Stade Marcel Saupin / Stade La Beaujoire Louis Fonteneau

Création

1937 / 1984

Saison jouées du FC Nantes dans l’enceinte

41 / 36

Matchs internationaux accueillis

4 / 15

Meilleur match de compétition européenne

Demi-finale coupe des coupes 1980 contre FC.Valence / Demi-finale Champion’s League 1996 contre Juventus Turin

Capacités

2000 au départ, 25 000 en 1984 / 52 000 jusqu’en 1997, 38 000 depuis.

Présentation 

Dans sa configuration finale et complète en 1983, le Stade Malakoff, devenu Marcel Saupin en hommage au Premier Président du club, se coupe en trois sections : Une tribune Est, qui sert de support à l’affichage, sans toiture et essentiellement composée de large escaliers pour des places debout, une tribune Sud, qui se place au-dessus du bord de Loire, couverte et longeant le terrain. Les tribunes Ouest et Présidentielle adoptent la même architecture, sont couvertes partiellement et sont surélevées pour laisser la place à un pourtour qui se posent au pied du terrain.  

La Beaujoire Louis Fonteneau, portant le nom lui aussi d’un Président du club, dans sa configuration actuelle, propose trois styles : les tribunes Loire et Erdre sont dans la longueur et l’horizontalité, la tribune Océane, avec une section basse et haute, fait face à la tribune Présidentielle, et son étage qui monte haut dans le ciel nantais, la tribune Jules Vernes. Le tout est couvert d’une vaste structure pour couvrir l’ensemble des tribunes.

Originalité architecturale

Clairement, nous avons deux stades aussi originaux que différents, mais pas pour les mêmes raisons. Aujourd’hui, si vous voulez trouver un stade qui ressemble à Saupin, allez voir du côté de Bruges. En revanche pour la Beaujoire, AUCUNE autre arène n’épouse une telle forme en l’état.

Les différences sont assez évidentes : Saupin a été construit, puis agrandi, encore, puis encore, puis encore. Résultat final : quatre tribunes très différentes les unes des autres, pas toutes couvertes, et n’offrant pas le même style de confort, notamment avec ce pourtour à niveau de pelouse qui, bien que derrière les barbelés, permettait aux supporters d’être à un mettre à peine des Arribas, Suaudeau, Michel, Bossis etc…le luxe quoi. Saupin était l’arène rétro par excellence, le petit stade du coin, en bord de rivière, dont les contours couvraient la rue qui passait juste en dessous. On a commencé par une petite tribune, du même style de celle que vous trouveriez dans vos stades municipaux du dimanche, puis elle fut agrandie, puis la tribune Est fit son apparition, puis l’Ouest, puis la Sud. Mais la tribune Est ne sera jamais couverte. J’eu l’occasion de demander à un supporter de l’époque qui allait dans cette étrange tribune : « mais comment faisiez-vous lorsqu’il pleuvait ? » il me répondit simplement « beh on était trempés ». Imparable…

La Beaujoire elle, a été construite sur un grand terrain, avec beaucoup d’espace pour installer sa massive structure, là ou Saupin, placé en plein centre-ville, était totalement limité, confiné entre les rues. Mais la Grandeur de la Beaujoire, c’est surtout son toit, reconnaissable de tous, avec son vert foncé, très en accord avec les couleurs du club mais aussi l’environnement qui l’entoure, qui donne une sorte de majesté à l’ouvrage, notamment lorsque l’on arrive au stade par la ligne 1 du tramway, le stade donne cette vision d’un aigle qui étend ses ailes pour s’envoler.

Egalité

Les palmarès

Quand on se sent bien chez soi, on est plus efficace non ? Saupin est et reste à ce jour, la forteresse la plus imprenable de l'histoire du football français. Et oui, c'est bien cette enceinte qui détient le record d'invicibilité de son club hôte puisque la série de 92 matchs à domicile sans défaite du FCN a eu lieu dans ce stade. Et bien entendu, six des huit titres du FC Nantes ont eu lieu durant son reigne. 

