Une ossature qui se met en place.

Christian Gourcuff est un cas rare ! En effet, il est parmi le peu d’entraîneurs du FCN depuis 20 ans à pouvoir débuter une seconde saison d’affilée. Les joueurs n’ont d’ailleurs pas manqué de se féliciter de sa présence et de cette continuité dans le processus de préparation à la saison. Le premier 11 de l’année semblait donc confirmer des choix engagés l’an passé. Mais, comme l’an passé, il fallait tenir compte des indisponibilités. Ainsi, le technicien breton n’avait d’autre choix que de maintenir Coulibaly en pointe, vu qu’Emont et Limbombe étaient out. Louza et Chirivella complétaient une belle charnière au milieu avec les habitués de la maison sur les ailes : Bamba et Simon. Derrière également, c’est la continuité, avec Capitaine Pallois et Girotto au centre, et sur les côtés, Fabio et Traoré. Seule surprise, la position de Moutoussamy qui prenait la mène, lui qui a plus l’habitude de sortir du banc.

Et il est vrai que les canaris ne semblaient pas manquer de précision et d’organisation en ce début de partie, qui n’avait cependant rien de trop croustillant à offrir pour le moment. Mais les premières percées de Simon et Bamba commencent à offrir des espaces, tandis que Girotto rassure le groupe sur un contre mené par Wang, en taclant efficacement dans les six-mètres de Lafont.

Un rouge qui change la donne ?

Alors que Bordeaux tente quelques attaques, Capitaine Pallois vient à la rencontre du jeune Mehdi Zerkane qui joue son premier match en pro. Le duel est frontal et Zerkane vient chercher le contact un peu trop haut sur la chaussette de Pallois. Les deux joueurs s’effondrent, mais l’arbitre décide de jetter un coup d’œil à la VAR…et soudain l’arbitre sort un rouge pour Mehdi Zerkane ! Bien qu’ancien bordelais, voilà Pallois qui suscite les sifflets  de la MatMut Arena.

Mais malgré cette entrée en matière et ce contexte favorable, il faut attendre la 27e minute et le tir de Moses Simon pour voir un peu d’action, mais bien capté par Costil. Simon encore, qui déborde une nouvelle fois à la 29e, mais pour voir seulement Bamba échouer à se positionner correctement, et faisant faute sur Poundje. Nantes domine, mais ne semble pas particulièrement tirer un avantage de la situation, et surtout, gare aux contres ! Notamment sur cette frappe de Basic que Lafont détourne de manière plutôt non-conventionnelle, où même ce lob lointain, très lointain, d’Octavio, puis de Wang. On voit quelques beaux mouvements initiés par Moutoussamy, relayés par Simon ou Coulibaly, mais les frappes sont cruellement imprécises. Mi-temps, 0-0,  et on se demande quand même ou se trouve l’agressivité.

Le FC Nantes va-t-il réagir ?  

On ne sent pas de gros changement dans les comportements au retour des vestiaires, et cela, des deux côtés, la possession étant pile à 50/50. Seul Chirivella se lance dans une belle tentative de frappe, qui ne passe pas si loin de la cage de Costil. Après l’heure de jeu, on stagne, au point de faire entrer côté girondin, le vétéran Jimmy Briand et ses 99 buts en ligue 1.  Côté nantais, c’est N’Dilu qui remplace Coulibaly, en manque de solution. Comme d’habitude, c’est surtout à gauche que ça devient le plus intéressant pour Nantes, alors que Simon place une belle percée dans la surface, mais vois sa passe à Moutoussamy, bien placé, interceptée par Koscielny.

C’est à la 70e minute qu’un énième mouvement à une touche des nantais, toujours aussi appréciable à regarder, entre Simon et Moutoussamy, offre un beau coup-franc plein axe aux canaris, immédiatement expédié dans le mur. On se tourne les pouces, alors que Kwateng et Kalu entrent côté bordelais, pendant que Koscielny a le nez en sang suite à un contact. On siffle des fautes de bisounours qui permettent aux victimes de rester bien longtemps au sol.

Coco entre, enfin !

Gourcuff se décide, c’est à Appiah mais surtout à Marcus Coco de jouer maintenant, enfin ! Après toutes les galères qu’il a dû traverser. Mais ça ne change hélas pas grand-chose, hormis les belles attaques de Simon, qui ne trouvent toujours personne. Blas entre à la 88e, mais rien ne change, personne n'a l'air trop motivé pour finir le travail, des deux côtés. 

Dans l’ensemble, on veut rester positif, parce que Nantes a montré les bonnes bases de ce qui fait un bon groupe : communication, discipline, précision dans le jeu collectif. On se demande simplement pourquoi ces bases n’ont pas suffi pour inciter les nantais à passer la 2e et attaquer le but avec plus d’entrain. En somme, on a solidement sécurisé un point contre une équipe chez qui on en aurait pu en prendre trois assez rapidement.

On a bien aimé :

Belle maîtrise du ballon et des passes en première mi-temps. On ne peut vraiment pas dire que les joueurs ne sont pas en cohésion. Une bonne base.

La charnière défensive : Pallois et Girotto, c’est une affaire qui marche ! Les deux hommes ont très bien communiqué et gérer les différentes sorties bordelaise, non sans sérénité.

Plus généralement, chapeau à la défense dans l’ensemble, Traoré et Fabio ont été intraitables.

On aimerait bien :

Alban Lafont : intervenir c’est bien, capter les ballons, c’est mieux !

Quelle place pour Moutoussamy à ce poste ? Sans être mauvais non plus, le positionnement de Moutoussamy en 10 n’a pas semblé apporter de grosse différence. Si Christian Gourcuff n’a pas eu peur d’essayer, et s’il souhaite continuer, le rôle de Moutoussamy en meneur de jeu doit être encore travaillé.

Enfin et surtout : à quand un FC Nantes qui saisit sa chance ? C’est probablement le scénario noir depuis vraiment beaucoup trop de saisons : mais face à des bordelais en infériorité, face à un club girondins dans le doute, Nantes n’a, comme depuis longtemps, pas du tout essayé de profiter de ce contexte favorable. Il va falloir apprendre le réalisme !

Pour l’anecdote :

La dernière fois que la ligue 1 reprenait sur un Bordeaux-Nantes, c’était…en août 2001, alors que Nantes, champion en titre, lançait sa saison avec ses nouvelles recrues. Raynald Denoueix avait aligné Olivier Quint et Pierre-Yves André aux côtés de Moldova, Da Rocha et autres Landreau.

Nantes et les nouveaux médias, une histoire qui se répète. Pour la première de la chaîne Téléfoot, le club n’a pas manqué de rappeler, à juste titre, que le FC Nantes était aussi à l’affiche en 1985 pour le premier match jamais diffusé sur canal plus. Un souvenir que Michel Denisot et Vahid Halilodzic n’ont jamais manqué de se rappeler.