Que fais-tu dans la vie ?

Je suis infirmier en pédiatrie. Je suis arrivé au Canada il y a 9 ans. Je commence à être très bien installé à Montréal, au Québec. Ça fait donc 9 ans que je continue de suivre l'actualité des Jaunes à distance.

Pourquoi être parti au Canada ?

Je suis originaire de Nantes, j'ai grandi et j'ai fait mon école d'infirmier à Nantes. J'avais envie de découvrir autre chose. C'était super facile à l'époque de partir au Québec, ils cherchaient des infirmiers ici. Au début, je venais pour un ou deux ans. Maintenant, ça fait 9 ans que je suis ici, sans intention de rentrer. J'ai rencontré ma conjointe ici avec laquelle j'ai un enfant. Ma vie est ici, et la France c'est pour les vacances.

La dernière fois que je suis rentré, c'était il y a deux ans, en décembre, et j'avais pu aller à la Beaujoire voir Nantes-Angers. Les dix années où je suis allé à la Beaujoire, je pense qu'il n'avait jamais plus autant que ce soir-là. On était trempé, et on avait perdu 2-1 à cinq minutes de la fin.

Quand tu rentres en France, dès que tu peux, tu vas à la Beaujoire ?

J'aime y aller, oui. Après, il faut que ça tombe quand il y a un match. Il suffit que le match soit à l'extérieur ou pendant l'été, c'est plus compliqué... Mais j'ai eu l'occasion de voir trois, quatre matches depuis que je suis parti.

Comment se passe ton métier en ce moment ?

Moi ça va, car je travaille en pédiatrie. Le Covid touche moins les enfants. On découvre qu'ils ont le Covid lorsqu'ils ont le bras cassé et qu'on leur fait en test. Ça n'a pas changé grand chose, à part le fait qu'on doit prendre de grosses précautions. Au Québec, ils ont été un peu plus rigoureux qu'en France. On a été longtemps confinés chez nous sans avoir le droit d'inviter quelqu'un. Les boîtes de nuit ne sont pas encore rouvertes, il y a encore pas mal de petites contraintes, dans la vie de tous les jours.

« Je suis tombé amoureux de cette ville »

Comment tu te sens au Canada ?

Je me sens super bien à Montréal. Je ferais vraiment une distinction entre cette ville et le reste du Canada. C'est une ville particulière, francophone, multi culturelle, ouverte d'esprit, avec beaucoup de festivals de musique, d'art. Je suis tombé amoureux de cette ville, donc je ne me vois pas partir d'ici.

Comment est la culture du football ici ?

Ça n'a rien à voir par rapport à la France. On est obligé de suivre ce qui était l'Impact de Montréal et est maintenant devenu le club de foot Montréal. Il n'y a pas une grande culture foot. Les immigrants l'apportent, beaucoup de Sud-Américains, de Français. Les belles discussions de foot que je peux avoir sont avec des immigrants. Même les commentaires à la télévision, c'est compliqué. Ils n'ont pas la même histoire, pas le même passé, mais ça se développe beaucoup.

On parle de soccer ?

Oui, car le football là-bas, c'est le football canadien, un dérivé du football américain.

Ça t'arrive d'aller voir des matches là-bas ?

J'allais en voir quelques-uns. Pas trop, car le niveau n'est pas top. Cette année, ils ont vraiment changé leur politique, axée sur le développement des jeunes. C'est Olivier Renard qui travaille depuis deux ans à Montréal. Avant, c'était beaucoup des individualités, mais très peu de fond de jeu. Ça joue correctement, mais les effectifs sont déséquilibrés. En tout cas, il y a de moins en moins de vieilles stars.

Le sport national, c'est le hockey ?

Oui. Ils sont passionnés de hockey ici. Mais au niveau des jeunes, le soccer est plus pratiqué que le hockey, parce que ça coûte moins cher et qu'il suffit juste d'avoir une paire de crampons. Le hockey, tu dois acheter les patins, l'équipement, louer les salles chauffées, la glace... ça fait entre trois et cinq ans que c'est passé devant.

« Difficile d'être supporter nantais »

Pour revenir à l'actualité du FC Nantes, tu as été abonné dix ans en Tribune Loire...

C'était de 1996 à 2006. J'ai un peu tout connu. Les années post-1995, c'était le beau jeu, la Ligue des Champions, puis le titre de 2001... et après les années beaucoup plus difficiles avec la Ligue 2 et la situation actuelle.

Ça te manque la Beaujoire ?

C'est sûr. L'ambiance, les émotions manquent. Je suis les matches à distance, j'arrive toujours à trouver un moyen de voir les parties ici, mais ce n'est pas pareil. Et puis, trouver des supporters du FC Nantes en 2021 à l'autre bout du monde, il n'y en a pas non plus beaucoup. C'est cette ambiance de groupe, ce partage d'émotions qui manque. Après, on n'a pas vécu de grosses émotions sportives à Nantes depuis longtemps. La dernière fois, c'était pour le maintien l'année dernière contre Toulouse. Ça faisait longtemps. Et encore, c'était différent qu'il y a 10 ans.

Tu ne voulais pas que Nantes descende, comme certains ?

