De montagne, Christian Gourcuff ne veut pas en entendre parler. Les résultats, le classement, la légitimé par les chiffres... très peu pour lui. Encore en retraite il y a quelques semaines à apprécier la compagnie de ses canidés, il ne recherche pas le mordant à travers les redondants « trois points ». Encore moins au travers des titres. Au cours de son deuxième cycle lorientais, une référence en matière de jeu, il a gagné 81 matchs de championnat pour 78 défaites, sans côtoyer le top 6, (ça ne vous rappelle pas le parcours récent d'un voisin ?) ni de finale dans aucune des deux coupes nationales - seulement deux demi-finales en Coupe de la Ligue -. Vous l'aurez compris, le papa de Yoann n'offre pas la garantie de couver le nid du canari, déplumé de toute ambition européenne depuis quinze ans. Maintenant, la question est de savoir si le sexagénaire dispose d'une armada de meilleure facture que celles qu'il a eues sous le coude jusqu'à présent en Ligue 1.

Aucun observateur attitré n'osera la comparaison 2 CV / Ferrari pour différencier les effectifs lorientais et celui du FC Nantes version 2019/2020. La carrosserie ne présente pas tant de disparité. Ni épave ni bolide blindé à double vitrage, l'artillerie construite par la direction se situe sans trop de doute dans la médiane des armées de la Ligue 1 Conforama. Reste à déterminer si le général Christian peut emmener ses hommes sur de féroces batailles dont les enjeux seraient plus nobles que précédemment.

Le FCN absent des premiers wagons

Avec le calendrier de septembre, qui inclut la réception de Rennes, voisin devenu aussi invincible que les Gaulois dotés de la potion magique dans Astérix, Nantes verra ce qu'il peut viser, ce qu'il peut gravir avec son guide spirituel. Un guide qui n'a de cesse de répéter à quel point il a été bercé par l'école nantaise. Et bien évidemment celle de Coco Suaudeau. Maintenant, avec un Coulibaly seul à la pointe de l'attaque, les départs combinés de Tatarusanu, Diego Carlos, Lucas Lima ou encore Valentin Rongier et Majeed Waris, dont l'option d'achat n'a pas été levée, Nantes souffre de la comparaison avec beaucoup de clubs à l'heure des bilans mercato. Rennes, Saint-Etienne, Lille et Nice semblent avoir franchi un cap et ce sont probablement quatre places automatiquement confisquées pour le top 10, objectif bien souvent fixé par les Kita à l'entame du championnat. Si on y ajoute Paris, Lyon, Marseille et Monaco, il ne reste plus que deux morceaux à croquer.

Nantes, qui s'est plus distinguée par son caractère que par une réelle identité de jeu sur ces six saisons écoulées depuis la remontée, devra montrer un appétit de loup pour se faire une place au soleil. Et même mieux, au zénith. Mais pour l'atteindre, ce zénith, il faudra bien la gravir cette montagne. Une mission à laquelle Christian Gourcuff n'a jamais souhaité se frotter, mais l'impatience des supporters fond comme neige au soleil.