La Beaujoire connaîtra des moments de gloire. Les célébrations de 95 mais aussi et surtout celle de 2001 pour les deux derniers titres du club restent gravées dans la tête des fans du football français. Non mais franchement, l'envahissement de 2001, vous avez revu ça depuis ? Mais des envahissement, il n'y en a pas eu que deux, mais quelques autres, moins joyeux. Ainsi, votre auteur était sur la pelouse en 2007 lorsque le Kop Loire, exaspéré par la pire saison de l'histoire du club, interrompit le match de la descente contre Toulouse. Il y eu aussi les célébrations pour les montées de 2008 et 2013 bien sur. Mais fêter la Ligue 2...c'est certainement moins joyeux qu'un titre. 

Avantage : Saupin

Les ambiances

Cette section va probablement se faire des ennemis, mais loin de moi me faire l’avocat d’un changement de stade, ou de l’excellent travail de la tribune Loire depuis des années à la Beaujoire, mais je vais laisser l’ouvrage de Pierre Minier « 1943-2003 : Le FC Nantes, doyen de l’élite » exprimer la question du changement de Saupin à la Beaujoire : « Pour les spectateurs qui ont grandi à Malakoff, le changement est brutal. Construite en périphérique, la nouvelle enceinte n’a pas le côté « sanctuaire » (…) La Beaujoire est beaucoup plus vaste…des gradins dépeuplés et une ambiance glaciale. » Forcément, passer d’un stade à l’anglaise, proche du terrain, marqué par la chaleur de la populace nantaise du centre-ville aux vastes parkings placés en bout de ligne de tramway pour pénétrer une arène qui monte dans les hauteurs, s’étend à l’horizontale là ou l’angle des gradins de Saupin n’hésitaient pas à passer au-delà des 45 degrés (hormis la tribune Est). Pierre Minier résumera la chose sous l’expression suivante : La Beaujoire « était plus moderne, mais plus impersonnelle » est-ce que celà a changé depuis ? 

Avantage Saupin

Confort

Votre auteur du jour se doit de vous le confesser : il a vu beaucoup de match à Saupin durant ses années abonné, et il a surtout eu la chance d’y jouer à deux reprises. Mais cela ne jouera probablement pas dans la balance de cette section : Saupin, c’était des tribunes partiellement couvertes, en béton marron sale, des bancs de bois pour le public. Pour la tribune sud, des piliers de soutien au toit gênent la vue. Et surtout, ces barbelés, mon dieu…ces grillages incontournables qui piquent autant les yeux qu’ils ne crèvent les ballons. Et c’est un ancien adolescent qui y a perdu une balle sur ces barbelés qui vous le dit.

Cela dit, la Beaujoire de 1984 ne se distingue pas forcément beaucoup, du moins au départ, et on peut même dire qu’en terme d’affichage, la Beaujoire eut des difficultés jusqu’en 2007 pour afficher le score ! Les deux panneaux d’affichages, attachés au toit furent défaillants de nombreuses années. Mais avec le temps, l’éclairage, la sonorisation, et puis surtout la protection contre les vents, la pluie, restera bien meilleure qu’à Saupin, quoi qu’on en dise. Surtout depuis les ultimes rénovations (écrans géants, nouveaux sièges, amélioration de la tribune présidentielle), mettent un terme au débat.

Lorsque j'ai  pu jouer à Saupin, c’est aussi le confort des joueurs que j’ai pu observer. La chose est simple : le souterrain dédié à l’entrée des vestiaires et au terrain ne rendaient pas jaloux vos vestiaires de départemental 4. Les vestiaires de la Beaujoire, eux, seront d’emblée plus spacieux, et plus adapté au sport professionnel de haut-niveau.

