Photo : Petr Kratochvil (publicdomainpictures.net)

On sait bien, même si on a du mal à s’y faire, que dans de nombreux clubs français, l’essentiel pour les propriétaires est de gagner de l’argent, objectif qui les soucie davantage que le classement du championnat, sauf à figurer parmi les postulants à l’Europe ou les pensionnaires de la zone rouge. Le transfert de Quentin Merlin, joueur qui symbolisait assez bien le FCN où il a été formé s’est sans doute inscrit dans cette optique. 12 millions d’euros sont rentrés dans les caisses. Il reste tout de même à assurer le maintien en Ligue 1, faute de quoi le robinet de la pompe à finances risque fort de se rompre et il faut bien convenir qu’aujourd’hui Nantes n’est plus sûr de rien. L’effet Gourvennec, qui avait été présenté par la direction comme un sauveur, ne s’est pas encore fait sentir, surtout pas au niveau des résultats, et les défaites s’accumulent d’une manière dangereuse.

Deux blessés dont Sissoko

Cette introduction faite, et elle n’est guère optimiste, on peut admettre que les Canaris auraient pu prétendre à mieux contre Lens, quand bien même cette équipe leur est supérieure, ne serait-ce que sur la qualité du jeu, laquelle constitue l’une des plus sûres garanties pour aller de l’avant, sur le moyen terme, expression qui paraît aujourd’hui de plus en plus désuète dans un football où la plupart naviguent à vue. Tant pis ou plutôt tant mieux s’il leur faut ensuite déplorer, à force de se transformer en officines de commerce, une casse qu’ils ont eux-mêmes provoquée.

Mais pour espérer davantage, les Nantais auraient eu besoin d’un peu plus de réussite et surtout d’un peu moins de malchance puisqu’ils ont perdu deux joueurs sur ennuis musculaires, Amian pratiquement d’entrée, puis Sissoko dont la sortie, un peu avant l’heure de jeu, s’avéra d’autant plus préjudiciable qu’il s’était précédemment montré à son avantage.

Pallois se prit la tête entre les mains

On notera aussi qu’un but fut refusé à Kadewere pour un hors-jeu limite-limite au cœur de la première période et que Brice Samba, le gardien lensois, réalisa trois arrêts de grand style juste avant la pause.
C’est durant ce premier acte que Nantes fit meilleure figure. Non pas au début car pendant 20 minutes il ne vit guère le ballon. Il soupira même de soulagement quand un shoot lointain de Pereira Da Costa ricocha sur la transversale dès la 54e seconde et lorsqu’Alban Lafont repoussa du pied un tir de Frankowski (9e). Le scénario, pourtant, s’inversa subitement après le but refusé à Kadewere (20e). Les Canaris sortirent enfin de leur cage, Sissoko ratissa beaucoup de ballons et en fit bon usage, Kadewere se montra intenable sur le flanc gauche de l’attaque et c’est lui qui à la 34e minute contraignit Samba à une première brillante intervention. Le gardien artésien ne put que dévier le ballon, Mohamed et Sissoko se trouvaient à la réception, ils se gênèrent. Samba stoppa ensuite un shoot de Mohamed, mis sur orbite par Sissoko (38e) puis il s’envola pour repousser une tête de Zézé sur un corner de Mollet (44e). Pallois ne parvint pas à reprendre la ballon et il se prit longtemps la tête entre les mains. Beaucoup de Nantais considéreront sans doute que ce fut là un tournant du match.

A bout de souffle en deuxième période

C’est probable. Mais pour tenir la dragée haute aux Lensois, pour les bousculer même, les Canaris avaient dû dépenser beaucoup d’énergie, couvrir énormément de terrain, s’engager physiquement et ils le payèrent par la suite. David Pereira Da Costa leur présenta la facture dès la 48e minute, d’une frappe croisée qui ponctua un joli mouvement collectif et transperça la garde de Lafont. Peu après, Nathan Zézé sauva les meubles dans les pieds de Da Costa, encore lui, son tacle était toutefois si dangereux qu’il aurait dû lui valoir un carton rouge. Ni l’arbitre, Florent Batta dont quelques décisions parurent assez fantaisistes ni la VAR où les préposés devaient bâiller aux corneilles ne crurent judicieux de sévir, tant mieux pour le jeune Nantais. L’ennui est que les Canaris n’avaient plus de souffle, à l’image de Kadewere qui était officiellement passé sur la flanc droit mais avait surtout disparu de la circulation. La défense nantaise donnait de la bande, Pereira Da Costa (64e) et Wahi (68e) eurent le bon goût de ne pas creuser l’écart et il fallut attendre la 88e minute pour voir Castelletto inquiéter vaguement Samba. En réalité, il y avait belle lurette qu’on avait compris que l’attaque nantaise allait jouer une nouvelle fois la grande muette.

La fiche

A Nantes (La Beaujoire) : RC Lens bat FC Nantes 1-0.
But de Pereira Da Costa (48e).
34.167 spectateurs. Arbitre : Florent Batta. Cartons jaunes à Kadewere (27e, protestations), Douglas Augusto (61e, faute sur Sotoca), Aguilar (Lens, 81e, faute sur Bamba), Danso (Lens, 82e, contestations)
FC Nantes : Lafont – Amian-Adou (puis Pallois, 10e), Castellotto, Zézé, Duverne – Sissoko (puis Bamba, 59e), Douglas Augusto, Mollet (puis Appuah, 78e), Chirivella – Mohamed, Kadewere (puis Abline (78e).
_ Temps effectif : 97’ (45+2 ; 90 +5)
_ Possession : 42% pour Nantes.
_ Tirs : 7 pour Nantes (dont 2 cadrés), 12 pour Lens (dont 4 cadrés).
_ Castellotto et Mohamed ont effectué leur retour après leur élimination de la CAN.
_ Kelvin Amian Adou a disputé son 2e match avec Nantes. Il a joué seulement 10 minutes et souffre d’une blessure musculaire. Sa sortie a provoqué le glissement de Castellotto au poste d’arrière droit. Pallois est alors entré comme axial central gauche.
_ Stredair Appuah a disputé son premier match de la saison en L1.
_ La sortie de Sissoko a entraîné l’entrée en jeu de Bamba sur le côté gauche de l’attaque, Kadewere est alors passé à droite.