Remonté en Ligue 1 au terme de la saison 2012/2013, le Football Club de Nantes entame sa 13ème saison consécutive dans l’élite du football français. Lors des cinq dernières saisons, exception faite de l’exercice 2021/2022, le club jaune et vert a très dangereusement frôlé la relégation. Plusieurs fois sauvés sur le fil, il l’a rarement été grâce à son allant offensif. Preuve s’il en est, entre 2014 et 2025, le FC Nantes n’a eu une différence de buts positive qu’une seule saison … Abyssal.

Plus d’une décennie de pénurie offensive

Tout n’est pas question de buts dans le football, en marquer est néanmoins la meilleure des façon pour remporter une rencontre. Or, le FCN est loin d’exceller dans ce domaine. Depuis sa remontée, son plus haut total de buts inscrits par les Canaris sur une saison de Ligue 1 est de 551 (lors de la saison 2021/2022). A cette époque, Randal Kolo Muani et Ludovic Blas virevoltaient encore sous la tunique nantaise. A eux deux, ils inscrivaient 22 buts. RKM prouvant alors à W. Kita qu’il était en mesure de marquer 12 buts lors d’une saison. Cependant, cet exercice idyllique qui voyait le FC Nantes remporter sa 4ème Coupe de France, n’a été qu’un très rare moment de bonheur chez les supportrices et supporters nantais.

Lors des saisons 2016/2017 et 2017/2018, le club terminait aux 7ème et 9ème positions du championnat, un classement alors respectable, notamment dans une Ligue 1 encore composée de 20 équipes. En 2016/2017, le FCN inscrivait 40 buts pour 54 encaissés. Sergio Conceicao était pourtant parvenu à transformer de bout en bout son effectif. Les jaune et vert s’étaient notamment distingués par de magnifiques succès à la Beaujoire face à l’Olympique de Marseille (3-2) ou face à l’En Avant Guingamp (4-1). Ce fut l’un des rares entraîneurs à avoir alors privilégié un jeu globalement offensif malgré un effectif limité qualitativement. Thomsen, Pardo, Iloki, Stepinski, Nakoulma et Sala composaient alors les principaux atouts offensifs nantais. Si ce n’est le regretté Sala, aucun de ces joueurs ne s’est établi sur la durée sur les bords de l’Erdre.

La saison 2017/2018 quant à elle fut marquée d’un sceau italien, le FC Nantes s’offrant alors les services du grand Claudio Ranieri. Un entraîneur qui, s’il n’a pas marqué l’histoire de notre club chéri, a laissé son empreinte à l’AS Roma, son club de cœur (où il a d’ailleurs mis un terme à sa carrière), et en Premier League, en réalisant l’exploit de remporter le championnat avec Leicester City FC. En Ligue 1 néanmoins, il se sera démarqué par des victoires sans grandes saveurs, principalement gagnées par le plus petit des écarts, et une certaine solidité défensive, propre aux tactiques prêtées au football italien. Aussi, le club achevait cet exercice 2016/2017 avec 36 buts inscrits pour 41 buts encaissés (par ailleurs un des plus faibles total de buts encaissés depuis la remontée en 2014).

Ces 3 dernières saisons, le FC Nantes n’a jamais dépassé la barre des 40 buts. Si le championnat s’est en effet réduit depuis le passage de 20 à 18 équipes cela n’en reste pas moins une statistique ridiculement basse. Mais alors quelles en sont les raisons ?

Marasme offensif : entre tactique à tendance défensive et joueurs défaillants

Deux causes relativement évidentes pourraient permettre d’expliquer les déboires offensives du FCN. En premier lieu, l’aspect tactique. Comme mentionné plus haut avec l’exemple de la saison 2017-2018, le football nantais « moderne », ou plutôt du XXI siècle car il n’a de moderne que son époque, a été marqué d’un style de jeu défensif. Parmi les multiples entraîneurs qui se sont succédés à la barre du navire canari, très peu ont prônés des idées de jeu résolument offensives. Inscrire des buts quand on possède peu le ballon et qu’on le rend rapidement à l’adversaire n’est certainement pas la recette du succès. Se concentrer sur la solidité de sa défense est nécessaire dans chaque équipe, grand ou petit club, mais cela a pour tort de contraindre (volontairement ?) certains entraîneurs à ne réfléchir que vaguement à la création de jeu offensif.

