Le pire football nantais en 75 ans

Maintenant partez, meme si nous rendons à César ce qui est à César : Antoine Kombouaré a été un bon coach et nous lui devons beaucoup. C'est d'autant plus heureux de le dire que AK est un gars du coin, qui a connu le club. Ils sont de plus en plus rares. Mais mettez n'importe quel pilote, Schumacher, Raikonnen, Loeb ou même Han Solo aux commande d'un pedalo sur une piste de karting, vous savez que la route sera longue.

Et sur le terrain, qu'importe les coachs, il y aura eu la constante : un jeu, un football d'une médiocrité sans précédent en ligue 1 pour le FCN. Ni 2005, ni 2007 n'avaient autant donné envie de s'assoupir, d'éteindre la télé, ou de s'arracher les yeux. Vaste faiblesse technique, inefficacité offensive, fébrilité mentale, passoire défensive, manque de physique, absence d'esprit de groupe, et fort soupçon d'une motivation relevant essentiellement de la prime.

Certains joueurs se sont distingués en bien, certains ont eu leur moment. On peut féliciter sincèrement Lafond, Blas, Corchia, Chirivella qui n'ont pas démérité, en toute franchise. On peut saluer Kolo Muani d'avoir au moins essayé. Mais est-ce qu'on doit vous dire combien de fois on s'est pris la tête entre les mains sur les frappes d'Abdoulaye Touré et de Kalifa Coulibaly; sur les positionnements de Renaud Emond; combien de fois on a grincé des dents à chaque contrôle de Pallois, à chaque débordement adverse du côté de Charles Traoré; combien de fois on a soufflé très fort en lisant sur le fil twitter du club que "Limbombe est de retour" sous les tweet d'un CM probablement sous extasy. 

Ce niveau de jeu famélique exposé par ce groupe qui n'a que trop d'impatience de se disloquer pour aller vraiment jouer dans d'autres clubs est le chef d'œuvre d'une bande de désœuvrés, qui ont fait du FCN une plaque tournante, dont la mission prioritaire est de fournir les commissions nécessaires à la survie financière de quelques-uns. Un business-model qui n'a de fin que sa survie. 

Entre ceux qui vivent Nantes et à Nantes et ceux dans leurs bureaux lointains.

De grâce, partez, parce qu'entre les supporters et votre direction, il n'y a plus aucun dialogue, s'il en eut un toutefois. Cette Direction qui fait le choix d'entrer dans un jeu de clowns risibles de venir déterrer le cérémonial cercueil noir estampillé "FC Kita" enterré par la Brigade Loire quelques jours plus tôt, ultime provocation d'une petite bande d'irresponsables qui n'ont pas seulement réussi à se couper des supporters, mais ont aussi créé le vivier d'une division entre les supporters eux-mêmes, qui se révèle de plus en plus.

Mais les supporters du FC Nantes sont reconciliables, comme ils l'ont été autrefois. La tribune Loire n'avait elle pas chanté au reste du stade "public de merde" en 2005 quand celui-ci continuait d'encourager les Viveros, Bratu et autres Bagayoko ? Et pourtant, ce public entier a su recommunier, plus d'une fois. Cette Direction, elle, ne veut pas se reconcilier. Elle veut faire sa gestion, depuis son bureau parisien, donc pas à Nantes, ou suisse, donc pas à Nantes, ou dans une rue Bruxelloise, donc. pas. à. Nantes.

Et si maintenant elle aime déterrer des cercueils, autant vous dire qu'on attend toujours le projet sportif derrière. D'ici à ce qu'il arrive, une génération de nantais aura pu partir supporter le Stade Rennais. 

Un club au bord du coma

De grâce, partez, parce que ce Président de club se réjouit et sourit devant la caméra, assurant que seul lui a un projet. Waldemar Kita, à chaque interview, dépasse les limites du concevable dans ses déclarations. Moquer Louis Fonteneau, qui fut probablement le meilleur Président de l'histoire du club -qui lui au moins, a pu avoir son stade. Provoquer Mickaël Landreau en assurant qu'il avait semé la zizanie au sein du club, oubliant que le fameux acte de rébellion auquel il fait référence avait été salué par beaucoup à l'époque, oubliant que le portier nantais a soulevé son premier trophée avec le FCN à 20 ans, avec le brassard de capitaine, oubliant que Micka' aura été l'icône d'une ville pendant 10 ans. 