Avantage : Beaujoire

Visibilité à l’international

Les deux stades sont clairement dans deux dimensions différentes. Marcel Saupin n’accueillera de matchs internationaux qu’à quatre reprises, 1957, 1967, 1971, 1975, quatre fois pour l’équipe de France, quatre fois pour des qualifications, pour la coupe du monde 1958, et les Euros 68, 72 et 76. Bref, pas grand-chose à se mettre sous la dent, car hormis 1957, l’équipe de France n’est pas au mieux de son histoire lorsqu’elle vient jouer à Nantes.

Et la Beaujoire ? Un Euro (1984), une coupe du monde (1998) et potentiellement les jeux olympiques de 2024. On peut regretter fortement que le stade, ayant été créé et rénové pour des compétitions internationales, ait été rapidement mis de côté pour l’Euro 2016, mais surtout le mondial féminin de 2019, alors qu’il était sensé être le 3e plus gros stade de la compétition. Mais sur le plan international, la Beaujoire a frappé fort par une rencontre Nantes vs Roumanie pour son inauguration, certes, mais surtout pour ce mythique France-Belgique et ce triplé de Platini pour une victoire 5-0. La Beaujoire accueillera aussi Portugal-Roumanie. Et puis vint 1998. Le stade accueillera le Brésil, deux fois, le Maroc, le Cameroun, le Japon, la Croatie, la Yougoslavie. Il sera le théatre d’un Espagne-Nigéria épique avec le plus beau but de la compétition par Oliseh et son boulet de canon. Il sera le lieu du quart de finale de coupe du monde Brésil-Danemark durant lequel les scandinaves manqueront de peu de défaire les champions du monde. Durant toute la compétition, les commentateurs étrangers mentionneront la modernité et l’originalité de l’arène nantaise. Le souvenir et l'esprit de 98, pour ceux qui l'ont vécu, reste fort dans les travées du stade. Toute arène devenant le théatre d'un mondial conserve cette marque spéciale. 

Autre moment marquant, les 40e et 41e buts en équipe de France de Thierry Henry en 2007 contre la Lituanie, devenant ainsi le meilleur marqueur de l’histoire de l’équipe de France devant Michel Platini, auront lieu dans l’enceinte nantaise.

Mais au-delà du football, la Beaujoire est aussi dans les mémoires du rugby, et cette victoire de la France face aux Néo-zélandais en 1986 ! Le stade accueillera deux fois un France-Nouvelle-Zélande et un France-Argentine. Et bien entendu, en 2007, ce sera la coupe du monde de rugby, où la Beaujoire accueillera l’Angleterre, le Pays de Galles. Depuis, seuls quelques matchs amicaux des bleus en foot, et des matchs de coupe d’Europe de rugby, mais la Beaujoire est certainement connue bien au-delà des frontières.

Avantage : Beaujoire

LE moment

Saupin : The European Tour

Un des derniers souffles de l’enceinte fut ce mythique concert de Bob Dylan en 1984. A cette époque, le stade a déjà mis un terme à sa mission envers le FC Nantes, et offre aux nantais un ultime instant de communion, avec un public plus rock’n’roll que jaune et vert. De passage à Nantes pour sa tournée The European Tour. Il s’agira du tout dernier événement qui amènera une grande foule à Saupin

La légende du Reggae, Bob Marley, amateur de football, s’était arrêtée par la Jonelière pour s’entrainer avec la bande à Henri Michel en 1980, mais Bob Marley and the Wailers avaient fait concert au parc des expositions de la Beaujoire, un prélude au déménagement qui aura lieu quatre ans plus tard ? 

La Beaujoire : Le miracle du 28 mai 2005

A l’approche de la 38e et dernière journée de la saison 2004/05, Nantes est 19e et avant dernier du classement, à deux points derrière ses rivaux. Plus qu’une victoire, le club dépend du résultat de trois matchs pour espérer ne pas connaître sa toute première descente en Ligue 2 de son histoire. Et les rapports de force ne sont vraiment, vraiment pas favorables aux canaris vu les oppositions.

