Avant-centre de grande qualité en jeunes, Elie Youan empilait les buts et était même un élément important des sélections jeunes dans lesquelles il a joué (24 sélections jeunes dont 1 en espoir et 9 buts au total). A Nantes, le parcours a été compliqué. Dans une époque où Christian Gourcuff ne comptait que très peu sur les élements de la réserve et où un certain Randal Kolo-Muani est venu se révéler, Elie Youan n’a eu d’autres choix que de quitter le club pour lancer véritablement sa carrière. Sans détours et avec beaucoup d’honnêtetés, il revient sur son parcours depuis qu’il a quitté Nantes, en août 2020.

Elie, voilà désormais 3 ans que tu as quitté le club. Pour les gens qui n’ont pas trop suivi, peux-tu redonner ton parcours depuis ton départ en 2020 ?

Tout d’abord, je suis parti en prêt en Suisse au FC Saint Gall.

Les raisons de mon départ sont que, je pense à ce moment-là, Christian Gourcuff ne comptait pas trop sur moi. Je pense qu'il avait été un peu déçu par ma prestation sur le dernier match en Coupe de la Ligue contre Strasbourg (défaite 0-1). Après, pour différentes raisons, je n’avais pas été bon et je pense que c’est ça qui a fait qu’il ne comptait plus sur moi. A l’entraînement, il me mettait latéral.

J’ai donc rejoint Saint Gall, en première division Suisse pour m’exprimer régulièrement. C’était un bon projet pour moi avec un coach comme Peter Ziedler, qui est un bon coach pour les jeunes joueurs qui ont besoin de temps de jeu. Le prêt comportait une option d’achat. Et par la suite j’ai donné satisfaction, notamment sur la deuxième partie de saison (7 buts pour 5 passes décisives). Saint Gall a levé l’option d’achat le dernier jour parce que on n’était pas sûrs d’être maintenus en Première Division. Finalement, nous nous sommes maintenus le dernier match et j’ai rempilé à Saint-Gall.

Après ma première saison en Suisse, j’ai fait la première partie de saison 2021-2022 avec Saint-Gall (de août à décembre). Je pense que jusque-là, c’était la meilleure première partie de saison de ma carrière (6 buts et 3 passes décisives en 17 matchs). Tout se passait bien. Après j’ai dû partir, de manière urgente on va dire…

Je rejoins le KV Mechelen en milieu de saison. Je pense avoir commis une erreur, mais on commet tous des erreurs. Il vaut mieux faire des erreurs jeunes que les faire tardivement.A ce moment-là, j’étais trop pressé, j’étais trop immature. J’étais surtout influençable et influencé. Je n’ai pas eu le bon comportement envers Peter Ziedler, alors qu’il a été quelqu’un qui a cru en moi, et qui croit toujours en moi aujourd’hui. L’eau a coulé sous les ponts et je l’ai un peu déçu. J’ai réagi impulsivement et ce qui a coûté que je parte en urgence, sur le dernier jour du mercato en Belgique. 

Je suis donc arrivé en Belgique en janvier 2022. On va dire que ma venue n’avait pas été préparée en amont. Je n’ai pas discuté avec le coach avant de venir, ça s’est fait rapidement.  J’ai passé six mois à ne pas jouer. L’équipe tournait, on a fini on a dans le le top 6 il y avait les playoff etc. Je n’ai pas eu beaucoup de temps jeu (30 minutes disputées en 6 mois). J’ai passé 6 mois à m’entraîner. Mais à côté de cela, je faisais du travail complémentaire pour moi, parce que je pensais déjà à l’été et dans ma tête, je voulais revenir à Saint-Gall. Cependant, le mal était déjà consommé. Je suis retourné à Saint-Gall, et ils m’ont fait comprendre qu’il fallait que je parte. C’est là qu’Hibernian a pointé le bout de son nez. Le coach me voulait, et je suis arrivé à Hibernian.

Tu as donc rejoint définitivement l’Hibernian cet été après un prêt réussi. C’était le projet idéal pour toi après le passage en Suisse ?

J’ai donc rejoint Hibernian à l’été en 2022. Principalement parce que le coach me voulait. Il était passé par l’intermédiaires d’un kiné. Le kiné connaissait un joueur que je connaissais : Abdoulaye Dabo. Il lui a parlé de moi, il lui a posé des questions, ce qui a fait que je suis arrivé là-bas. J'étais prêté avec une option d'achat et j'ai donc définitivement rejoint le club cet été. 

Hibernian c’est le projet idéal pour moi. D’une part parce que le coach me voulait. D’une autre parce que j’ai passé 6 mois à ne pas jouer, il fallait que je retrouve un endroit où je puisse m’exprimer à nouveau. Retrouver la lumière et les sensations. Après comme j’ai travaillé, je n’étais pas à la masse, et c’était important.

Ce qui m’a poussé à rester à l’issue de la saison ? La qualification en coupe d’Europe a pesé c’est sûr. Quand tu fais tout pour te qualifier pour une compétition, tu as envie d’aller au bout des choses, c’est gratifiant, c’est valorisant. Ça a toujours été mon objectif de jouer la coupe d’Europe dans ma carrière et même régulièrement. Cela faisait un moment que je n’étais pas loin de mon but.