Et pendant ce temps, le club, son identité, son visage, son héritage, sont tombés dans un coma profond, au bord de la mort à l'âge honorable de 78 ans. Ce vieux club plonge, pendant que Docteur Kita explique que lui seul a le projet le plus crédible pour le réveiller, bien que tout le monde sait qu'il s'est probablement formé sur doctissimo. 

A un but près, le FCN a frôlé la mort. A ce stade, on ne sait pas avec qui on repartira l'an prochain, avec quel effectif, quels joueurs, car beaucoup vont partir. Mais une descente en ligue 2 aurait certainement convaincu la plupart des professionnels de ne pas, de ne plus passer par ce club, qui aurait perdu le peu de reconnaissance qui lui reste. 

Pour réussir, Nantes n'a jamais eu besoin qu'on "mette l'argent".

Maintenant, partez, parce que cette phrase est devenu un running gag, répété comme un élément de langage bien réglé par quelques sbires d'un monde médiatique qui ne veut pas faire de vague, dont les connexions avec nos bourreaux sont relativement connues. Nantes n'est pas le Chelsea d'Abramovic, le PSG de Nasser. Nantes n'a jamais été ces clubs et ne le sera jamais. Le foot business ne lui réussit pas. La preuve en est que depuis que le club est passé de format associatif à celui de Société Anonyme, sa gestion n'a fait qu'aller de pire en pire. 

Nantes ne vise pas les sommets en investissant, en achetant dans des joueurs dont on espère qu'ils vont s'embriquer les uns les autres par magie, sinon le FCN de 2007 aurait joué effectivement la fameuse 6e place que Gripon avait alors promise à tous. Nantes a gagné en partant d'en bas, toujours, et même quand le football changeait, Nantes revenait avec une jeunesse, des hommes qui avaient grandit ensemble. C'était son savoir faire, qui a aujourd'hui disparu, entre les terrains d'une jônelière qui devient de moins en moins adapté au professionnalisme. 

Alors on reste les bras croisés, et on cherche une excuse : "oui mais il met son argent". Et bien peut-être qu'il ne faudrait pas le "mettre" cet argent. L'équipe sportive la plus chère du monde est aujourd'hui les Knicks de New York, évaluée à presque 3.5 milliards de dollars. Cette équipe n'a pas gagné de titre depuis 1973. Mettre l'argent ? Pour faire ça ? Alors autant vous le dire M.Kita, inutile de le mettre plus longtemps. 



Alors de grâce, partez. Allez saboter un autre club si vous voulez, regardez d'autres écuries qui sont de plus en plus victimes de vos jeux d'argent, de vos business-model périmés. Allez ressusciter Lausanne Sport, allez embaucher le graphiste du logo du FC Metz, allez investir dans la naïveté qui demeure ici ou la dans le football moderne, partez recruter la moitié des talents gâchés de la Jupiler Pro League et montrez au monde entier que vous vous y connaissez. Allez-y, prouvez-nous qu'on ne vous mérite pas. Si je pouvais payer pour votre départ, sachez que je suis presque prêt à vous acheter le billet. Vous faites face à des gens qui ont grandi avec Arribas, Suaudeau, Denoueix, et à qui ont leur a rendu Dassault, Gripon, Roussillon, Franck Kita et Raymond Domenech.

Après tout ça, qu'avons-nous à perdre à vous perdre ? 

Non franchement, merci pour ce maintien acquis dans la liesse, qui nous laisse sans projet, sans perspective, sans équipe. On préférera partir de rien mais au moins, ce sera avec nos propres mains. Et maintenant, de grâce, laissez les clefs du stade devant l'entrée et partez.