles Castelletto lui barrer le passage dans la hiérarchie des défenseurs centraux. Seulement neuf petites apparitions en Ligue 1 au final. Malgré les espoirs placés en lui, il n’aura jamais eu la chance de s’imposer avec l’équipe A. Son départ libre en fin de saison semble inéluctable, et logique pour la suite de sa carrière.

 

Batista Mendy, lui, a encore eu moins de minutes à se mettre sous la dent. 29 pour être précis, cette saison contre l’AS Monaco. Les supporters du FC Nantes plaçaient pourtant beaucoup d’espoir sur les épaules du jeune milieu de terrain. La direction aussi, puisqu’elle l’avait convaincu au dernier moment, en 2018, de ne pas signer à Brighton contre la promesse de temps de jeu avec l’équipe A (le joueur avait trouvé un terrain d’entente avec le club anglais). Au final, que du vent. Ni Vahid Halilhodzic, ni Christian Gourcuff n’ont aligné Batista Mendy, malgré les performances peu convaincantes de ses concurrents au milieu de terrain. Reste à voir si Raymond Domenech fera confiance au jeune nantais… mais il est fort probable qu’il soit déjà trop tard. Sauf retournement de situation de dernière minute, comme Thomas Basila, Batista Mendy devrait s’engager libre avec le club de son choix en fin de saison.

 

Elie Youan, lui, a été un peu plus gâté. Lancé par Vahid Halilhodzic lors de la dernière journée de championnat face à Strasbourg en 2019, le jeune attaquant a été utilisé par Christian Gourcuff en octobre-novembre la saison dernière. Auteur d’un but lors du match invraisemblable contre le Paris FC (9-0), il avait également réalisé une belle performance face à l’autre club parisien, le PSG, qui laissait présager de belles choses pour la suite. Mais la suite, ce fut la traversée du désert. Elie Youan n’a plus rejoué avec l’équipe première en match officiel depuis ce 4 décembre 2019. Prêté à St Gallen cette saison, il accumule petit à petit du temps de jeu, douze rencontres disputées pour le moment pour un doublé, face à Zürich le mois dernier. Il est encore trop tôt pour faire le bilan, mais à 21 ans, la carrière de Youan ne prend pas la trajectoire que l’on lui promettait il y a encore quelques années. 

 

Au final, hormis Imran Louza, la satisfaction vient de Randal Kolo Muani, titulaire surprise cette saison à la pointe de l’attaque nantaise. Pourtant, tout n’a pas été facile pour lui. Envoyé au casse pipe par Vahid Halilhodzic, l’international espoir n’a pas convaincu lors de ses premières performances. Son prêt à Boulogne la saison dernière lui a permis de faire ses armes et de revenir à Nantes avec de l’expérience. Sans être ultra-performant, il reste de loin la meilleure cartouche offensive à disposition au sein de l’effectif. Cela pourrait pourtant ne pas durer, car certains clubs allemands semblent être tombés sous son charme… et il risque d’être difficile de le retenir.

 

En conclusion, voir Dabo et Kolo Muani partir pour de grands clubs européens, ce ne serait pas une première à la Jonelière. Aussi prématurés que cela puisse paraître, ces départs ne seraient même pas les plus précoces. Il suffit de remonter un an en arrière, quand Junior Ntenda, 17 ans seulement, partait - lui aussi - garnir les rangs de la Juventus, sans avoir signé son premier contrat professionnel à Nantes. Deux ans plus tôt, rappelons le départ libre de Kamal Bafounta pour Dortmund, et d’Ekwah Elimbi du côté de Chelsea contre deux millions d’euros. Voir tous ces talents quitter le nid sans même avoir pu éclore avec leur club formateur... une aberration pour un club qui doit son histoire à la qualité de son centre de formation

 

Alors certes, n’oublions pas les Veretout, Harit, Dubois, Rongier, Touré ou plus récemment Louza, sortis du centre de formation et ayant accumulé du temps de jeu en équipe première. Mais lorsque l’on regarde les noms des générations récentes et les espoirs fondés sur ces jeunes il y a quelques années, on ressent un véritable sentiment de gâchis. Et ce sentiment devient de plus en plus important lorsque l’on constate les performances peu alléchantes de ceux qui bloquent les places en équipe première. Face à ces générations sacrifiées, une seule question persiste désormais : combien de temps est-ce que cela va-t-il encore durer ?

Retrouvez ce jeudi un article détaillé sur le départ d'Abdoulaye Dabo à la Juventus de Turin.