Mais c’est surtout le fait de vouloir faire une saison pleine. Parce que en étant ici, j’ai fait une deuxième partie de saison énorme. Ma première partie de saison n’était pas mauvaise mais elle a été tronquée parce que pendant un moment je suis je suis passé sur le banc. Mais c’est aussi en passant par là qu'on accomplit une saison pleine. Enfin ! Avoir une saison de référence, et pouvoir, partir pour une nouvelle saison avec un plus gros bagage.

A l’Hibernian, tu es beaucoup utilisé comme ailier, alors qu’à Nantes on t’a plus connu comme un avant-centre. Pour toi, où es-tu le plus à l’aise ?

C’est vrai, j’étais plus utilisé comme avant-centre. Au fur et à mesure j’ai pris de la vitesse. Je pense que cela a aussi poussé mes entraîneurs à me mettre sur les côtés. Comme Bernard Diomède en sélection, c’est le premier à m’avoir fait jouer sur le côté. Pierre Aristouy également avec l'équipe réserve. Donc, aujourd’hui je suis à l’aise sur les côtés. C’est tout naturel que je joue devant bien évidemment. Donc on peut dire que je suis assez complet, que je peux jouer à tous les postes de l'attaque. Je peux même jouer au milieu, puisque j’ai joué 1 an et demi en tant que 8 dans le losange avec Saint Gall. J’ai beaucoup de cordes à mon arc on va dire.

Honnêtement, je ne saurais pas dire où je suis le plus à l’aise. La saison passée, je suis arrivé en tant qu’attaquant, j’ai fini sur le côté. J’ai marqué des buts, fait des assists. Cette saison, j’ai d’avantage commencé à droite, ensuite à gauche. Actuellement je suis plus à droite. Pour conclure, je dirais que je suis à l’aise en attaque.

Ces derniers temps on parle beaucoup d’un de tes anciens coéquipiers/amis : Randal Kolo-Muani, toi qui l’as connu en catégorie jeune, est-ce qu’on pouvait s’attendre à une telle destinée ?

Non, Randal je ne suis pas étonné. Quand il est arrivé au FC Nantes, il avait du retard c’est vrai. Principalement parce qu’il n’était pas au centre de formation (Randal Kolo-Muani a rejoint le club à 17 ans en U19). Mais une fois qu’il a été dedans, c’est allé très vite. C’est sûr que quand tu es en jeune, et que tu as des joueurs qui sont nonchalants, en général on pense qu’ils s’en foutent etc. Mais c’était un manque de confiance en lui. Dès qu’il a pris confiance en lui et qu’il est parti s’aguerrir à Boulogne, il est revenu et la machine était lancée.

On est toujours en contact, c’est un frère, c’est vraiment un bon gars. Les gens sont choqués, mais si on regarde son parcours à Nantes, les étapes ont été franchies très vite. Entre le moment où il est arrivé et tout ce qu’il a fait, c’est allé vite. C’est pour ça que je ne suis pas étonné plus que ça, le connaissant surtout.

D’un œil beaucoup plus lointain, suis-tu toujours le FC Nantes et ce qu’il s’y passe ?

Bien sûr ! Toujours un œil sur le FC Nantes, c’est la maison. Que ce soit sur les réseaux ou en match. J’étais vraiment heureux pour le club après la victoire en coupe de France. J’ai aussi suivi l’épopée en Europe, ça fait plaisir de voir des soirées européennes à la Beaujoire, ça faisait des années ! La dernière fois que c'est arrivé, je crois que j’étais trop petit pour connaître cela. Je suis resté en contact avec quelques-uns d’entre eux, Randal (Kolo-Muani), Ludo (Blas), JC Castelletto, Marcus Coco, Alban (Lafont) ou (Samuel) Moutoussamy par exemple, et les plus jeunes également.

Que penses-tu de la nomination de Pierre Aristouy, avec qui tu as partagé deux titres de champion en réserve notamment ?

C’est ça qui est beau dans le football franchement. Tu ne sais jamais ce qui va se passer. Avec le coach Aristouy, on s’était vus la saison passée, car les U19 était venus affronter ceux d’Hibernian en Youth League. On avait eu une discussion, et quand j’ai appris qu’il allait être à la tête de l’équipe première, j’étais franchement content pour lui. C’est une bonne chose pour lui. Quand on est coach, on aspire toujours à vouloir coacher une équipe première. Donc ça ne peut être que bénéfique pour lui, et il va continuer d’apprendre également.

Le coach Aristouy, on ne va pas dire que je faisais partie de ces préférés (rire). Étant plus jeunes, j’étais quelqu’un qui était beaucoup dans le rapport de forces. Je m’y prenais mal. On a eu des discussions et au final ça s’est arrangé. Il y a eu des bons moments quand même et des moins bons, mais il m’a toujours dit qu’il faut profiter du moment, parce qu’une carrière ça passe vite et surtout il ne faut rien regretter !

 

L'équipe de la Maison Jaune tient à remercier Elie pour sa disponibilité lors de cette interview et lui souhaite une excellente saison.