J'ai beaucoup moins de passion, mais je ne voulais pas spécialement qu'ils descendent, car tu sais quand tu descends, mais jamais quand tu remontes. Mais, en même temps, ce n'était pas la fin du monde comme ça l'aurait été avant. Le club qui joue actuellement, je ne m'y reconnais plus, si on enlève les couleurs et la Beaujoire. Les joueurs changent beaucoup, les décisions prises par le président Kita n'ont rien à voir avec ce que j'ai connu. C'est difficile d'être supporter nantais à l'heure actuelle, il faut le vouloir.

Comment tu vis la situation actuelle du club, à distance ?

Avec beaucoup de tristesse. C'est un monument du football français qui ne ressemble plus du tout à ce que j'ai connu. Les jeunes ne sont pas gardés, on travaille avec un seul agent, qui est un peu plus qu'un agent... C'est avant tout de la tristesse. On sent que le président est quand même plus proche de la fin que du début. Donc, on attend juste le jour où on passera à autre chose.

Comment tu suis l'actualité du FC Nantes ?

Twitter, c'est là où j'ai les informations le plus en direct. Je vais faire des tours de temps en temps sur le forum du FC Nantes, sans forcément poster, mais pour trouver cet esprit de communauté. Je regarde les matches, j'en parle aussi avec ma famille. Mon frère, qui habite à Paris, est aussi un grand supporter nantais. Mes amis également qui sont en France.

Tu parles de tristesse, mais il y aussi le Collectif Nantais qui donne un peu d'espoir...

Ils ont activé tous les bons leviers : le côté local, le côté formation, reprendre une ancienne gloire de l'équipe comme Mickaël Landreau, la communication... J'espère qu'un repreneur va arriver et se servir de leur travail. J'ai l'impression que c'était un peu leur message au moment de leur conférence de presse, qu'ils n'avaient pas encore les fonds nécessaires pour faire tourner un club de Ligue 1. S'ils peuvent facilité l'arrivée d'un autre acteur... ça a redonné de l'étoile des yeux à beaucoup de supporters nantais.

« Le titre de 2001, j'étais en béquille, mais j'ai couru sur la pelouse »

Arrives-tu à regarder les matches du FC Nantes en direct, malgré le décalage horaire ?

Oui (rires). Je fais l'effort de me lever le matin à 7h pour voir des Nantes-Brest ou des Metz-Nantes. Je me demande pourquoi je le fais parfois, mais je le fais quand même. Un match à 15h en France aura lieu à 9h au Canada, vu qu'il y a 6 heures de décalage. Ce n'est pas facile de voir les matchs, car ils ne sont pas tous diffusés par BeIN qui a les droits au Canada. Je passe par des streamings, même si je serai ravi de payer pour voir les matchs en clair et net.

Tu as la même passion, justement ?

Je garde cette envie de voir les matches car j'ai envie de savoir de quoi je parle quand je parle du FC Nantes. Je suis aussi un passionné de foot, je regarde beaucoup de matchs à la télé. Ma passion a changé dans le sens où, si on perd, ça ne me fait plus grand chose. Je suis content si on gagne, mais ce n'est pas la fin du monde si on perd, car ce n'est plus mon FC Nantes. On vit moins d'émotions. Les titres ne sont pas forcément les meilleures émotions. Personnellement, quand on se sauve lors de la dernière journée sur une tête de Diallo, c'est le plus souvenir que j'ai à Nantes. Les émotions négatives, c'est important aussi, mais elles ne sont plus là. J'ai été aussi à la finale de Coupe avec le penalty de Mickaël Landreau raté. C'est une grosse émotion négative mais ça reste gravé dans ma mémoire.

Quels sont tes autres beaux souvenirs ?

Le titre de 2001, j'étais blessé, en béquille, mais j'ai couru sur la pelouse. Pareil sur la statue de la Place Royale. L'histoire de ma blessure, c'est que j'avais joué au foot en amateur. J'avais fait une reprise de volée sur un centre, et un défenseur m'avait contré avec sa hanche. Mon genou avait tapé sa hanche assez violemment, je m'étais fait une contusion assez énorme avec une poche de sang à l'intérieur. J'avais une atèle sur toute ma jambe.

Les Coupes de France aussi en 1999 et 2000 sont des super souvenirs. Après, on a traversé le désert. Les remontées en Ligue 1 ont quand même été des belles émotions. Depuis, à part deux demi-finales de coupe, on ne joue rien en championnat. J'envie des clubs comme Strasbourg ou Rennes actuellement.

Que penses-tu du début de saison ?

Je suis très étonné de Kombaouré. C'est la deuxième saison, après Conçeiçao, où on a un jeu offensif. Ça fait combien de temps ? Même si c'est de la contre-attaque, du jeu de transition rapide, je reprends du plaisir à regarder les matches. Je dis à mes potes : « j'ai vu Nantes-Brest, c'était cool, j'ai vu du foot ! ». Avant, tu ne jouais pour pas perdre. C'était fatigant et long.

Au niveau du jeu, ce sera meilleur que la saison dernière avec la valse des entraîneurs. J'espère que Kombouaré restera, même si j'avais des gros doutes au départ. Il fait du bon travail. Au niveau du classement, ce sera comme d'habitude. On va espérer jouer quelque chose jusqu'aux mois de décembre, janvier. Et on se rendra compta qu'on ne va rien jouer. Je pense qu'on a le niveau pour terminer à la 12e place. Mais on ne jouera pas l'Europe. Pour le maintien, je suis confiant, avec la stabilité de l'entraîneur déjà, la solidité défensive retrouvée.