En second lieu, l’inefficacité offensive d’une équipe peut également trouver ses raisons dans la défaillance de ses garants, autrement dit des joueurs offensifs (milieux et attaquants). Il va sans dire que depuis 2014, le FC Nantes a compté peu de grands talents offensifs dans ses rangs. Outre Emiliano Sala qui aura porté fièrement son numéro 9 et inscrit un joli total de 48 buts en 4 saisons au club, seuls Moses Simon (37 buts, 42 passes décisives), Ludovic Blas (45 buts, 18 passes décisives) et Randal Kolo Muani (23 buts, 16 passes décisives) auront réellement su montrer une certaine régularité. Autrement, nombre auront été les choix ratés ou les déceptions aux postes offensifs du club nantais. Kalifa Coulibaly, Antonio Mance, Marius Stepinski, Kolbeinn Sigthorsson, G-K Nkoudou ou encore Anthony Limbombe sont tous des joueurs dont le nom n’aura que très peu résonné au stade de la Beaujoire. Certains n’avaient pas le niveau de jouer en Ligue 1, d’autres n’ont peut-être simplement pu exprimer leur talent convenablement au sein d’effectifs peu cohérents et de tactiques vidées de tout concept offensif. Quoi qu’il en soit, les maux offensifs du FC Nantes sont partagés, ils ne dépendent pas uniquement d’une mauvaise approche tactique de la part de l’entraîneur ou du manque de talent d’un joueur.

Une direction peu ambitieuse et apeurée par la relégation

Car un élément important que nous avons laissé de côté jusque là est bien celui de la direction et du recrutement. En effet, afin de pratiquer un jeu offensif, il faut avant tout que l’ensemble du club soit sur la même longueur d’onde et porte un tel projet. Or, depuis sa remontée en Ligue 1, le FC Nantes n’a jamais affiché sur et en dehors du terrain l’ambition de vouloir remporter chaque match en inscrivant pléthore de buts. Comment alors pouvoir prétendre à mettre en œuvre un schéma de jeu offensif ? Seuls S. Conceicao et P. Aristouy s’y sont réellement essayés. Parmi les innombrables autres entraîneurs que le club a vu passer depuis 2014, aucun n’avait-il donc la compétence et les idées pour pratiquer un football offensif ? Difficile à croire.

En revanche, il semble davantage probable que, dans le souci d’assurer le maintien pérenne du FCN en Ligue 1, Waldemar et Franck Kita aient cherché à faire en sorte de recruter des entraîneurs prenant peu de risques et d’initiatives. Ce manque d’ambition par peur du risque de relégation montre ses limites depuis plusieurs saisons. Il se caractérise par ailleurs par un recrutement indigne d’une formation de Ligue 1 doté d’un budget comme le FC Nantes. Si on peut se féliciter de savoir que le club semble stable économiquement parlant, il l’est notamment car les sommes d’argent investies dans le recrutement ont toujours été plutôt limitées, si ce n’est quelques folies présidentielles, ou peu inspirées. Ainsi bridée par la direction, l’ambition du club en matière de jeu n’a par conséquent jamais progressé.

C’est en cela que cet été 2025 paraît marqué un tournant pour le FCN. Il donne l’impression qu’une page se tourne et qu’une belle page blanche se présente. Une page sur laquelle ne demande qu’à être écrit un récit composé de personnages attachants, de belles aventures et également d’exploits. Bien évidemment, il serait irrationnel de penser que ce récit ne sera pas ponctué de péripéties car après tout cette page appartient toujours au même livre. Mais espérons !

Espérons que les jeunes pousses nantaises sauront faire étal de tout leur talent ! Espérons que Luis Castro marquera de sa patte tactique les esprits des supporters et supportrices nantais ! Espérons également que l’ambiance à la Beaujoire sera tout aussi belle qu’elle ne l’a été ces dernières années ! Enfin, espérons que du jeu nous soit donné à analyser et que nous puissions nous réjouir de belles actions collectives.

Allez Nantes !