Mais il faudra déjà que Nantes puisse battre Metz, sans quelques-uns de ses gros joueurs comme Toulalan. Dans une Beaujoire en furie, la sono est poussée au maximum, les chants du public sont incessants, et lors de l’échauffement, le stade est presque déjà plein pour crier son soutien. Emerse Fae arangue la foule avant de rejoindre le vestiaire, « We will rock you » de Queen fait vibrer le béton et les sièges. Le miracle aura lieu, Nantes gagnera 1-0, et les autres résultats lui seront favorables, contre toute attente. Dans le stade (et la tribune Loire –ou je me trouvais-) c’est la folie totale, même pour les titres de 1995 ou 2001, il n’y a pas eu une telle fusion. Les joueurs comme Landreau sautent par-dessus les barrières et rejoignent les tribunes. La soirée se terminera sur la pelouse, dans une euphorie rarement revue depuis.

Le sort des deux arènes

Marcel Saupin ne gardera l’utilité que de sa tribune principale pour que le public puisse y voir les matchs de l’équipe réserve du FC Nantes, ou bien servira de terrain d’entrainement à huis-clos pour l’équipe professionnelle…et l’équipe de France. Les autres tribunes, délaissées, abandonnées, vont pourrir, verdir, et les frappes de balle des espoirs nantais au fils des années vont raisonner dans les vieille tribunes pendant presque 30 ans. Les arbres autour de la tribune Sud et Est vont peu à peu grandir. Saupin vivra quelques belles rencontres. Claudiu Keseru notamment y marquera les esprits par ses buts spectaculaires. Mais avec le temps, on soupçonne la tribune Sud de s'enfoncer dans la Loire, présentant un risque urbain, et surtout, c’est une immense zone qui ne sert plus à rien. Y poser le pied, c’est voyager dans le temps, c’est revenir en 1984. En 2007, le stade sera finalement détruit partiellement. Un mal de cœur pour les nantais, mais pour une rénovation urbaine plus que souhaitable. La tribune principale est aujourd’hui rénovée et parfaitement fonctionnelle et reste le théâtre de belles rencontres sous les acclamations de la brigade loire.

La Beaujoire elle, « frôle la mort » en 2018. Un projet de nouveau stade se fait de plus en plus pressant selon la Direction du club. L’UEFA boude l’arène qui n’entre plus dans ses standards, tout comme la FIFA. On propose un projet il est vrai très ambitieux, novateurs, et comme le fut la Beaujoire en son temps, une prouesse architecturale. D’autant que l’opérateur choisi pour les travaux était à l’origine de salle des plus modernes comme en NBA en Amérique. Mais sans accord entre les riverains, la Mairie et la Direction du club, il fut difficile d’aboutir à une décision. On propose, de manière absurde, une sorte de consensus en gardant La Beaujoire, tout en construisant le nouveau stade à côté. La rénovation du stade est toujours évoquée, mais sa structure limite les options et aucun projet concret n’est actuellement sur la table. Mais la question reviendra probablement un jour, car la Beaujoire aura 40 ans en 2024, année où elle est sensée accueillir la compétition de football des jeux olympiques...

Le point saucisse pour Saupin

Si vous avez des parents, ou grands-parents fans du FC Nantes et qui ont logiquement connu Saupin, vous retrouverez probablement cette anecdote, cette « odeur de saucisse » d’avant-match. Alors certes à la Beaujoire, les bonnes odeurs ne manquent pas aux abords du stade avant les matchs. Mais Saupin, c’était une autre époque. Ainsi, Pierre Minier dans l’ouvrage que nous avons déjà cité, parle, pour accéder au stade, de cette « passerelle qui enjambe le canal donnant sur la Loire où l’odeur de merguez grillées était à nulle autre pareille. » Cette passerelle, c’était parfois supporters…et joueurs qui la prenaient ensemble. Elle existe toujours, comme un vieux témoin de l'existence du stade et de son époque, mais elle est presque oubliée désormais.

Pour en savoir plus, je vous recommande le bel article de surlatouche.fr -> https://surlatouche.fr/histoire-du-stade-marcel-saupin/